David Courteix, coach des Bleues : "C'est la première fois que je vois des joueuses entrer sur le terrain en pleurant"

Entre le départ de leur entraîneur, David Courteix, un Stade de France encore présent à leur soutien et l'envie de "respecter (leur) travail", les Bleues avaient une mission teintée d'émotions multiples, mardi. Elles sont parvenues à terminer leurs Jeux Olympiques 2024 par deux succès qui positionnent le 7 de France au 5e rang. Une place peu propice aux larmes de joie ni de tristesse. Et pourtant…

Courteix, yeux rougis par l'émotion : "Les valeurs humaines sont premières dans le sport"

Video credit: Eurosport

Les gouttes d'eau ont perlé sur nos visages, mardi, dans l'étouffante chaleur de Saint-Denis. Mais du côté des Bleues du Sevens, il était question de pleurs, autant que de sueur. "C'est la première fois que je vois des joueuses entrer sur le terrain en pleurant", a révélé David Courteix, ému à notre micro, après la victoire du 7 de France contre la Chine (21-7), qui lui permet de terminer 5e des Jeux Olympiques de Paris 2024.
Le sélectionneur a confirmé qu'il quittait son poste. Une page se tourne avec son départ. "Ça fait quinze ans que je suis avec l'équipe de France. C'est une immense chance, un immense bonheur, a-t-il énuméré. On a mieux joué au rugby. Ça a été parfois un peu chaotique, pour ne pas dire heurté, pour ne pas dire difficile. C'est la preuve que les valeurs humaines sont premières dans ce sport, dans le sport, et dans la vie."
Celui qui a contribué à porter les Bleues si près du Graal (vice-championnes olympiques en 2021) assure ne pas avoir joué sur la corde sensible de la séparation, dans son discours ce mardi. "Ça ne faisait pas partie du thème de la journée", a-t-il déclaré. Pour Courteix, l'enjeu était de composer avec la désillusion de la défaite en quart face au Canada (19-14), sans en minimiser l'ampleur : "On avait envie d'accepter la souffrance. On a évoqué la rancune, la douleur, la tristesse, la frustration."
J'espère que l'on n'a pas déçu trop de monde, que vous êtes toujours fiers de nous
"Il y a des choses bien plus graves dans la vie, philosophe-t-il. Mais que serait la vie si on n'accordait de l'importance qu'aux choses qui en ont vraiment ?" Le crédo du jour était donc d'assumer un camouflet XXL. Venues pour le titre, les Françaises ont gagné cinq rencontres sur six, ont conclu le tournoi avec la deuxième meilleure différence de points (+113) et n'ont, donc, pas de médaille autour du cou. "On a juste perdu le mauvais match", déplore Chloé Pelle, qui a inscrit un essai face aux Chinoises.
"Bravo au Canada, qui était très fort (battu 19-12 en finale par la Nouvelle-Zélande, ndlr) et tant pis pour nous, poursuit-elle. J'espère que l'on n'a pas déçu trop de monde, que vous êtes toujours fiers de nous." Elle est gagnée par l'émotion, comme son coach, pour des raisons similaires : "J'avais les larmes aux yeux parce que je prends ma retraite." Et elle a une pensée pour lui : "C'est avec lui qu'on est devenues professionnelles. Il a été notre deuxième papa. Il a beaucoup cru en nous. Il a beaucoup cru en moi. Merci David."
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"J'ai marqué un essai lors de mon dernier match, devant 70 000 personnes"

Video credit: Eurosport

Un jour, il sera temps de relativiser

Le point final est beau… mais tellement éloigné de celui escompté. "Ce n'est pas le dernier match que j'espérais, regrette Pelle (34 ans). J'espérais jouer la finale, à 19h45, face à la Nouvelle-Zélande. La revanche de Tokyo. Mais j'ai réussi à marquer un essai pour mon dernier match, devant 70 000 personnes. Peu de gens ont l'occasion de faire ça dans leur vie. Là, c'est très dur. Mais j'espère que, plus tard, quand je me retournerai sur ce moment, je serai fière."
Camille Grassineau, dont c'était la troisième participation aux Jeux Olympiques, pense à celles qui "ont connu les débuts difficiles. Quand il n'y avait pas de contrat, qu'on s'entraînait à l'arrache, qu'on prenait nos branlées", en voyant l'enceinte dionysienne vibrer pour du Sevens féminin. "Il y a cinq ans, si on nous avait dit qu'on allait jouer devant 70 000 personnes, on n'y aurait pas cru", appuie-t-elle, notant que devant tous ces gens, le groupe n'a pas sombré : "Ne rien lâcher, c'est dans notre ADN, c'est respecter notre travail."
Cela a été très, très dur, aussi dur que la chute
"Je ne saurais dire à quel point (ça a été compliqué de s'y remettre, mentalement). Cela a été très, très dur, aussi dur que la chute", nous avait confié Anne-Cécile Ciofani, après la victoire contre l'Irlande (19-7) dans l'après-midi. Avançant que "rebondir est l'une des caractéristiques des grandes équipes", la meilleure joueuse du monde 2021 avait promis : "On essaie de répondre présent pour honorer le maillot et le public français venu nous soutenir. On ne lâchera pas. On donnera tout, jusqu'au bout."
Avec cette ferveur, certes légèrement atténuée par rapport au reste du tournoi, Ciofani et les Bleues ont trouvé un moteur de plus. Elles ont réussi à ne pas déjouer, au lendemain d'une déception incommensurable et légitime, à l'aune du standing du 7 de France, 3e de la saison régulière sur le circuit mondial. "Ce soutien fait chaud au cœur. Honnêtement, on ne s'attendait pas à ce qu'il y ait autant de monde. Encore moins au vu de notre prestation (en quart) et de notre classement à venir."
Ça en faisait des bonnes raisons de finir sur une bonne note. "Rien que pour eux. Rien que pour nous. On se doit de gagner le dernier match", avait insisté l'une des cadres françaises, avant l'ultime joute des recalées du dernier carré. C'est chose faite, dans des larmes n'illustrant ni la joie ni la tristesse mais un mélange d'amertume et de fierté aussi paradoxal que les gouttes de pluie qui ont point, un instant, dans la moiteur du Stade de France.
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Ciofani et les Bleues, soutenues malgré le camouflet : "Ça fait vraiment chaud au cœur"

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