XV de France - "On ne pouvait les laisser sur le bord de la route" : Galthié, les raisons d’un renouvellement tardif

L'heure du bilan a sonné. Quelques jours après la fin d'un Tournoi des Six Nations tumultueux pour le XV de France, Fabien Galthié a fait le point à Marcoussis ce mercredi. Si l'impression générale reste mitigée alors que les Bleus ont été balayés par l'Irlande (38-17) avant de signer un nul piteux contre l'Italie (13-13) puis de se reprendre pour finir sur une bonne note contre l'Angleterre (33-31), le sélectionneur tricolore l'avoue désormais : il n'a pas forcément pris conscience d'emblée de l'impact du traumatisme de la douloureuse défaite d'un point en quart de finale de Coupe du Monde contre les Springboks (29-28). Ou il n’a pas voulu le voir.

Le patron de Bleus semble avoir vraiment réalisé l’impact de ce choc post-traumatique et l’état de ses troupes lors d'une réunion avec ses leaders après le nul contre Italie. "Pendant cette réunion, Thomas Ramos m'a reparlé de la préparation du match face à l'Irlande. Il m'a avoué que les images de l'élimination en quarts de finale face à l'Afrique du Sud qu'on leur avait montrées à ce moment-là lui avaient fait mal. Il a employé le mot douleur. Thomas est un des joueurs les plus solides de l'équipe. Ce n'est pas le genre de mec qui tremble. C'est quand il a dit ça que j'ai pris conscience que les joueurs n'avaient pas dépassé cet échec", a avoué Galthié dans L'Equipe.

S'en suivra une composition d'équipe rafraîchissante pour le XV de France face au pays de Galles. Et une fin de tournoi plus satisfaisante. De quoi penser que le sélectionneur a trop tardé à injecter du sang neuf, comme il l'avait déjà évoqué durant le Tournoi ? C’est fort possible. Galthié l'avoue d’ailleurs désormais, il avait vu quelques signaux annonciateurs qui auraient dû l'alerter. Mais il n'avait pas eu le cœur de tout remettre à plat et a préféré protéger ses joueurs.

"Comment expliquer à ces joueurs, qui avaient fait un grand match en quart de finale, peut-être le plus grand match du dernier mandat, qu’ils ne remettraient plus le maillot du XV de France ? Même si on pouvait sentir des signaux faibles, on ne pouvait les laisser sur le bord de la route (...) A mon époque, quand je perdais, je me disais que c’était la dernière fois que je mettais ce maillot bleu. Je me disais que c’était fini pour moi. Or, je ne voulais pas que ce sentiment s’installe dans leurs têtes", a-t-il encore expliqué dans des propos repris par Midi Olympique.

Une obstination qui peut surprendre quand on écoute Fabien Galthié. Car le sélectionneur tricolore explique pourtant avoir retrouvé des joueurs rincés physiquement par l'enchaînement des matches et mentalement par cet échec en quart du Mondial. "Lors des deux premiers jours du rassemblement, les joueurs ont subi tout un tas d'examens. Nous avons constaté qu'ils avaient perdu de la masse maigre et pris de la masse grasse par rapport à la Coupe du monde. (…) Physiquement, physiologiquement et mentalement, ils n'étaient pas dans un état optimal pour matcher au plus haut niveau, lance-t-il dans L'Equipe. Nous avions conscience que certains joueurs n'avaient pas purgé la défaite, digéré la douleur, qu'ils n'étaient pas régénérés physiquement, pas préparés".

S'il n'a pas pu se passer de ses cadres lors des premières sorties malgré ces alertes, Fabien Galthié a aussi pensé un peu trop tôt que les vieux démons avaient été chassés lors de la courte victoire en Ecosse (16-20). "On a une semaine de récupération (ndlr : après l'Ecosse). On revient à Marcoussis pour préparer l’Italie et tout le monde pense à ce moment-là qu’on a fait le plus dur, et moi le premier", avoue-t-il encore. Mais derrière, le camouflet face à l'Italie a ramené définitivement le staff des Bleus sur terre. Au point de changer enfin son fusil d'épaule avec un renouvellement bienvenu. Mieux vaut tard que jamais diront certains.