Bormio - Cyprien Sarrazin, le descendeur que la France attendait : "Il n’a aucun défaut"

ParJean-Baptiste Duluc

Mis à jour 28/12/2023 à 16:57 GMT+1

2921 jours après Adrien Théaux, la France tient un nouveau vainqueur en descente en Coupe du monde après le succès de Cyprien Sarrazin à Bormio, jeudi. A 29 ans, le skieur du Dévoluy a beau être un nouveau en vitesse, le voilà déjà parmi les cadors de la discipline. Si la rapidité de l’accomplissement surprend, ses qualités, elles, ont toujours été là.

Celui qui aurait prédit il y a deux ans que Cyprien Sarrazin serait le prochain vainqueur français en descente serait passé pour un fou. Encore plus en gagnant devant un Marco Odermatt stratosphérique. "Odermatt fait vraiment une course fantastique, c’est ça aussi qu’il faut noter : Odermatt fait 2e avec une course fantastique, rappelle notre consultant Johan Clarey. Il l’a dit en interview, c’est la meilleure course en descente de sa vie avec les Mondiaux et il se fait battre par Cyprien !" Pas mal pour quelqu’un qui n’avait encore jamais fait de descente au début de la saison passée...

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Il a toujours eu cette qualité mais il n’avait encore jamais eu l’occasion de l’exprimer

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"La vitesse, il y est presque venu par hasard, raconte le vice-champion olympique de descente en 2022. Il s’est juste entrainé un petit peu avec ses collègues en Super-G, il a vu qu’il allait très vite et, petit à petit, il est arrivé à la descente. Pas par hasard mais presque. Il a commencé à s’impliquer véritablement en descente l’an dernier, c’est là qu’il a pris conscience de la capacité qu’il avait. On lui a gentiment fait comprendre que c’était la vitesse qu’il fallait qu’il fasse". Et les résultats n’ont pas tardé avec une 6e place à Val Gardena mais aussi une 10e à Kitzbühel et une 8e place en Super-G à Cortina d’Ampezzo. Comme si, finalement, il était dans son élément en vitesse.

Un top 6 pour Sarrazin avec le dossard 61 : sa descente incroyable

"C’est naturel, estime notre consultant. C’est juste sa qualité naturelle, qu’il avait toujours eu en lui mais qu’il n’avait encore jamais eu l’occasion d’exprimer parce qu’il était plus sur le géant. Mais c’est juste du talent qu’il a exprimé tard parce qu’il ne s’en est longtemps pas occupé. Maintenant, il en est conscient et tout le monde l’a vu". Impossible de passer à côté en effet. Mais l’an dernier, malgré cette qualité naturelle, Sarrazin peinait à enchainer (2 tops 10 en 7 courses, 2 abandons). Cette année, avant même son succès ce jeudi, on sentait quelque chose de nouveau dans le ski du Français.

Là où je suis surpris, c’est qu’il a progressé à tous les niveaux

"Quand je le vois skier, il fait tout très bien avec beaucoup de calme, ce qu’il faut désormais pour aller vite en ski, explique Clarey. Là où je suis surpris, c’est qu’il a progressé à tous les niveaux. Les courbes très techniques, j’étais convaincu qu’il était capable de les tailler. Mais, désormais, il est aussi capable d’aller vite sur les portions de plats, il est capable de sauter extrêmement bien… Il est capable de tout faire ! En plus, c’est un monstre physiquement. Il a des capacités physiques assez incroyables et il le montre aujourd’hui sur le dernier intermédiaire qu’il gagne largement. Il met trois dixièmes à tout le monde…". Venir en vitesse lui a clairement réussi, même si le géant est désormais passé au second plan, une conséquence logique de son évolution.

Sarrazin a tutoyé la gagne puis flirté avec la boîte

"Il a fait un choix de carrière en venant sur la vitesse, analyse notre consultant. Il va continuer à faire du géant, en pointillés, mais le mot d’ordre désormais, ça va être la vitesse. S’il a envie de faire du géant, il continuera à en faire pour être épanoui, mais pour l’instant il faut choisir en quelque sorte ses géants et c’est ce qu’il fait. Il gère la chose parfaitement, ça va continuer à le faire progresser et lui permettre de garder ce niveau technique incroyable en descente". Reste à savoir jusqu’où le nouveau leader de l’équipe de France peut aller. Pour Johan Clarey, il n’a pas vraiment de limites.

Il n’a rien à envier aux meilleurs descendeurs du monde

"Il n’a peut-être pas la connaissance des pistes pour le faire mais il a les qualités pour être bon partout, avoue Clarey. Il est très bon à Val Gardena, il est très bon sur les neiges agressives comme sur les neiges glacées… Il n’a aucun défaut technique en descente, vraiment. Il est très bon sur les sauts, sur les parties plates aussi. On l’a vu aller parfois plus vite que les autres descendeurs sur ces sections-là donc honnêtement je ne lui vois pas de faiblesse. Il peut jouer la gagne sur toutes les courses". Que craindre alors pour le Tricolore ?

Sarrazin s'invite encore dans le gratin : sa descente en images

"Il va falloir qu’il apprenne la vie de descendeur, c’est-à-dire en mettre un petit peu moins aux entraînements, explique notre consultant. Il va falloir qu’il apprenne à éviter de dépenser beaucoup d’énergie et d’influx à faire des entraînements à haute intensité. Pour l’instant, ça passe et c’est bien, c’est comme ça qu’il s’épanouit. Mais il va falloir qu’il apprenne à faire ça pour gérer la longueur de la saison, c’est important. C’est le seul petit bémol que je peux apporter. Et la méconnaissance de certaines pistes. Pour le reste, il n’a rien à envier aux meilleurs descendeurs du monde". Au point de jouer le globe ?

Sarrazin, double successeur d’Alphand ?

"Il est capable de jouer le globe, j’en suis convaincu, assure Clarey. Peut-être pas cette année parce qu’il va manquer d’expérience sur la longueur mais il va être dans le coup pour lutter". Le dernier Français à avoir glané le petit globe de descente s’appelle Luc Alphand. C’était en 1997. Et jusqu’à aujourd’hui, il était aussi le dernier Tricolore à avoir gagné à Bormio. Déjà en 1997. Cyprien Sarrazin lui a déjà succédé une fois. Pourquoi pas une seconde fois ?

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