Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Huot-Marchand ne patinera plus : "Si je rechute, ça peut être fatal"

Martin Mosnier

Mis à jour 28/06/2023 à 20:54 GMT+2

Vice-championne du monde de short-track, Tifany Huot-Marchand espérait revenir à la compétition et visait les JO de 2026 malgré une grosse chute en octobre dernier qui aurait pu la paralyser. Mais les médecins en ont décidé autrement. A 29 ans, elle doit désormais affronter le vide alors que sa vie tournait autour de son sport, de la performance et de la compétition. Témoignage.

Tifany Huot-Marchand ne fera plus de compétition de short-track

Crédit: Getty Images

Au bout du téléphone, la douce voix de Tifany Huot-Marchand est encore marquée par le terrible coup du sort qui s'est abattu sur elle vendredi dernier. La vice-championne du monde de short-track a appris qu'elle ne pourrait plus jamais exercer son sport, sa passion, sa raison d'être. Le 9 octobre dernier, une chute terrible en compétition la paralyse. Mais elle se fixe les JO d'hiver 2026 comme objectif pour continuer à avancer. Sa moelle épinière, trop fragile, l'empêchera de rechausser les patins. A 29 ans, le rêve s'écroule. Entretien avec une athlète qui a tout perdu.
Vous avez appris vendredi dernier que vous ne pourriez plus faire de compétition de short-track. Comment avez-vous accueilli la nouvelle ?
Je suis tombée dans un gros gouffre, je n'avais jamais envisagé ce cas-là. J'étais persuadée de pouvoir remettre les patins, retrouver le haut niveau et la compétition. Et si ce n'était pas le cas maintenant, je pensais qu'on allait me demander de progresser au niveau de ma réathlétisation. A aucun moment, je me pensais qu'on allait me dire que je ne pourrais plus m'aligner sur une course. C'est ça qui était fou, même quand j'étais paraplégique, complètement paralysée sur la glace, je me suis dit toujours dit que je reprendrai la compétition, que je repatinerai. C'était un peu de la folie mais j'y ai toujours cru. Je m'étais fixé quatre objectifs : remarcher, courir, patiner à nouveau et retrouver le haut niveau. Chaque fois que je cochais une case, je me lançais corps et âme dans le défi suivant. J'ai toujours eu la tête dans le guidon.
picture

Tifany Huot-Marchand aux JO de Pékin 2022

Crédit: Imago

Qu'est-ce qui a motivé la décision des médecins ?
J'ai une lésion de la moelle épinière et si je rechute, ça peut être fatal. On ne parle même pas de fauteuil roulant mais d'une issue bien plus grave encore.
Acceptez-vous aujourd'hui cette décision ?
Je l'accepte mais j'ai proposé pendant cette commission de signer une décharge, 1001 et autres idées pour remettre les patins. Mais ça n'a pas de sens, ce n'est pas viable.
Est-ce que vous arrivez à réaliser que vous ne ferez plus jamais de compétition ?
Quand on m'a annoncé la nouvelle, ça a été le choc parce que je ne m'y attendais pas. Je n'ai fait que pleurer pendant des jours. Aujourd'hui, je n'ai plus assez de larmes pour exprimer ma tristesse. C'est comme un deuil. J'ai l'impression que je n'ai pas réalisé. Je n'aurai plus jamais le vent sur le visage grâce à la vitesse, je ne ressentirai plus le stress, l'adrénaline de la compétition. Ca me met dans un mal terrible. On m'a interdit la compétition en short-track à cause des chutes et de l'impact sur ma moelle épinière. Mais on ne m'a pas interdit de faire des compétitions dans d'autres sports. Ca peut ouvrir des portes.
picture

Tifany Huot-Marchand aux JO de Pékin 2022

Crédit: Getty Images

Comment allez-vous vous reconstruire ?
J'ai toujours eu un double projet, j'ai maintenu mes études parce qu'on ne vit pas du short-track. Il faut construire son après-carrière. Mais ce qui est difficile et brutal aujourd'hui, c'est que je n'ai pas choisi mon après-carrière, il m'a été imposé. Je me retrouve du jour au lendemain sans rien, sans but. J'ai la chance d'être soutenue par l'INSEP et la ville de Belfort. Sans eux, je serais à la rue. Au mois de mars, j'ai passé une formation de professeur de yoga. J'ai plusieurs options mais je suis dans le noir total pour le moment. J'ai toujours soif de compétition, je ne pense pas à arrêter pour le moment. Je réfléchis à me tourner vers autre chose. Je voudrais me lancer dans la compétition en vélo, j'ai demandé des avis aux médecins.
Est-ce que vous regarderez les compétitions de short-track aux prochains JO d'hiver en 2026 ?
Oui, je serai la première supportrice. Je ne suis pas aigrie ou en colère vis-à-vis de la discipline.
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité