Avant Italie-France dans le Tournoi des Six Nations : Un banc en "7-1", risque calculé ?

Recaler Damian Penaud est une décision de nature à éclipser tout autre choix, ou presque. Mais derrière cette illustration d'une émulation qu'il aime nouvellement à cultiver, Fabien Galthié a tenté un pari aussi intéressant à souligner. Dimanche au Stadio Olimpico, aucun trois-quarts français ne prendra place sur le banc. Maxime Lucu, en sa qualité de demi de mêlée remplaçant, sera accompagné de sept avants.

Avec cette configuration en "7-1", les Bleus singent le "bomb squad" sud-africain. Déjà, face aux Gallois en ouverture du Tournoi (43-0), le staff tricolore avait opté pour l'entrée de six joueurs (dont cinq avants) peu avant la 50e minute. Cette fois, la perspective d'un pack renouvelé à une seule exception près existe… à condition que tout se déroule comme prévu. Parce que le moindre pépin derrière suscitera une réorganisation. "Un risque" assumé par Galthié.

En conférence de presse vendredi, le sélectionneur a évoqué quelques options qui pourraient s'offrir à lui en cours de match : "Léo [Barré, aligné à l'arrière, ndlr] peut jouer n°12, bouger dans la ligne de trois-quarts. On a aussi deux troisièmes lignes qui ont un passé de centre et peuvent rendre service. On a travaillé sur d'éventuels cas de blessure."

Le secret de ce coup tactique rapidement éventé à Marcoussis, Paul Boudehent avait été questionné à ce sujet plus tôt dans la semaine. "C'est surtout Oscar Jegou qui s'est entraîné à jouer centre, au cas où. S'il arrivait un autre problème, je pourrais effectivement m'y coller", avait répondu le flanker rochelais, dans des propos rapportés par L'Equipe.

Le capitaine Antoine Dupont présente également un joli CV - que son coach a noté -, en termes de polyvalence. Mais à Twickenham, la France menait à l'entame du dernier quart d'heure (12-18), quand il est passé de la mêlée à l'ouverture, Nolann Le Garrec remplaçant Matthieu Jalibert. Et la France a perdu (26-25). De quoi s'interroger sur la pertinence de se priver de son joueur phare à son poste de prédilection, à défaut d'en tirer une conclusion irréfutable.

Pourquoi alors s'exposer à l'écueil, potentiel, du bricolage du n°10 au n°15 ? Pour contrecarrer une force du camp opposé, peut-être. "Depuis l'arrivée de Gonzalo [Quesada] et de son staff (début 2024, ndlr), l'Italie est très combative, en attaque comme en défense. Elle engage énormément de joueurs autour du ballon. Les Italiens posent ainsi de gros problèmes à tous leurs adversaires. Il me semble que c'est leur marque de fabrique", avance Fabien Galthié, qui devrait avoir de la fraîcheur à opposer aux avants transalpins.

Nonobstant cette salve de compliments, innover en Italie dans la composition d'un banc de touche peut paraître moins risqué que de le faire en Irlande, où les deux XV de départ seront d'un standing similaire. Mais pour que le déplacement du samedi 8 mars à Dublin conserve tout son sel, l'impair est proscrit aux Bleus ce dimanche à Rome (16h). Avant ce match, ils comptent huit points de retard sur le XV du Trèfle, leader du Tournoi des 6 Nations. Qu'en sera-t-il dans quelques heures ? On se risque à calculer...