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L'antisèche de France - Uruguay : pas le feu à la maison, pas de marge non plus

Loris Belin

Mis à jour 15/09/2023 à 08:06 GMT+2

Le XV de France a dominé l'Uruguay sans gloire, ni feu d'artifice (27-12), jeudi à Lille. L'équipe remaniée par Fabien Galthié a manqué de nombreuses choses, de constance comme de créativité. Ce succès non bonifié est une déception légitime, bien qu'elle soit à moindre frais. Elle vient surtout rappeler que le succès contre la Nouvelle-Zélande doit vite être mise au placard.

A-t-on sous-estimé l'Uruguay ?

Le jeu : une promenade, quelle promenade ?

Cela devait être un des deux matches plus "tranquilles" pour le XV de France, avant la Namibie dans une semaine. A Lille ce jeudi, rien, absolument rien n'a pourtant été facile pour les Bleus. Bousculés par des Uruguayens courageux et déterminés, ils n'ont été que l'ombre de l'équipe séduisante de la deuxième période du match d'ouverture. Encore une fois, les Tricolores ont encaissé le premier essai, tout en ayant le mérite de vite se reprendre, grâce au premier essai international d'Antoine Hastoy. S'en est suivie une petite bouillie de rugby pendant quarante minutes, avec de nombreuses erreurs, notamment en mêlée. Puis un gros frisson quand les Teros sont revenus à un petit point à la 54e minute.
Un essai heureux et opportuniste signé Peato Mauvaka, et - enfin - un mouvement bien construit et conclu par Louis Bielle-Biarrey (72e) a suffi aux Français pour assurer l'essentiel. Un bien petit essentiel.

Les joueurs : Macalou le plus actif, la première ligne le genou à terre

Dans une prestation sans brio, difficile de voir une tête se lever au-dessus de celles des autres. Ce n'est pas faute d'avoir essayé pour Sekou Macalou. Le Parisien a débordé d'activité, comme souvent, voyant ce qu'il espérait être l'essai du bonus offensif qu'il s'était créé tout seul lui être finalement refusé. Dans le même registre, Peato Mauvaka (voir en-dessous) n'a eu besoin de personne pour marquer son essai, et a redonné un peu de stabilité devant. Car la première ligne Gros - Bourgarit - Aldegheri a terriblement souffert pendant ses 50 minutes passées sur le pré, au point de pousser Fabien Galthié à sortir les trois hommes d'une traite.
Solides, Paul Boudehent et Yoram Moefana (15 plaquages) ont fait le boulot défensivement. Autour du Bordelais Moefana, la base arrière a globalement été trop neutre, Melvyn Jaminet et Louis Bielle-Biarrey voyant leurs prestations réhaussées respectivement par leur réussite au pied et un essai en fin de partie.
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Qui a bousculé la hiérarchie ? "Bielle-Biarrey a levé le doigt timidement"

En face, les Uruguayens ont eu le mérite de regarder droit dans les yeux les Tricolores, à l'image de Manuel Ardao, au four et au moulin avant sa sortie. Nicolas Freitas et Balatazar Amaya ont, eux, fait passer quelques sueurs froides par leurs courses.

L'action : l'essai de la victoire Peato Mauvaka

Le choix semble évident dans un succès aussi court. Il est surtout symptomatique des difficultés des Bleus à produire du jeu à Pierre-Mauroy. Quelques instants après avoir vu l'Uruguay revenir à 13-12, une maladresse au pied de Felipe Etcheverry a permis à Peato Mauvaka qui venait de rentrer de récupérer le ballon avant d'aller dans l'en-but (54e). Sans faire la moindre passe, mais avec un petit coup de pouce et cette immanquable capacité de réaction, la France s'est remise à l'endroit.

Le moment clé : l'essai uruguayen annulé à la 33e minute

L'Uruguay n'a pas seulement été pénible défensivement, elle a été assez rarement mais crânement dangereuse sur certaines percussions. Comme sur un ballon porté à la 33e minute et l'essai de Felipe Etcheverry, passé comme dans du beurre au cœur de la défense adverse. Et pour cause, Tomas Inciarte avait bien involontairement fait écran, empêchant Antoine Hastoy d'intervenir en dernier rideau. Le mouvement aurait pourtant mérité meilleur sort, et concrétisé un vrai temps faible des Bleus, alors à 14 après le carton jaune reçu par Romain Taofifenua.

La stat : 31

Comme le nombre de pénalités concédées par les deux équipes jeudi, la France faisant à peine moins mauvais que l'Uruguay (15 à 16). 15 pénalités, c'est trop, "inadmissible" même a qualifié Cameron Woki, bien que l'Uruguay ait souvent cherché à pourrir le jeu au combat ou en mêlée. Aussi indiscipliné, le XV de France n'est plus exactement lui-même.

La décla : Fabien Galthié

C'est ce que je dis aux joueurs : 'gagnons le match'. On n'est pas là pour faire une démonstration. On n'est pas là pour rendre des copies propres. Notre ambition, c'est de gagner les matches. Donc, le premier objectif a été atteint.

La question : faut-il tirer beaucoup d'enseignements de cette victoire-là ?

Bienvenue en Coupe du monde ! Cet univers où vous pouvez être porté en triomphe pour avoir dominé un poids lourd (même chancelant), puis sifflé après un peu plus de 50 minutes contre la 19e nation mondiale. Ce France - Uruguay ne méritait pas meilleur sort qu'un match sans bonus. Parce que les Bleus ont été terriblement approximatifs, et sans vraie étincelle offensivement. Les rares ont offert les essais de Hastoy, puis de Bielle-Biarrey en fin de match. Deux éclairs pour une somme de frustrations.
Collectivement, ce quinze remanié n'a pas marqué de points. Il a même été dominé dans l'envie, l'agressivité par des Sud-Américains morts de faim pour leur entrée en lice. Privée de grands espaces pour s'exprimer, la France s'est embourbée dans un jeu de gagne-petit qui ne lui ressemble pas. Alors sans contrôle, le dérapage est plus proche. Il n'a pas eu lieu car l'opposant était aussi vaillant que dispendieux. Mais il montre que même une équipe aussi flamboyante que celle du Coq peut patauger contre plus faible, que la marge de sécurité n'est jamais acquise. La réaction sera attendue contre la Namibie.
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