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Coupe du monde | Jacques Brunel, ancien sélectionneur du XV de France : "Fabien Galthié, c'était le sens de l'histoire"

Vincent Guiraud

Mis à jour 28/09/2023 à 08:56 GMT+2

Ancien sélectionneur des Bleus, Jacques Brunel a ensuite laissé sa place à Fabien Galthié à la tête du XV de France. Une transition de quelques mois avait d'ailleurs été organisée il y a 4 ans lors de la Coupe du monde au Japon. Pour Eurosport, celui qui a vécu trois Mondiaux avec l'équipe de France revient sur les débuts de Fabien Galthié et pose son regard sur cette Coupe du monde 2023.

Le débat des Finisseurs : L'agacement de Galthié à l'entraînement cache-t-il une grande nervosité ?

Les deux visages d'un redressement. Antoine Dupont sur le terrain - quand le sera-t-il à nouveau ? - et Fabien Galthié en tribune. A la tête de la sélection tricolore depuis quatre ans, Galthié est l'une des figures de proue du rugby français. L'ancien stratège du Stade Français est aujourd'hui aux commandes de l'un des plus séduisants XV de France de l'histoire.
Le résultat d'un travail débuté lors de la précédente Coupe du monde au Japon, en 2019. Intégré au staff de Jacques Brunel, Galthié avait pu préparer de la meilleure des manières son arrivée sur le banc des Bleus. Jacques Brunel, éphémère sélectionneur français, de janvier 2018 à novembre 2019, est certainement l'un des mieux placés pour évoquer la réussite de ce XV de France qu'il a en partie lui-même construit. S'il ne cache pas sa fierté de voir l'équipe de France à un tel niveau pour cette Coupe du monde 2023, l'ancien sélectionneur de 69 ans veut, avant tout, rendre hommage au travail de Fabien Galthié et son staff.
Quel regard portez-vous sur cette équipe de France ? Êtes-vous surpris ou impressionné par la sérénité qu'elle dégage ?
Jacques Brunel. : Non je ne suis pas surpris. Il y a dans ce groupe des garçons qui ont une maturité au-dessus de la moyenne, notamment dans l'épine dorsale de l'équipe. En plus de cette maturité, ils ont acquis de l'expérience au cours des 4 ou 5 années passées. Ils vivent ensemble depuis longtemps désormais et ça se ressent sur le terrain avec cette sérénité qu'ils affichent à chaque instant.
J'ai accepté le poste dans les pires conditions
Pour revenir à votre passage à la tête de la sélection, en 2018 vous arrivez dans une période très difficile pour le XV de France. La France est seulement 9e nation au classement mondial, et reste sur six matches sans victoire dont un match nul, à domicile, face au Japon. Quel souvenir gardez-vous de ce début de mandat ?
J. B. : Ce début de mandat a été compliqué pour moi. J'arrive à la tête des Bleus dans un contexte particulier et à 18 mois seulement de la Coupe du monde au Japon. Lorsque je suis nommé, un peu en catastrophe, j'ai à peine un mois pour reconstruire entièrement un staff avant le début du tournoi 2018. C'était difficile, oui.
Quand je repense à cette période là, a posteriori, je me dis que j'aurais mieux fait de rester à Bordeaux plutôt que d'aller en équipe de France. J'ai accepté ce poste dans les pires conditions.
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Jacques Brunel (France)

Crédit: Icon Sport

Ensuite, très vite, on a dû avancer. J'ai mis en place certaines choses, on en a changé d'autres. On a notamment commencé à avoir des relations plus fluides avec les clubs. Aujourd'hui, c'est ce qui fait la force du XV de France. Le climat est complètement apaisé entre les clubs et la fédération, ce qui n'était pas le cas avant.
En avril 2019, Bernard Laporte, président de la Fédération Française de rugby annonce que Fabien Galthié prendra votre suite à l'issue de la Coupe du monde au Japon. Quel est votre sentiment quand vous l'apprenez ?
J. B. : Quand Fabien l'a appris, il a été surpris qu'on lui propose le poste. Mais en même temps, ça paraissait complètement logique, c'était le sens de l'histoire. Moi je n'étais pas voué à rester en équipe de France. Que je laisse la main, c'était évident. C'était ma quatrième Coupe du monde (il en a disputé 2 en tant qu'adjoint de Bernard Laporte et une comme sélectionneur de l'Italie, ndlr), j'étais venu dans une période particulière, pour dépanner après l'éviction de Guy Novès. Je savais que je n'étais pas là sur la durée.
Fabien, le bon homme au bon endroit
J. B. : J'étais surtout satisfait du choix de la Fédération. Je savais que Bernard Laporte avait contacté plusieurs entraîneurs pour ce poste. Mais Fabien, c'était la meilleure solution, le bon homme au bon endroit. De par son expérience et sa connaissance du milieu. En plus, il avait déjà postulé à l'équipe de France en 2015, après la Coupe du monde précédente. C'était quelque chose qu'il voulait.
Le 7 mai 2019, Fabien Galthié rejoint officiellement votre staff, pour s'occuper de l'animation offensive, rejoint très rapidement par Laurent Labit, futur adjoint de Galthié au sein du XV de France. Ce n'était pas trop étrange d'avoir son propre successeur au sein de son staff ? Comment s'est passée cette transition ?
J. B. : Fabien, c'est quelqu'un que je connais très, très bien. Je l'ai entraîné pendant six ans à Colomiers. On s'est ensuite côtoyé longtemps en équipe de France. On a une relation particulière. Donc cette transition s'est très bien passée. Je n'avais aucune ambition pour après cette Coupe du monde donc ça s'est fait naturellement.
Ça a permis à Fabien de nous observer, de voir les petites choses qu'il pourrait améliorer, d'évaluer le groupe, les joueurs qu'il allait avoir à disposition.
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Laurent Labit (au centre) avait également rejoint le staff de Jacques Brunel (à droite) aux côtés de Fabien Galthié (à gauche) pour préparer la Coupe du monde 2019.

Crédit: Getty Images

A l'époque, comment était Fabien Galthié ? Il était déjà hyper pointilleux et obnubilé par le jeu ?
J. B. : Oui, il a toujours eu une approche du jeu très pointue. Il est très exigeant sur certains aspects et novateur sur la manière d'aborder le jeu. Mais ce n'est pas étonnant. C'est un ancien demi de mêlée. Les n°9 sont à la construction du jeu, c'est logique de le retrouver dans ce rôle qui lui va si bien.
Voir cette équipe de France briller autant depuis quelque temps, ça doit être un peu particulier pour vous, qui avez lancé en Bleus la grande majorité des cadres de cette équipe (Mauvaka, Alldritt, Ntamack, Ramos, Marchand, Cros ou encore Jalibert). Qu'est ce que ça vous fait ? C'est une fierté ?
J. B. : C'est une fierté, oui. Il y avait des joueurs qui étaient jeunes, que j'ai lancés à ce moment-là. Des garçons sur lesquels je me suis appuyé. Aujourd'hui, certains font partie des meilleurs joueurs du monde. C'est un parcours qu'eux-mêmes ont fait. Je leur ai juste permis de débuter en Bleus. En plus des joueurs, j'ai aussi mis en place de nombreuses personnes au sein du staff (préparateur physique, staff médical) qui sont encore là aujourd'hui. C'est important.
Cette équipe réunit beaucoup de choses
Vous avez finalement, à votre échelle, participé à la construction de cette équipe de France.
J. B. : J'ai participé à cette équipe de France dans le sens ou j'ai permis à certains de débuter et d'engranger un peu d'expérience. Mais ça s'arrête là. Je ne suis pas à l'origine de quoi que ce soit. C'est le staff actuel et les joueurs présents qu'il faut féliciter.
Pour vous, on a actuellement la plus belle équipe de France de l'histoire ?
J. B. : Aujourd'hui, cette équipe réunit beaucoup de choses. Elle a d'abord un groupe élargi qui permet de pallier les absences et les blessures. C'est un groupe qui a une vie ensemble et ça c'est une vraie force. Ce n'était pas le cas avant. Et puis, cette équipe a surtout, à l'intérieur de son groupe, un certain nombre de joueurs capables de changer le cours d'un match sur une action. Et ça, il n'y a pas beaucoup d'équipes qui l'ont. La France l'a.
De là à dire que c'est la plus belle équipe française de l'histoire, c'est difficile de comparer. Dans les années 80 ou 90, il y avait des joueurs d'exception comme Serge Blanco, Philippe Sella. Aujourd'hui on a peut-être une force collective et une organisation de jeu en plus de ces individualités fortes.
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Fabien Galthié et Jacques Brunel lors de la Coupe du monde 2019 au Japon.

Crédit: Getty Images

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