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Lillehammer - "On a assisté à la naissance d'une grande championne" : Joséphine Pagnier, l'état de grâce

Martin Mosnier

Mis à jour 03/12/2023 à 17:48 GMT+1

Joséphine Pagnier est devenue ce dimanche la troisième athlète française, homme et femme confondus, à remporter une manche de Coupe du monde de saut à ski. Un authentique exploit en forme d’acte de naissance pour cette passionnée, dingue de travail, et qui, à 21 ans, entre désormais dans une nouvelle dimension. Grâce à un week-end en apesanteur.

"Elle vole Josephine !" Revivez les deux sauts magiques de Pagnier pour la victoire à Lillehammer

C'est l'histoire d'une gamine née sur un sautoir, à Chaux-Neuve. Pas n'importe où donc. Et pas n'importe qui, non plus. Joël, le papa, est responsable des tremplins. La grand-mère, elle, pratiquait la discipline quand celle-ci était encore interdite aux femmes. A huit ans, la petite Joséphine fait ses premiers sauts. Et depuis, elle bossait d'arrache-pied pour tenter d'exister au milieu des meilleures. Tout le monde connaissait son très grand potentiel. Mais personne n'aurait imaginé qu'elle déboule tout en haut du podium si vite. A 21 ans, Joséphine Pagnier est devenue ce week-end la troisième Française, homme et femme confondus, à remporter une manche de Coupe du monde de saut à ski, dix ans après la dernière victoire tricolore signée Coline Mattel à Sapporo.
Cette fois, c'est à Lillehammer que la France a planté son drapeau avec un premier saut dément à 140,5 mètres. "J'ai encore du mal à réaliser, c'était beaucoup d'émotions, a confié la star du week-end sur le plateau de Chalet Club. C'était un de mes plus grands rêves de gagner en Coupe du monde, d'avoir le maillot jaune. Je suis contente de l'avoir fait. C'est une surprise totale. J'étais convaincue qu'un jour dans ma vie, je gagnerai, je ne sais pas pourquoi. Mais je ne pensais pas aujourd'hui. J'étais juste en train de profiter du moment, j'ai sauté pour moi. Clairement." "Joséphine, c'est une fille qui fait du saut depuis longtemps. Elle vit pour le saut, c'est une passionnée. L'an dernier, ça s'est mal passé en terme de résultats. Elle se construisait. Mais arriver si vite si haut, personne ne s'y attendait", confirme Etienne Gouy, le patron du saut et du combiné nordique français.
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Et Pagnier s'est envolée : le saut qui lui a permis de remporter le concours de Lillehammer

Le travail, le talent et le flow

Douée, travailleuse acharnée, Pagnier n'avait pas encore trouvé cet état de grâce qui fait d'une grande sauteuse une championne. C'est chose faite. "C'est l'athlète la plus professionnelle que j'ai entrainée mais on fait un sport où il y a de la minutie, beaucoup de travail, nous confie son entraîneur Damien Maitre. Mais ce qui compte, à la fin, c'est de faire du saut. Pour tenir en l'air, il faut de l'instinct, ça ne s'explique pas. Elle a ça au fond d'elle depuis toute petite. Il fallait se reconnecter à ça sur une manche de Coupe du monde."
"Le saut à ski, c'est extrêmement difficile : le physique, la technique, le matériel, témoigne à son tour notre consultante Coline Mattel qui connaît mieux que personne les rouages d'une victoire en Coupe du monde. Il faut empiler toutes ces choses. Mais ça tient à un truc désincarné, un supplément d'âme. Tous les grands champions ont ce flow, cette facilité. Quelque chose entre la confiance, un état mentale spécifique. Un truc qui passe par le plaisir. Evidemment, Joséphine est une gagnante. Mais il faut aussi avoir envie de s'amuser." Ce week-end, Pagnier a touché du doigt cet état second et toutes les planètes se sont alignées. La veille, celle qui ne comptait qu'un seul podium en Coupe du monde avant de venir en Norvège, avait déjà pris la deuxième place sur le petit tremplin.
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Pagnier : "J'ai encore du mal à réaliser, c'est encore beaucoup d'émotions"

Elle n'est pas programmée pour gagner le général
"C'est une récompense folle pour tout le monde. On ne l'attendait pas aussi vite et aussi tonitruante cette victoire, continue Mattel. C'est chouette, ça donne l'impression qu'on a assisté à la naissance d'une grande championne ce week-end. Ça va débloquer quelque chose. Désormais, elle connait l'état de grâce où on laisse faire notre corps et où on a l'impression que c'est automatique. Elle sait qu'elle peut le faire." Désormais leader de la Coupe du monde après ce week-end fou, Pagnier est-elle prête à assumer un nouveau statut ?
"Non, les objectifs ne changent pas, continue son entraîneur. Elle n'est pas programmée pour gagner le général de la Coupe du monde. A terme peut-être parce qu'elle a un énorme potentiel. Le jeu, c'est d'avoir confiance en nous. Se connecter aux choses qui l'anime : la passion de sauter." "Je ne m'en pensais pas capable, conclut Joséphine Pagnier. La saison est déjà réussie alors qu'elle commence juste. Ça me prouve que c'est possible. Je vais y croire encore plus que jamais." Vivement la suite.
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Josephine Pagnier

Crédit: Getty Images

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