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Géant Val d'Isère 2013 : Sur la Face, le diable, c’était Thomas Fanara

François-Xavier Rallet

Mis à jour 14/12/2013 à 19:44 GMT+1

En terminant deuxième du géant de Val d’Isère, Thomas Fanara a pris conscience d’avoir vaincu ses démons. Ce mental parfois défaillant qui l’empêche souvent de signer deux manches pleines. Mais ce samedi, le skieur de Praz-sur-Arly avait décidé d’être méchant sur le verglas avalin. Un véritable accomplissement à 32 ans et un tournant dans la carrière du Français.

2013 Val d'Isère Thomas Fanara

Crédit: AFP

Personnage réservé et attachant, Thomas Fanara peut parfois montrer les crocs. Samedi, sur une Face de Bellevarde qui récompense l’impétuosité et s’amuse le plus souvent à calmer les plus frileux, le Français a frôlé la perfection. Son envie incoercible de briller devant les nombreux Pralins venus l’encourager a pris le dessus. Sur tout : la pression, le verglas, les fautes d’intérieur qui lui ont souvent gâché la vie. Devancé uniquement par l’Autrichien Marcel Hirscher, Fanara s’est offert un quatrième podium en carrière, le premier d’une saison qui doit l’emmener vers Sotchi avec de réelles ambitions de sacre olympique. Qu’il n’en doute jamais.
Après une ouverture solide à Sölden (septième), Fanara était rentré dans le rang, sur la Birds of Prey il y a six jours. Sa quatorzième place lui a permis de se poser les bonnes questions. La remise en question a été immédiate. "A Beaver Creek, c’était dur, s’est félicité Fanara, aux bords des larmes, au micro d’Eurosport. Mais je sais qu’il faut apprendre de ses erreurs, de ses petites défaites. Aujourd’hui (samedi), j’ai vraiment vaincu mes démons. J’ai réussi à faire deux bonnes manches. C’est génial, je n’ai pas de mot".
J’avais l’impression de me voir de l’extérieur
Fanara était idéalement placé à l’issue de son premier passage (troisième à 0"41 de son compatriote Alexis Pinturault). Puis très léger, dominant sur ses lignes, calme et lucide sur ses planches en haut du tracé. Enfin, explosif dans le mur technique de la manche vespérale. Le Français, en résumé, a fait parler sa science de la glisse. "Après ce qui m’est arrivé à Beaver, je voulais gérer un minimum. Dans la partie stratégique, je voulais vraiment garder de la hauteur, explique-t-il. Je me demandais comment j’allais finir physiquement. Sur le côté, j’entends les gens m’encourager. J’avais l’impression de me voir de l’extérieur. C’était étrange."
A l’arrivée, c’est donc une deuxième place et une première "boîte" en France qui ont soldé son géant avalin. Son meilleur résultat en Coupe du monde après trois troisième places (Alta Badia en 2010 et 2012, Adelboden en 2011) qui ne reflètent pas forcément l’étendue de ses qualités. "Faire ça devant le public français, ça donne une saveur particulière, a-t-il ajouté sur le plateau d’Hors-Piste, sur Eurosport. Je n’ai pas toujours brillé sur cette Face (7e en 2012, 11e en 2011, abandons en première manche en 2008 en Coupe du monde et aux Mondiaux en 2009). J’ai appris à l’apprécier. J’ai eu envie d’aller au combat avec elle. Et gagner mon duel. Là, c’est la manière qui me satisfait. J’ai eu l’impression de maîtriser et de ne pas subir. Mais ce n’est qu’une course. On estime les champions sur la longévité", modère-t-il. 
Le cerveau est un muscle qu’il faut entraîner
Encore une fois, ce fameux succès après lequel il court depuis ses débuts lui a échappé. Sur la Face, et parmi ses adversaires, il y avait tout simplement plus fort que lui. Finalement, c’est dans la tête que Fanara a affiché sa plus belle victoire. Depuis quelques temps déjà, le skieur s’est attaché les services d’un coach mental. Un tournant dans sa carrière. "Je me suis remis en question l’année dernière. J’ai un ski qui est efficace, mais en course, ça ne paie pas toujours. Cyprien Richard (précurseur en la matière en équipe de France) dit que le cerveau est un muscle et qu’il faut l’entraîner. Alors, je m’y suis mis."
Aujourd’hui, sa résilience doit le porter plus loin. Sa "méchanceté" doit devenir une force. Désormais apaisé, Fanara doit prendre du grade. Son aventure se poursuivra à Alta Badia dans huit jours. Sur la Gran Risa, il retrouvera la référence américaine Ligety. "J’aurais aimé voir Ted à l’arrivée aujourd’hui. Mais à Alta Badia, ça sera une nouvelle course, une nouvelle piste, une nouvelle neige." Un nouveau Fanara aussi.
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