"On a tout pour viser l'or" : Thibaut Anselmet, un défi olympique et des dents longues

D'un verset de la Torah, les anglophones ont tiré une leçon passée à la postérité : les bénédictions, les dons, sont souvent accompagnés de leurs malédictions. Thibault Anselmet peut le confirmer. Sa bénédiction : son sport, le ski-alpinisme, dont il est le meilleur athlète mondial, sera pour la première fois olympique en 2026 durant les jeux de Milan-Cortina. Sa malédiction : pour chasser l'or individuel, il doit devenir le meilleur sur un week-end, lui qui brille en étant le plus complet.

"J'ai construit ma carrière sur cette régularité sur toutes les disciplines, confirme-t-il. C'est une de mes forces. Et sur un championnat, c'est différent. Il faut être la le jour J et tous les athlètes se préparent pour ça." Aux Mondiaux, début mars, lorsque nous le rencontrons, Thibault Anselmet a fait le choix de ne s'aligner que sur deux des quatre épreuves de la semaine : le relais mixte et le sprint. "Forcément, ça a joué dans la balance de savoir que ce seront les deux épreuves olympiques, admet-il. C'était aussi un moyen de me tester avec ces deux épreuves-là sur une course d'un jour."

Sur le relais mixte, lui et sa partenaire Emily Harrop ont remporté leur deuxième titre de champions du monde consécutif. En sprint, en revanche, Thibault Anselmet a dû se contenter de la deuxième place derrière l'Espagnol Oriol Cardona Coll, qui l'avait déjà battu lors des Mondiaux 2023. "En sprint, c'est l'homme à abattre, explique l'entraîneur de l'équipe de France Léo Viret. Les Espagnols ont une stratégie orientée uniquement sur les épreuves olympiques. Maintenant, c'est à nous de nous retrousser les manches et d'aller au travail pour pouvoir rivaliser encore mieux."

Un défi de taille, mais loin d'être irréalisable. "On a tout pour continuer à progresser et viser l'or l'année prochaine" a-t-il affirmé dans les minutes qui ont suivi sa deuxième place. Son palmarès parle pour lui : il a remporté les deux derniers gros globes de la coupe du monde de ski-alpinisme, et a même ajouté le petit globe du sprint en 2024. "Oriol [Cardona Coll], je l'ai déjà battu, souligne-t-il. Ça dépend du contexte. Ce jour-là, il était plus fort, peut-être qu'un jour je serai plus fort que lui."

Il faudra que ce jour tombe parfaitement. En tant que sport additionnel aux JO, le ski-alpinisme n'a aucune garantie de son avenir olympique après 2026. Lui essaye de le prendre avec flegme "Ça ne m'obsède pas. J'y pense, je sais que ça arrive. Mais il y a beaucoup de choses dans notre sport, beaucoup d'autres épreuves." Il peut déjà mettre derrière lui le besoin de se qualifier pour les Jeux. Ses médailles aux Mondiaux lui ont offert les deux tickets dont il avait besoin pour les épreuves de Milan.

A un peu moins d'un an du jour J, il lui reste désormais les épreuves de Coupe du monde pour se préparer. La septième étape a lieu ce jeudi et ce samedi à Val Martello, en Italie, et est à suivre sur Eurosport. De quoi lui permettre de rester fidèle à sa vision de la compétition : "Malgré tout, j'aime être constant, c'est quelque chose qui m'anime. La constance et la polyvalence, c'est deux choses que je garderai jusqu'à la fin de ma carrière." Mais quand une telle opportunité se présente, difficile de ne pas accepter de se renier un petit peu.