Transfert - Virimi Vakatawa : un retour qui pose question

C’était il y a un peu plus d’un an. Début septembre 2022, le Racing 92 conviait les médias pour assister à une conférence de presse chargée en émotion portant sur l’arrêt de carrière de Virimi Vakatawa. Autour du joueur, son président Jacky Lorenzetti, son entraîneur en chef Laurent Travers et le médecin du club Sylvain Blanchard, tous trois les yeux brillants au moment d’évoquer ce coup du sort.

"Virimi va devoir arrêter pour un motif cardiologique, une pathologie susceptible de le mettre en danger dans le cadre d’une pratique sportive à haute intensité, expliquait alors Sylvain Blanchard. Une anomalie cardiaque avait été détectée avant le Mondial 2019 au Japon. Cette anomalie, qui n'est pas liée au rugby, a été surveillée mais il s'agit d'une pathologie évolutive. Le risque est devenu trop important". Incontournable avec les Ciel et Blanc et considéré comme un joueur premium par Fabien Galthié, le Fidjien aux 32 sélections avec les Bleus voyait ainsi brutalement son monde s’effondrer, tout comme ses ambitions de disputer la Coupe du monde en France.

Un an plus tard, le "risque important" semble donc avoir disparu. Ou du moins être passé au stade d’ "acceptable". Après un premier retour au jeu en août avec les Barbarians britanniques contre les Samoa, sous les yeux de son futur manager Pat Lam, Vakatawa a pu s’engager avec Bristol, qui évolue en première division anglaise, pour une saison. Une nouvelle accueillie en fanfare par le neuvième de l’exercice 2022-2023 de Premiership, qui bombarde depuis les réseaux sociaux de publications sur ce "retour explosif", clip de promotion et interview du joueur à l’appui.

"Je suis tellement heureux de pouvoir poursuivre ma carrière au plus haut niveau, déclare l’intéressé. On a discuté avec Pat Lam après le match des Barbarians et je le remercie de me donner cette opportunité. Je me sens béni d’être là aujourd’hui". L’Équipe affirme par ailleurs que le joueur a reçu l’accord des médecins de la fédération anglaise de rugby, prérequis indispensable pour pouvoir signer en Premiership.

Un feu vert qui pose toutefois question alors que seules trois pistes se dégagent. Soit l’anomalie cardiaque décelée en 2019, et qui avait évolué négativement au point d’amener la commission médicale de la LNR à lui refuser la licence en septembre 2022, a fini par évoluer toute seule dans le bon sens. Soit le "risque important" a été surévalué par les médecins français, le privant peut-être à tort d’un an de carrière et d’une Coupe du monde en France où il aurait pu être une des grandes attractions.

Soit le dit risque, dont la notion est peut-être différente selon que l'on se situe d’un côté ou de l’autre de la Manche, est toujours bel et bien là et serait tout bonnement assumé conjointement par le joueur, Bristol et la RFU. Une dernière option qui paraitrait désastreuse, tandis que le directeur général de World Rugby Alan Gilpin affirmait le matin même de l’officialisation du retour à la compétition de Vakatawa que "la priorité numéro 1 du rugby (était) la protection des joueurs".

Après l’euphorie de l’annonce, le nouveau port d’attache du trois-quarts centre star ne pourra faire l’économie d’éléments rassurants sur son état de santé et sa capacité à évoluer de nouveau au niveau professionnel sans mettre sa vie en danger.