Championnat du monde de snooker 2024 : après le tourbillon 2023, l'heure n'est plus à la gueule de bois pour Luca Brecel

Le temple du snooker en a connu des champions d'exception au cours de sa longue histoire. Celui qu'il a consacré en 2023 n'a pas échappé à la règle. Promis depuis ses plus jeunes années à un avenir doré, Luca Brecel a écrit l'histoire du snooker l'année dernière en devenant le premier champion du monde non-anglophone de l'histoire. L'aboutissement d'une carrière déjà, mais surtout la récompense d'une forme de génie.

Porté au pinacle par ses pairs et les suiveurs, la "Belgian Bullet" a pourtant subi un énorme contrecoup après son sacre. Épuisé, le Flamand a traversé ce millésime 2023-2024 en clopinant. Avant de retrouver la flamme depuis quelques semaines. Championnat du monde ou pas, Luca Brecel ne veut pas se prendre la tête comme il le confiait lors d'un point presse lundi. "Je ne deviens pas facilement euphorique, je reste assez stable dans ma tête. C'est juste un tournoi comme un autre…"

Prendre les choses comme elles viennent, c'est ce qui a toujours fait la force de "Snooker Brecel". Remarqué par sa préparation originale l'an dernier, comme lorsqu'il a avoué être "complètement ivre" la veille de son quart de finale avec Ronnie O'Sullivan, le Belge s'est fait plaisir dans les semaines qui ont suivi son titre. A raison.

Plus "marketable", fort de son prize money conquis à Sheffield, le principal intéressé s'est fendu de quelques extravagances comme il l'a expliqué à la presse belge en novembre. "J’ai acheté deux voitures (ndlr, trois en réalité, le champion avait déjà sorti la moitié de sa récompense pour une Ferrari quelques semaines plus tôt) et, du coup, je ne suis plus millionnaire. J’ai dépensé 460 000 euros pour ces voitures et c’était une décision délibérée."

Luca Brecel savait très bien ce qu'il faisait. Ces folies, c'était presque une nécessité, quelque chose pour remettre le pied à l'étrier. "Ça m'a aidé à rester motivé. Je voulais recréer le sentiment que j’avais au début de ma carrière, ressentir la même pression de performance. J’ai eu besoin d’un coup de pouce, d’une prise de conscience qu’il était temps de se remettre au travail.”

Néanmoins, le héros 2023 a clairement perdu son appétit après avoir accroché le Graal. "Devenir champion du monde était un rêve depuis que j’ai tenu une queue de billard pour la première fois à l’âge de neuf ans. Une fois cet objectif atteint, la faim s’est un peu calmée…" Luca Brecel a dû patienter jusqu'en février et l'Open du pays de Galles pour retrouver les quarts de finale d'un tournoi ranking. Presque une éternité.

"Je ne suis pas devenu paresseux, mais il m’était plus difficile de me motiver pour chaque tournoi. Si je perdais, je rentrais chez moi en souriant", confiait-t-il à la fin de l'année 2023. "Je n’aime pas ce sentiment et il fallait que quelque chose change. Je voulais retrouver cette envie de gagner des tournois, j’en avais assez d’être éliminé dès les premiers tours."

Malgré deux finales, au Shanghai Masters et au nouveau World Masters of Snooker en Arabie Saoudite en mars, le champion du monde en titre n'a que peu de références. Après un sacré passage à vide, il a retrouvé le plaisir de jouer et c'est déjà ça. "Plusieurs fois cette saison, je n’ai pas eu envie de faire un tournoi, je n’arrivais pas à gagner. J’ai réussi à switcher, je suis revenu avec un état d’esprit positif (...) Après mon titre mondial, j’ai compris que je ne gagnerais pas tout d’un coup. Je n’ai pas paniqué. Parfois, il suffit d’être patient, de continuer à travailler et les résultats viendront."

Le Belge aime le costume d'outsider, quand on le laisse tranquille. Le tourbillon de 2023 a laissé des traces. Il l'a forgé aussi. "L'année dernière, c'était un peu trop en termes d'attention. Je ne l'ai pas bien supporté. Si je devais à nouveau gagner le Mondial, je le vivrais tout à fait différemment. Je pense que j'ai trop laissé les émotions m'affecter…" Luca Brecel va pourtant devoir faire avec la pression en 2024. Plus serein qu'il y a six mois, le Belge peut refaire parler sa magie à tout moment. Espérons qu'il en a retrouvé sous le capot.