Cortina - Marco Odermatt, un succès sans sensations : "C'était comme si j'avais perdu confiance dans mon corps"

On s'inquiétait de sa condition, on se demandait même s'il allait pouvoir revenir pour les Mondiaux. Touché vendredi dernier à l'occasion de la première descente de Kitzbühel (54e), Marco Odermatt s'était fait une énorme frayeur, qui aurait pu se payer bien plus cher. "Après la course, j'avais la sensation que quelque chose n'était pas vraiment normal, expliquait-il dans la semaine pour Skiactu. J'ai des antécédents avec mon ménisque. Du coup, j'ai passé une IRM qui n'a heureusement rien montré de grave". Mais Odermatt a été contraint de déclarer forfait pour la seconde descente le samedi puis pour le géant de Schladming, mercredi, deux décisions dictées avant tout par la prudence.

"Je prends le temps dont j'ai besoin car je ne veux pas brûler les étapes, racontait-il alors. Aujourd'hui (mercredi) c'était trop tôt pour prendre un départ mais ça pourrait le faire pour ce week-end". Force est de reconnaître qu'il avait raison. De retour à la compétition ce samedi sur le super-G de Cortina, là où il avait vécu des Mondiaux ratés en 2021 (4e de la descente, sortie en géant et 11e du super-G), le Suisse a eu la "chance" d'avoir une Tofane au tracé très technique qui lui correspondait parfaitement. Restait à pouvoir skier, sans appréhension. "Je pense que je peux skier même si je ne suis pas à 100%", confiait-il à Skiactu dans la semaine. Mais, visiblement, le Suisse avait retrouvé tous ses moyens.

Si on pouvait légitimement se questionner sur sa capacité à jouer les premiers rôles dès son retour, aussi tôt après sa blessure, Marco Odermatt n'aura pas mis bien longtemps à rassurer tout le monde. Un super-G de très haut niveau, un mur découpé comme à ses plus belles heures et une 7e victoire de la saison en Italie. Pas la plus attendue, loin de là. "C'est certainement l'une de mes victoires les plus spéciales, avouait-il d'ailleurs après la course. Mais ce n'est certainement pas le résultat que j'attendais à l'arrivée. Je remercie mon équipe pour son soutien la semaine dernière. J'ai eu une petite baisse de régime pendant la semaine et je ne pensais pas que cela suffirait pour la course". Car son genou l'a longtemps perturbé.

Mieux, il a livré une prestation bluffante pour un coureur touché au genou une semaine plus tôt. D'autant que lui-même n'y croyait pas beaucoup. "Que ça ait marché de la sorte, c'est bien sûr incroyable, avouait le leader de la Coupe du monde. C'était un ski très différent de ce que j'ai l'habitude de produire. J'étais concentré sur d'autres choses que la course, car je n'attendais pas grand-chose. Même au départ, je n'avais pas la concentration que j'ai d'habitude". Car il ne pensait qu'à une chose : son genou.

"Sur les premières portes, j'ai pensé à mon genou, expliquait le Suisse. J'ai vraiment eu l'impression pendant la course que j'avais été absent pendant longtemps, c'était comme si j'avais perdu confiance dans mon corps. Mais quand j'ai réalisé que mon genou tenait, j'ai pu laisser aller". Et il ne l'a pas fait à moitié, lui qui a découpé la portion technique mais aussi la partie finale, où on a retrouvé le Marco Odermatt conquérant et éblouissant. Celui qui domine le classement général de la Coupe du monde cette saison, mais aussi celui du Super-G et du géant. Celui qui a déjà pris rendez-vous avec les championnats du monde de Courchevel-Méribel, où il visera trois titres. En bref, le patron.