Tournée d'automne | France - Afrique du Sud | Grégory Alldritt, déclassé… mais pas libéré

Incompréhension ? Mélancolie ? Désarroi ? Quel que soit le terme choisi pour décrire le regard de Grégory Alldritt - assis dans une salle de musculation à Marcoussis sur la photo postée par son club cette semaine (voir ci-dessous) -, impossible de lui donner une connotation positive. Le couperet attendu est depuis tombé, ce jeudi : le troisième ligne rochelais ne figure pas parmi les 23 appelés à défier les Springboks samedi au Stade de France (21h10), malgré un banc en 6-2.

Il y a quelques mois, pourtant, c'était à lui que revenait l'honneur de soulever le trophée de lauréat du Tournoi des Six Nations. Alldritt avait effectué ce geste symbolique conjointement avec Antoine Dupont (absent sur blessure), comme pour rappeler qu'il était capitaine seulement par intérim. Mais capitaine tout de même. D'où l'information que son déclassement représente, en cette tournée d'automne que les Bleus s'apprêtent à entamer par le plat principal.

L'érosion du statut de cadre de Grégory Alldritt ne date cependant pas d'hier. Il y a un an, sa prestation face à la Nouvelle-Zélande, vaincue 30-29, n'avait pas été transcendante. Et face à l'Argentine, il avait déjà goûté à un passage hors de la feuille de match. L'illustration d'une concurrence croissante au sein du XV de France, sur laquelle Fabien Galthié a insisté jeudi devant la presse : "On veut créer de l'émulation à tous les postes."

Mickaël Guillard "a un potentiel qu'on veut développer", argumente le sélectionneur, pour expliquer la titularisation face aux doubles champions du monde en titre du polyvalent lyonnais (deuxième barre ou n°8) au centre de sa troisième ligne. Là même où Guillard a brillé en juillet dernier, s'imposant comme l'un des principaux motifs de satisfaction du voyage tricolore au pays du long nuage blanc. Mais "Grégory est dans l'équipe, il est dans le groupe", tient à préciser Galthié.

"Il [Alldritt] a énormément joué avec nous, il a énormément joué avec son club pendant quatre ans, donc il faut aussi trouver des rotations pour développer cette équipe et permettre aux joueurs de se régénérer en fonction de leur état de forme, à la fois physique et psychologique", poursuit l'entraîneur français. Lui et son staff ont retenu l'ancien incontournable parmi les cinq "joueurs supplémentaires", prêts à parer à une blessure de dernière minute.

Ce rôle de réserviste est équivoque, pour un international du pedigree de Grégory Alldritt, surtout en marge d'une affiche attendue. Il témoigne du fait que le maillot frappé du Coq n'est pas si loin de ses épaules, mais il ne lui permet pas de disputer la rencontre reportée de Top 14 entre Toulon et La Rochelle – dont la tenue a un temps été incertaine, selon Ronan O'Gara –, samedi à Mayol (16h30). Charles Ollivon sera quant à lui présent pour le RCT, ce qui semble logique eu égard à son besoin de retrouver du rythme après une longue indisponibilité due à une blessure.

Pour Alldritt, cette nécessité d'enchaîner n'est pas prégnante, physiologiquement. Mais elle l'est peut-être moralement. Dimanche dernier, le joueur de 28 ans avait trouvé un exutoire à "beaucoup de déception" sur la pelouse de Marcel-Deflandre, face au Racing. Sa participation à ce match en tant que joueur "libéré" – selon l'adage – était à la fois la traduction de sa probable absence face à l'Afrique du Sud et l'occasion de ne pas se morfondre à ce sujet.

"J'avais besoin d'un petit peu d'amour et, que ce soit l'équipe où le stade, ils m'en ont donné énormément, s'était-il ému au micro de Canal Plus, après le succès des siens 33-6, avec un essai de sa part. Cela donne énormément de sens à ma présence dans ce club. C'est pourquoi j'y ai disputé 150 matches et pourquoi j'ai envie d'en jouer encore beaucoup plus ici." Et de résumer : "C'est une soirée spéciale." Si Grégory Alldritt vit une nouvelle soirée spéciale samedi au Stade de France, ce sera par procuration.