La totale pour Paerson

La patronne est de retour. A l'exception du slalom, discipline dans laquelle elle s'est imposée deux fois en deux courses, Anja Paerson semblait un peu en retrait depuis le début de la saison, au regard de son passé et de son potentiel. En mal de repères dans les épreuves de vitesse, la Scandinave cherchait également la clé en géant. Troisième à Sölden, deuxième à Aspen, cinquième à Spindleruv, il lui manquait toujours un petit quelque chose pour s'imposer.

Ce petit plus, la reine Anja l'a retrouvé à Lienz, pour signer la 29e victoire de sa carrière en Coupe du monde, la 11e en géant, mais la première de la saison dans la discipline. Meilleur temps de la première manche, la skieuse de Taernaby ne disposait toutefois que d'une marge très réduite avant le second acte. Tina Maze, deuxième, ne pointait qu'à six centièmes, et huit filles se tenaient en moins d'une demi-seconde. Un matelas peu confortable, autorisant aucune faiblesse.

Le second tracé du géant autrichien fut tout aussi tendu. Chez elles, les membres de la Wunderteam montraient les crocs, à l'image de Nicole Hosp. Presque aussi menaçante qu'il y a deux ans, avant sa blessure au genou, cette dernière a confirmé la montée en puissance entrevue ces dernières semaines. Quatrième à l'entame de la seconde manche, Hosp domptait Kathrin Zettel et Tina Maze pour prendre les commandes, mettant ainsi la pression sur Paerson, la dernière à pouvoir la priver de son premier succès cette saison.

Mais la Suédoise en a vu d'autres. Préservant quasiment l'intégralité de son avance (21 centièmes contre 24), elle n'a pas craqué. Toujours aussi puissante, mais nettement plus précise dans ses trajectoires que lors des trois précédents géants, Paerson donne au fil des courses sa pleine mesure. La voilà en tout cas aux commandes de la Coupe du monde de la spécialité, mais surtout en tête du classement général. Une première cette saison, comme un symbole de sa suprématie retrouvée.

Elle devance de huit petits points Janica Kostelic, qui lorgnait elle aussi sur le fauteuil, laissé libre par Michael Dorfmeister, moins à l'aise que ses deux rivales dans les disciplines techniques. Paerson-Kostelic, Anja-Janica, le duel a rythmé le précédent hiver. Même si elles écrasent moins la compétition cette saison, même si Turin focalise leur attention et leur ambition, les deux stars du circuit féminin restent les principales candidates au gros globe de cristal.

Dans cette optique, Anja Paerson a incontestablement marqué des points depuis une semaine, en République tchèque puis en Autriche. Si elle retrouve le bon rythme en descente et en Super G au mois de janvier, elle risque d'être vite injouable. Seulement sixième du géant, Kostelic est tout sauf décrochée, mais elle devra réagir dans le slalom jeudi, toujours à Lienz.

Le ski français est bien loin de ce genre de préoccupations. Sans Ingrid Jacquemod, son meilleur atout en géant, dont le genou gauche inspire une vive inquiétude, le clan tricolore n'a fait que de la figuration, et encore. Marion Bertrand, promue chef de file, n'avait pas les moyens d'entrer en seconde manche. L'arbre Jacquemod n'était pas monté bien haut dans la discipline, mais il cachait une bien triste forêt...