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Coupe du monde 2023 - XV de France / "Si ça casse..." : Antoine Dupont, possibilité et risques d'un retour

Raphaël Brosse

Mis à jour 27/09/2023 à 18:30 GMT+2

Opéré d’une fracture maxillo-zygomatique le 22 septembre, Antoine Dupont devrait reprendre l’entraînement ce dimanche. Le capitaine des Bleus a en ligne de mire le potentiel quart de finale de son équipe, dans trois semaines. Ce retour à la compétition ne serait-il cependant pas prématuré et, surtout, trop risqué ? Éléments de réponse, avec deux spécialistes de la chirurgie maxillo-faciale.

Antoine Dupont (France) face à la Namibie, jeudi 21 septembre 2023. / Coupe du monde

Crédit: Getty Images

Depuis une semaine, le XV de France retient son souffle. Tout comme ses nombreux supporters qui, jour après jour, guettent avec appréhension les nouveaux épisodes d’un angoissant feuilleton. Ce feuilleton, c’est évidemment celui qui concerne l’état de santé d’Antoine Dupont. Le capitaine et leader technique des Bleus est sorti sur protocole commotion jeudi dernier face à la Namibie (96-0), après un violent choc tête contre tête avec Johan Deysel. De quoi immédiatement assombrir la suite de sa Coupe du monde et, par extension, celle de son équipe.
Heureusement, les nouvelles qui ont suivi ont semblé plus rassurantes. Souffrant d’une fracture maxillo-zygomatique, le génial demi de mêlée a été opéré le 22 septembre, au CHU de Purpan. Le Toulousain a ensuite passé quelques jours de repos en famille, dans son village pyrénéen de Castelnau-Magnoac. Il devrait retrouver ses coéquipiers sous peu et même, s’il obtient le feu vert du staff médical, reprendre l’entraînement dès dimanche. Quant à son retour à la compétition, il pourrait avoir lieu à l’occasion du potentiel quart de finale des Tricolores, le week-end du 14-15 octobre. Mais est-ce sérieusement envisageable ?
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Vincent sur Dupont : "Rien que sa présence dans le groupe sera importante"

Stabilité et consolidation

"Il y a des règles en chirurgie, mais pas de vérité absolue, pose d’emblée le docteur François Morel, chirurgien maxillo-facial à Rouen. Après arbitrage, il s’agit de choisir la meilleure option." En l’occurrence, il a été décidé d’opérer Dupont rapidement et de lui faire subir une ostéosynthèse, deux plaques en titane ayant été posées sur son visage. "Si j’avais eu à gérer ce cas-là, c’est l’option que j’aurais choisie, poursuit le praticien. C’est ce qui permet d’avoir une stabilité efficace dans le délai le plus court."
"On pose des plaques en titane pour fixer l’os dans sa position initiale, puisqu’il s’était fracturé et déplacé. L’idée, c’est de maintenir les pièces osseuses le temps que la consolidation se fasse", explique le docteur Jérôme Bourlet, lui aussi chirurgien maxillo-facial, dont le cabinet se trouve à Lyon. En général, quatre semaines sont nécessaires pour atteindre la stabilité osseuse. La consolidation, elle, est jugée suffisamment avancée au bout de six semaines. À partir de là, il est possible de reprendre une activité quasi-normale.
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Antoine Dupont (France)

Crédit: Getty Images

À lui de savoir s'il veut prendre le risque
Autrement dit, le respect strict du délai de consolidation imposerait à Dupont de faire une croix sur la fin du Mondial. L’imaginer reprendre du service dès un éventuel quart de finale - contre l’Afrique du Sud, si la hiérarchie des groupes A et B reste inchangée -, soit trois semaines seulement après son opération, n’a pourtant rien d’absolument inconcevable. "Il faut bien différencier ce qu’on recommande dans la vie de tous les jours et la situation actuelle, qui est très particulière parce qu’elle concerne un sportif de haut niveau, en pleine compétition internationale", recontextualise le Dr Morel.
"Dans une Coupe du monde de foot, avec une finale prévue dans une semaine, je pense qu’il ne jouerait pas, même avec toute la bonne volonté qui soit. Mais trois ou quatre semaines plus tard, c’est différent", précise le spécialiste, qui juge que le "risque pris est mesuré". "Là, comme ça, je lui dirais de ne pas rejouer", souffle le Dr Bourlet qui, comme son confrère, n’a pas eu le dossier médical d’Antoine Dupont sous les yeux et souhaite donc conserver une prudence de rigueur. Avant d’ajouter : "Maintenant, c’est à lui de savoir s’il veut prendre le risque."

Porter un masque pour effacer les craintes ?

Justement, que faut-il craindre pour l’habituel n°9 français en cas de nouveau choc sur la même zone du visage ? "Le risque est double, souligne Jérôme Bourlet. Déjà, il peut y avoir un redéplacement de la fracture. Ensuite, l’os pourrait casser de manière comminutive (en petits fragments, ndlr) sur les plaques en titane. Ce qui entraînerait d’autres complications." "Si ça tient, tant mieux. Mais si ça casse, il ne va pas passer un bon moment, abonde François Morel. Une surfracture sur du matériel, ce n’est pas quelque chose que l’on apprécie. Et après, il pourra faire tout ce qu’il veut, il ne reviendra pas au bout de trois semaines."
Pour éviter autant que possible ce scénario catastrophe, le joueur de 26 ans pourrait enfiler un masque, sous réserve que celui-ci respecte les règles établies par World Rugby. "Plus il est protégé, plus les chocs sont répartis ailleurs que sur la fracture, mieux ce sera. Mais je préfère ne pas trop m’avancer", admet le Dr Morel. "Un masque fin, à l’image de ceux que portent les footballeurs, peut être une solution, suggère le Dr Bourlet. Ça permettrait de protéger le zygomat d’un nouveau risque de traumatisme et de déplacement secondaire." Pour l’heure, il faut encore attendre, en caressant l’espoir qu’Antoine Dupont revienne bientôt sur les terrains. Mais en étant conscient que ce retour ne serait pas sans risque.
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Antoine Dupont (XV de France) contre la Namibie | Coupe du monde 2023

Crédit: Imago

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