Grogne à Bormio après la chute, notamment, de Sarrazin : "Ils ne méritent pas d'avoir les Jeux Olympiques", dit Allègre

Le deuxième entraînement de descente a été marqué par des chutes, ce vendredi à Bormio, dont une violente de Cyprien Sarrazin. Nils Allègre met en cause les organisateurs. Selon lui, "ils ne savent pas préparer une piste", et il s'en inquiète à un an des JO. Notre consultant Johan Clarey se joint à sa critique et explique en quoi il est difficile, pour les descendeurs, de parler d'une seule voix.

Allègre révolté : "Ils ne savent pas préparer une piste"

Video credit: Eurosport

"Mon opinion est claire : ils ne savent pas préparer une piste." Nils Allègre a vivement critiqué les organisateurs de la descente de Bormio, ce vendredi, en marge du deuxième entraînement, à la veille de la course. Plusieurs skieurs ont chuté durant cette ultime répétition, dont le Français Cyprien Sarrazin, conscient malgré un choc violent. Le Tricolore doit être opéré dans la soirée de vendredi pour un hématome sous-dural et est sous surveillance en réanimation neurologique à l'hôpital. Son compatriote poursuit, ulcéré : "Cela fait quarante ans qu'ils préparent des pistes, mais ils ne savent rien faire du tout, à part des choses dangereuses" ne décolère pas Allègre.
"Ce n'est pas respectueux pour nous, les athlètesOn arrive ici, le premier entraînement (jeudi), c'est déjà défoncé. Le San Pietro (un saut ndlr) ? On fait 55 mètres si on ne freine pas." Selon lui, dans cette configuration, Bormio et sa Stelvio ne sont pas dignes de figurer au programme des JO de Milano Cortina 2026 : "A un an des Jeux, faire une piste comme ça… Ils ne méritent pas d'avoir les Jeux Olympiques."
Marco Odermatt, numéro 1 mondial, s'est montré moins virulent, mais il a tout de même pointé du doigt des variations de neiges qui compliquent la vie des concurrents : "On déteste cela. Certaines portions sont moins glacées. C'est difficile d'avoir le bon set-up pour chaque virage. Cela rend (cette descente) un petit peu dangereuse." Et Allègre d'insister, suggérant une malsaine course à la dangerosité : "Ce n'est vraiment pas correct. Je ne sais pas ce qu'ils essaient de prouver."
On a l'impression qu'ils prennent un malin plaisir à faire une piste absolument "inskiable"
Notre consultant Johan Clarey abonde : "Je suis d'accord. Je détestais cet endroit." Le vice-champion olympique 2022 de la discipline établit une comparaison avec une descente mythique : "A Kitzbühel ce n'est pas du tout comme ça. C’est spectaculaire, rarement dangereux et quand ça l'est, en général, ce n'est pas la faute des organisateurs. Alors qu'à Bormio, on a l'impression qu'ils prennent un malin plaisir à faire une piste absolument 'inskiable'." Il souligne cependant des circonstances défavorables : "Il y a aussi la notion d'environnement. Cette année, avec le manque de neige, ce n'était pas évident pour eux."

Descendeur, un métier singulier

Les réserves ne datent pas d'hier. Mais elles n'aboutissent pas. Clarey y voit principalement deux raisons. La première relève de l'état d'esprit conquérant des as de la vitesse. "Quand vous commencez à vous plaindre des conditions, vous entrez dans un cheminement qui vous met hors de la course, explique-t-il. Toujours positiver est aussi une façon de se protéger. Il ne faut pas reculer. C'est le dur métier de descendeur."
Des propos qui font écho à ceux de Matthieu Bailet, en avant-saison : "Quand vous sentez que vous êtes passés à 'ça'… comme un accident de voiture… comme un accident de moto… mais que c’est passé, c'est plus que grisantTu te sens vivant, tu te sens fort. Tu te sens vivre (sic)." Les descendeurs jonglent avec ce processus mental qui consiste à dompter la peur, à se nourrir du danger, et la nécessité de plaider pour que leur terrain de jeu reste propice aux exploits plus qu'aux drames.
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Bailet : "Quand tu passes à 'ça' de l'accident… tu te sens fort, tu te sens vivre"

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L'un me disait "blanc", l'autre me disait "noir"… dans ces cas-là, on ne fait rien
"J'adore la descente, j'aime quand il y a de l'engagement, quand il y a de la vitesse, des grands sauts", énumère Allègre, pour rappeler qu'il ne demande pas une aseptisation de la reine des épreuves du ski alpin. "Demain (samedi), je serai au départ, pas de souci, j'assume les risques", ajoute-t-il, mettant en exergue les injonctions paradoxales qui habitent ces sportifs d'exception.
Le deuxième point de blocage, en partie lié au premier, réside dans l'absence d'unanimité. "Certains athlètes adorent ces conditions, parce qu'ils savent qu'ils vont faire la différence, relate Johan Clarey. Parfois, sur le fait de raboter une bosse ou pas, c'est moitié-moitiéC'est le problème de notre sport. J'ai été représentant des athlètes. L'un me disait 'blanc', l'autre me disait 'noir'… dans ces cas-là, on ne fait rien. On se tait et on fait notre travail." Tant que faire se peut.
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Crawford, la tête la première : sa chute impressionnante

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