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Déjà vainqueur à Bormio, Cyprien Sarrazin a remis ça à Wengen : "Le seul truc qui manquait, c’était la tête"

Fabien Esvan

Mis à jour 13/01/2024 à 09:42 GMT+1

Mais où s'arrêtera Cyprien Sarrazin ? Vainqueur en descente à Bormio, le skieur du Dévoluy a remis ça sur le super-G de Wengen ce vendredi, 24h après sa deuxième place sur la première descente du week-end. Nouveau venu en vitesse, le Français continue de se construire et ne veut pas griller les étapes comme il l'a confié dans un long entretien avec Gauthier de Tessières pour Eurosport mercredi.

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Comment décririez-vous votre évolution entre vos premières années sur le géant et le passage sur la vitesse ?
Cyprien Sarrazin : Ça a été un long chemin, semé d’embûches, mais je ne regrette rien de tout ce qui m’est arrivé. Il y a eu de super moments, d’autres très difficiles aussi avec des blessures à répétition. C’est ce chemin qui m’a amené ici qui m’a permis d’être vraiment moi-même et de skier comme je le veux, libéré. Les disciplines de vitesse, c’est plus naturel pour moi. En géant, il y a plus de technique, plus de rigueur à avoir. Ça m’a fait du bien de travailler pendant toutes ces années. Ça a fonctionné, à d’autres moments non, mais je ne savais vraiment pas pourquoi. J’ai beaucoup cherché, ça me prenait beaucoup d’énergie.
J’ai appris de tout ça quand je suis arrivé en vitesse, les blessures étaient derrière moi, je me suis calmé. Je n’ai rien changé sur mon matériel depuis deux ans : ce sont les mêmes skis, les mêmes chaussures, je progresse sur mon matériel et c’est cool. L’année dernière, j’ai pris de bons crashs. Quand je me suis blessé avant les Mondiaux, je me suis posé sur mon canapé et je me suis dit que je ne voulais plus vivre ça. Je me suis demandé où ça pêchait. Ce n'était pas physiquement. Techniquement, je me suis prouvé en géant que j’étais capable de faire de super résultats. Le seul truc qui manquait, c’était la tête. J’ai mis l’accent à bloc là-dessus. J’ai trouvé les bonnes personnes qui m’ont amené sur ce chemin. Ça a été neuf mois vraiment intensifs à ce niveau là. Je suis passé par des moments vraiment difficiles, mais je sentais que ce n’était que pour le mieux. Je me sens libéré, ça fait deux mois que je suis bien, que je suis de nouveau moi-même.
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On sent un nouvel équilibre au sein de ce groupe vitesse. Les conditions sont toutes réunies. Comment vivez-vous ce quotidien ?
C. S. : C’est un super quotidien, un super groupe, que ce soit en technique ou en vitesse. Je me suis préparé avec la technique tout cet été, tout fonctionne bien. Je prends les choses bien, je fais mon chemin à moi, je décide plus de ce que je veux faire, je m’écoute plus. Les coachs me font confiance. C’est bien d’avoir réussi à passer cette étape. Tout se passe bien. J’ai amené de la fraîcheur dans le groupe vitesse, je les pousse à l’entraînement. Même si on n'a pas eu une super préparation cet été, on est quand même là, on a envie d’y aller donc c’est cool. Après Bormio, ils m’ont dit merci pour ça et je leur dis merci aussi car c’est un tout. C’est tous ensemble qu’on avance.
On sent beaucoup de sérénité dans votre manière de skier dans la cabane de départ. À quoi pensez-vous au moment de vous lancer ?
C. S. : L’année dernière, c’était plus plus compliqué. C’était la découverte de toutes les pistes. J'avais peur de me blesser, de chuter, de faire une grosse bêtise. Là, je sais ce que j’ai à faire, les journées sont beaucoup plus faciles. Je ne suis pas stressé la veille, je ne pense pas à la course du lendemain, je profite. Aujourd’hui (ndlr, la veille de la première descente), j’ai passé mon temps à rigoler avant la manche. Une demi-heure avant, je commence vraiment à faire mes trucs, ma routine. Il n'y a que moi. C’est ce que j’ai vraiment construit cette année. Cette routine est condensée, mais je sais que ce bloc est solide et ça me permet d’être beaucoup plus relâché et de planer à certains moments. J’ai des exos pour les yeux, la neuro, la respiration, je visualise où je vais passer, ça se fait naturellement.
Revivez le Super-G victorieux de Cyprien Sarrazin à Wengen en vous abonnant à Eurosport :
Qu’est-ce que vous fixez comme objectif : vous pensez à votre place où vous êtes plutôt concentré sur la manière ?
C. S. : J’ai envie de me concentrer sur la manière. La veille de Bormio, je me suis réveillé dans la nuit et je me voyais passer la ligne d’arrivée avec du vert en sentant que j’avais fait une grosse course, je pensais à ce que j’allais dire à la caméra. Les années d’avant, quand je pensais à ça, je me l’interdisais. Là, c’est arrivé et je me suis dit : 'penses-y, autorise toi à arriver en bas et à gagner'. Il faut que je reste dans le même schéma que ces derniers temps.
Il faut que je me construise. Je viens presque d’arriver en descente.
Quel est le Graal pour vous à part gagner à Bormio dans des conditions extrêmes ? Kitzbühel, Wengen : avez-vous des rêves ?
C. S. : C’est sûr que quand on y goûte, on a envie d’y retourner (rires). Gagner de nouveau, ce serait incroyable (ndlr, il vient de signer un deuxième succès cette saison depuis cet interview, sur le Super-G de Wengen). Faire top cinq, podium, c’est déjà incroyable. Il faut que je me construise. Je viens presque d’arriver en descente. C’est le bonheur. Je ne vais pas me dire que je veux bétonner ma place. Je vais rester calme, faire ce que je sais faire, et on verra bien où ça nous mène.
Vous êtes conscient qu’il y a encore un certain apprentissage dans cette discipline…
C. S. : Carrément. Personne ne peut se dire 'ça y est, j’ai le truc', ce n’est pas possible, surtout sur des pistes comme ça où tout peut arriver. il faudra être humble, posé. Ça va être le challenge.
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Sarrazin sur son nouveau statut en vitesse

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