Mondiaux 2023 | Slalom Messieurs | Henrik Kristoffersen champion du monde, Clément Noël à 3 centièmes du podium

C'est la fin d'une malédiction qui n'avait que trop duré. Jamais sacré jusqu'ici en slalom, aux championnats du monde comme aux Jeux Olympiques, Henrik Kristoffersen a enfin décroché la médaille d'or, en s'offrant le titre mondial à Courchevel.

Pourtant très loin à l'issue de la première manche (16e), le Norvégien a profité d'un second tracé très difficile pour faire parler son génie. Malgré quelques fautes, il y avait de la vitesse dans son ski et cela lui a permis de réussir une folle remontée vers sa 3e victoire de la saison. Mais celle-ci vaut de l'or. Comme s'il fallait en rajouter, le podium est complété par l'inattendu AJ Ginnis (+ 0"20), premier Grec médaillé aux Mondiaux, et par l'Italien Alex Vinatzer (+ 0"38). Frustration pour Clément Noël, qui termine au pied du podium.

Il avait prévenu : "Cette seconde manche me rappelle celle des JO 2014". A Sotchi, il était remonté de la 15e à la 3e place. Il a tenu parole. Il a même fait mieux que ça. Seizième à l'issue de la première manche, Henrik Kristoffersen savait qu'il allait devoir prendre tous les risques pour remonter ses 0''91 de retard sur Manuel Feller. Alors il s'est engagé, quitte à faire des fautes. Car sa seconde manche n'est pas parfaite, loin de là. Le Norvégien a commis trois fautes dans le mur mais il ne s'est jamais déconcentré, a réussi à garder de la vitesse et à laisser vivre ses skis, à l'image d'une quadruple gérée à la perfection. Auteur d'un bas de parcours stratosphérique, Kristoffersen écrasait alors le chrono de Sebastian Holzmann (5e au final) mais s'en voulait de ses fautes.

Il pensait alors que cela risquait de lui coûter le podium. Cela ne lui a même pas coûté le titre. Tous les autres sont partis à la faute et encore plus que lui. Le principal frisson est venu de son compatriote Lucas Braathen (7e), passé avec neuf dixièmes d'avance à mi-course mais coupable d'une grosse faute sur le bas alors que l'or lui tendait les bras. Et quand Manuel Feller a, comme à son habitude (4 abandons en 5 fermetures de portillon), craqué en seconde manche, Henrik Kristoffersen a pu laisser exploser sa joie et son émotion. Ce titre c'est la fin de la frustration dans les grands rendez-vous pour le Norvégien (4e des JO 2022, 4e des Mondiaux 2015 et 2017), jamais sacré jusqu'ici. C'est désormais chose faite.

Révélation du mois de février, AJ Ginnis n'a pas craqué lors de la deuxième manche. Très calme, posé, l'Américain d'origine a conservé sa 2e place (+ 0"20) et s'est paré d'une magnifique médaille d'argent, la toute première pour la Grèce aux championnats du monde. Une histoire folle pour celui qui est passé si souvent par la table d'opération. Douze ans après celle de Manfred Moelgg à Garmisch, la médaille de bronze revient de nouveau à un Italien avec la 3e place d'Alex Vinatzer (+ 0"38), qui n'était plus monté sur le podium d'un slalom depuis Madonna en décembre 2020. Il devance d'un petit centième le frustré du jour : Clément Noël.

Coupable d'une grosse faute en première manche, le Vosgien était encore dans le coup pour la médaille à condition de signer LA manche. Alors le Français s'est engagé, après le premier mur. Mais le mal était déjà fait. Un peu timide dans le mur, le Tricolore a commis deux petites erreurs qui l'ont obligé à corriger sa ligne pour revenir dans le tracé. Une section où il perd une demi-seconde sur Kristoffersen, soit un dixième de plus que son retard à l'arrivée (+ 0"41). A la vue de son année, difficile de regretter le ski produit par Clément Noël, qui retrouve toutefois une amère médaille en chocolat, après celle des JO 2018. Les autres Français ont raté leur seconde manche, avec la 20e place (+ 1"40) d'Alexis Pinturault, la 27e place (+ 2"47) de Steven Amiez et la 29e place (+ 2''94) de Leo Anguenot.