Championnats du monde de ski freestyle 2023 - Battue aux X Games, Tess Ledeux attaque les Mondiaux sûre de ses forces

Tess Ledeux a pris l'habitude de placer le curseur d'exigence très haut depuis ses débuts chez les professionnels. Il y a quelques jours, la Savoyarde a encore vu la barre de se relever lors de la finale du big air aux X Games 2023. Alors que la Française avait sorti un ultime run presque parfait, la Canadienne Megan Oldham a déchaîné les juges avec un leftside triple cork 1440, une figure trois fois la tête en bas avec quatre tours complets. Une performance colossale qui a rajouté un peu plus de sel à une concurrence déjà dense.

Battue pour une poignée de points, la freestyleuse tricolore est loin d'être abattue. Pour ces Mondiaux en Géorgie, la vice-championne olympique fait encore partie du gratin des favorites sur le slopestyle et le big air et est bien déterminée à prendre sa revanche. Avec un niveau général qui ne cesse de flamber, malgré l'absence de la star Eileen Gu, il faudra briller le jour J.

Tête d'affiche de ces disciplines depuis quelques années déjà, Tess Ledeux est l'une des actrices de cette nouvelle vague qui ne cesse de révolutionner le freestyle féminin. "On voit que le niveau continue de monter, qu’il est de plus en plus dense. On montre qu’on a notre place dans cette discipline alors qu’il y a quelques années, on doutait de la place des femmes sur des disciplines comme le big air", expliquait-elle à SkiChrono ces derniers jours.

Une observation partagée par notre consultant Kévin Rolland et cousin de la championne. "Il n’y a rien de surprenant. Ce qui se passe en ce moment dans le freestyle féminin, c’est quelque chose qui s’est passé il y a une dizaine d’années chez les messieurs. Il y a eu une explosion avec les 'double' qui se sont démocratisés, on est passé aux triples rotations."

L'arrivée des airbags a également contribué au développement et aux nombreux progrès chez les filles. "Maintenant qu'on a les airbags, on sait qu'on maîtrise nos figures et qu'il faut vraiment qu'il se passe quelque chose d'extérieur pour que ça se passe mal", notait la championne dans une entrevue diffusée sur Eurosport. "Ça a vraiment fait exploser le niveau féminin, pouvoir travailler des tricks par milliers, et sans prise de risque, c’est hors du commun", abonde le champion du monde de halfpipe 2009.

Mais alors, comment maintenir le cap et continuer à se différencier dans cette montagne de concurrence ? La différence se fait déjà sur le "pedigree" de l'événement. "Je ne pense pas qu’on verra aux Mondiaux quelque chose comme on a vu aux X Games. C’est un événement qui te met en condition pour ce genre de performance. C’est un show, une jam session", analyse le sixième des derniers Jeux olympiques au moment d'évoquer la performance de Oldham.

C'est d'ailleurs ce format bien particulier qui a pu permettre à la Nord-américaine de sortir une figure d'anthologie. "Megan, c’était une grosse surprise sur ces X Games. Personne n’était dans la certitude qu’elle allait faire un triple cork. On n’aura pas forcément le spectacle qu’on a eu aux X Games, mais ça ne veut pas dire qu’on n’en aura pas", poursuit le freestyler.

D'autant que Tess Ledeux n'était pas en reste avec une prestation de haut vol. "Elle fait quand même un switch double cork 1440 (ndlr, aborder le saut à l'envers puis enchaîner sur une double rotation verticale avec 4 tours sur soi) et un double cork 1620. C’est la fille qui a le plus de tricks techniques, les deux plus gros si on ne parle pas de celui de Megan." Une réussite pour la Française, toujours auprès de nos confrères de SkiChrono. "Ce n’est pas une première mondiale, mais c’était l’objectif de ma saison. Ça va me débloquer pour la suite en big air et en slopestyle."

Victime d'une commotion cérébrale fin octobre, la vice-championne olympique de big air arrive à Bakuriani avec une palette technique huilée et travaillée lors de ses quelques sorties cette saison. "La force de Tess, c’est qu’elle a ses sauts et qu’elle est très constante", confirme Kévin Rolland. "Il n’y a pas beaucoup de risques qu’elle se loupe en big air. Je ne veux pas lui porter la poisse, mais elle est plus constante dans les airs que les autres."

Si le big air lui a plus réussi ces derniers mois que le slopestyle, notre envoyé spécial, qui disputera le halfpipe, estime que sa cadette peut rayonner sur ces Mondiaux. "Techniquement, que ce soit en slopestyle ou en big air, elle fait partie du top 3, largement. Elle peut aussi gagner le slopestyle, elle a largement les capacités pour être championne du monde, même si c'est une discipline plus instable."

La maîtrise des rails du slopestyle, mais surtout des conditions météorologiques, où "le vent est le gros problème" pour Kévin Rolland, seront les clefs pour cette semaine de compétition. La Plagnarde n'a que 21 ans, mais en connaît un rayon pour maîtriser tous ces éléments. Sûre de ses forces, Tess Ledeux a les armes pour arriver à ses fins dans sa quête de trône(s).