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Tounoi des Six Nations - Italie - France | Diego Dominguez : "Capuozzo me fait beaucoup penser à Dominici"

Anthony Tallieu

Mis à jour 04/02/2023 à 11:14 GMT+1

TOURNOI DES 6 NATIONS - Le XV de France démarre son Tournoi dimanche en Italie (16h). Vainqueur des Bleus en 1997, Diego Dominguez, communément désigné comme le plus grand joueur de l’histoire de la Squadra Azzura (73 sélections de 1991 à 2003), décrypte pour Eurosport cette équipe italienne revigorée par une année 2022 prolifique et qu’il voit bien capable de créer l’exploit face aux Bleus.

Diego Dominguez, buteur légendaire de l'Italie

Crédit: Getty Images

Vous avez battu la France en 1997 (40-32), avant que l’Italie n’intègre le 6 Nations. En quoi cette rencontre a-t-elle changé votre vie ?
Diego Dominguez : C’est déjà le match qui a changé le destin du rugby italien. Cela a été le déclencheur final pour permettre à l’Italie d’intégrer le Tournoi. Et plus personnellement, ce match a changé ma carrière, car il y avait Max Guazzini (le président du Stade français à l’époque, NDLR) dans la tribune et j’ai signé au Stade français juste après ça.
Vous avez arrêté votre carrière internationale lors du Tournoi des 6 Nations 2003, contre l’Irlande. Est-ce un regret de ne pas avoir terminé contre la France ?
D.D. : Cela aurait été bien, c’est sûr, mais cette année-là, j’ai dû faire un choix. J’avais 37 ans et je ne pouvais pas jouer à la fois en club et en sélection à très bon niveau car mon corps n’aurait pas tenu. Je ne pouvais plus continuer à voyager à droite et à gauche avec l’Italie en plus du Stade français. J’ai donc pris la décision de me consacrer à mon club.
La fédération italienne ne vous a-t-elle jamais demandé de venir aider la sélection, a fortiori durant les mauvaises années ?
D.D. : Non, jamais ! Et je n’ai pas insisté non plus. J’ai donné 20 ans de ma vie au haut niveau et je voulais aussi faire autre chose. J’ai fondé une académie de rugby. J’ai aussi eu une expérience d’entraîneur à Toulon (en 2016). Aujourd’hui, je conseille le club de Cus Milano pour qu’il joue les premiers rôles en première division italienne car Milan doit avoir un bon club de rugby. Maintenant, j’ai aussi beaucoup d’activités et il faut laisser tout de côté quand on entraîne. C’est un choix de vie et je ne l’ai pas recherché après mon départ du RCT.
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Diego Dominguez en 2016, quand il entraînait Toulon

Crédit: Getty Images

"Je pense qu’on aurait pu mieux s’organiser pour être plus compétitif avant"
Comment expliquez-vous que la progression constante de l’Italie, entre votre départ et le début des années 2010, ait fait place à un énorme creux entre 2015 et 2021 ?
D.D. : Il manquait les joueurs, tout simplement ! Pour qu’il y ait une progression, il faut qu’il y ait un mouvement constant avec des joueurs pour alimenter la sélection. Le haut niveau, c’est un hachoir à viande, il faut de la matière pour qu’une équipe tourne, même quand il y a des blessés. Les deux franchises (le Benetton et les Zebre) n’étaient pas aussi bien organisées que maintenant. Je pense aussi qu’on aurait pu mieux s’organiser pour être plus compétitif avant et s’éviter cette période horrible.
Et ?
D.D. : Les choses ont changé. Le Benetton a de bons résultats, comme on l’a vu récemment en Challenge Cup contre le Stade français (35-32). C’est beaucoup mieux même si les clubs du championnat italien doivent encore plus se structurer pour former plus de bons joueurs. On voit aussi que les moins de 20 ans tournent bien depuis trois ans et cela commence à porter ses fruits.
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Michele Lamaro, capitaine de l'Italie et joueur du Benetton

Crédit: Getty Images

"La victoire au pays de Galles a fait un bien fou"
L’an dernier, l’Italie a mis fin à une série de 36 défaites d’affilée dans le Tournoi en battant le pays de Galles à Cardiff (21-22). Quel a été l’impact de cette victoire sur le rugby italien ?
D.D. : Cela a fait un bien fou ! L’Italie avait fait un bon Tournoi, mis à part contre l’Irlande (57-6) et cette victoire a été magnifique. Elle a donné un élan, de la confiance et une cohésion à l’équipe. Son jeu est devenu beaucoup plus fluide, avec des trois-quarts bien plus tranchants. Cela a amené les victoires contre les Samoa et l’Australie.
Pensez-vous que le débat sur l’intégration de la Géorgie au 6 Nations à la place de l’Italie a aussi servi de levier pour remobiliser les joueurs ?
D.D. : Mais non (il soupire) ! Ce n’était pas sérieux de parler de cela. La Géorgie est loin, on ne peut pas comparer avec l’Italie. Il peut toujours y avoir des débats mais l’Italie a amené beaucoup au Tournoi. Le 6 Nations, ce n’est pas que le sportif ! Il y a aussi l’aspect culturel, avec un peuple qui se déplace dans un autre pays pour suivre son équipe. On va voir 15 000 Français venir à Rome ce weekend. Quand l’Italie joue en Irlande ou en Angleterre, des milliers d’Italiens se déplacent aussi… Le 6 Nations, c’est les matches et tout ce qu’il y a autour. L’Italie amène ça, elle devient compétitive et j’espère qu’elle aura un jour l’occasion de gagner le Tournoi. Ça va arriver ! Combien de temps la France à mis de temps avant de le remporter ?
"Pour moi, la première ligne italienne est dans le top 4 mondial"
Comment expliquez-vous que la même équipe qui a perdu 57-6 en Irlande ait pu, la même année, battre le pays de Galles et l’Australie (28-27) ?
D.D. : La confiance retrouvée et des bons joueurs aussi. Pour moi, la première ligne italienne est dans le top 4 mondial. Il y a trois droitiers et trois gauchers d’excellent niveau. On a aussi deux très bons ouvreurs, Paolo Garbisi et Tommaso Allan, Ange Capuozzo à l’arrière, ainsi qu’une troisième ligne de très bon niveau, renforcée par le retour de Jake Polledri. Nous avons plusieurs joueurs titulaires en Top 14 et en Premiership, qui sont deux des championnats les plus forts au monde.
Vous avez évoqué Ange Capuozzo. Était-il l’étincelle qui manquait à l’Italie pour faire basculer ses matches du bon côté ?
D.D. : Bien sûr ! En plus de sa vitesse, il a un sens de l’anticipation et une intelligence de jeu qui font la différence. Contre le pays de Galles, c’est Edoardo Padovani qui conclut mais c’est avant tout une action exceptionnelle de Capuozzo. Il a traversé tout le terrain, c’était magnifique à voir. C’est une action à montrer dans toutes les écoles de rugby. Avant, on voyait souvent des joueurs de petit gabarit capables de faire des différences sur des un contre un avec des crochets. Beaucoup moins depuis quelques années mais lui a fait revenir ce profil à la mode, ce qui est une bonne chose. Il me fait beaucoup penser à Christophe Dominici. Je retrouve beaucoup de Christophe chez lui.
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Ange Capuozzo lors de la victoire historique de l'Italie contre l'Australie

Crédit: Getty Images

Dimanche face à la France, l’Italie devra faire sans son habituel ouvreur Paolo Garbisi. Quel impact cela aura-t-il sur le jeu italien ?
D.D. : C’est un joueur important, c’est une certitude. Je le connais très bien pour l’avoir eu quelque temps dans mon académie. Je regrette aussi qu’il soit utilisé en tant que centre à Montpellier, parce que son vrai poste est ouvreur. Va-t-il manquer contre la France ? Oui mais l’Italie a aussi battu l’Australie sans lui.
Son remplaçant Tommaso Allan est connu pour être particulièrement maladroit dans les tirs au but. N’est-ce pas là le point noir annoncé pour l’Italie ?
D.D. : Lui et Garbisi ont progressé dans cet exercice. C’est un peu mieux qu’avant. Maintenant, je pense qu’il manque à l’Italie un jeu au pied de pression et d’occupation efficace, que ce soit chez le dix ou le neuf. On n’est pas encore très compétitif dans ce secteur mais on met la pression pour que ça s’améliore.

"Je vois bien l’Italie gagner deux matches dans ce Tournoi : le premier contre la France et celui à la maison contre le pays de Galles"

L’expérience de Sergio Parisse (39 ans), qui s’accroche au rêve d’une dernière sélection, n’aurait-elle pas été un plus pour l’Italie pour aborder ce premier match du Tournoi ?
D.D. : C’est un choix qui incombe au sélectionneur. En ce moment, l’Italie est bien boostée en troisième ligne. Ce que je vois, c’est qu’il montre de belles choses avec Toulon mais n’a pas de continuité dans l’enchaînement des matches. Il en joue deux, il sort de l’équipe, il revient…Je pense que s’il arrive à avoir de la continuité dans les prochaines semaines, il peut accrocher une place dans le groupe pour la Coupe du monde. Il n’y aura pas de cadeau, aucune équipe au monde de haut niveau ne fait ça. S’il est bien physiquement, qu’il enchaîne et qu’il peut apporter un plus à l’équipe sur un ou deux matches, alors il faut le prendre car c’est un énorme joueur avec une grande expérience. Sinon…
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Sergio Parisse avec l'Italie en 2019

Crédit: Getty Images

Pensez-vous que l’Italie peut battre la France dimanche ?
D.D. : Pourquoi pas ? La France a déjà perdu contre l’Italie dans le Tournoi ! C’est un match spécial, qui sera difficile. Les Bleus sont favoris, c’est sûr. Maintenant, sur un premier match, il faut laisser tout sur le terrain et tout tenter. Je pense que ça va se jouer devant. La France est une équipe magnifique, avec aucun point faible mais on est aussi très compétitif devant. Je vois bien l’Italie gagner deux matches dans ce Tournoi : le premier contre la France et celui à la maison contre le pays de Galles. On peut aussi gagner en Écosse mais je signe tout de suite pour ces deux victoires-là !
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