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Le Sicilien, l'écrivain, le grand-père : l'autre Ronnie O'Sullivan

Laurent Vergne

Mis à jour 03/05/2022 à 17:16 GMT+2

CHAMPIONNAT DU MONDE – Si vous suivez, même d'assez loin, les affaires du snooker, il ne vous aura sans doute pas échappé que Ronnie O'Sullivan en est à la fois la plus grande star et le plus grand champion. Mais celui qui a conquis lundi un septième titre mondial est aussi un personnage aux multiples facettes, moins connues. En voici quelques-unes.

Les sept merveilles de Ronnie O'Sullivan en images

Son vrai nom est Ronald Antonio O'Sullivan

Pour tous, il est Ronnie O'Sullivan. Ou "The Rocket", ce surnom qui lui colle à la peau comme une deuxième identité. Mais son nom complet est Ronald Antonio O'Sullivan. Il doit son prénom à son père, qui a choisi de l'appeler comme lui. Les O'Sullivan comptent d'ailleurs trois générations de Ronnie puisque le désormais septuple champion du monde a appelé son unique fils Ronnie Junior. Lundi soir, ils étaient réunis tous les trois au Crucible pour célébrer le nouveau sacre du champion.
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Un sommet d'émotion : O'Sullivan en larmes dans les bras de Trump après son titre

Il a des origines italiennes

D'où son deuxième prénom, Antonio, choisi par sa maman, Maria O'Sullivan, née Catalano. Antonio était le prénom du frère de Maria. Elle est d'origine sicilienne et le jeune Ronnie a passé quasiment toutes ses vacances à Agrigente, dans le sud de la Sicile, où avait vécu et grandi sa mère.
"J'y suis allé tous les ans jusqu'à l'âge de huit ans, a-t-il expliqué. Un des oncles de ma mère était prêtre et deux de mes tantes étaient nonnes. Nous restions dans la maison de mon grand-père, donc ça ne coûtait pas cher. Je me souviens que la table était toujours remplie de fromages et de pasta locales. J'adorais la Sicile, mais j'avoue que j'ai préféré quand mes parents ont commencé à avoir un peu d'argent et que nous avons pu voyager ailleurs."

Sa cousine est une grande joueuse de snooker

Quelle famille ! Maria Catalano (le même nom et prénom que la mère de Ronnie O'Sullivan), née en 1982, est la cousine de Ronnie O'Sullivan et la fille d'Antonio, l'oncle à qui Ronnie doit son deuxième prénom et dont il était très proche. Elle a suivi les traces du "Rocket" pour devenir elle aussi une très grande joueuse de snooker. "Le snooker est devenu très important dans la famille quand Ronnie a commencé à briller et je me suis dit que j'avais envie d'essayer, moi aussi", explique-t-elle.
Maria a même été numéro un mondial en 2014. Mais elle n'a jamais été championne du monde, contrairement à son cousin. Ce n'est pas faute d'avoir essayé : elle a été cinq fois finaliste et demi-finaliste à quatre autres reprises, sans jamais parvenir à remporter le titre. Cette année, elle va jouer au Crucible elle aussi, lors du Championnat du monde seniors. Elle sera même la toute première femme à prendre part à cette compétition réservée jusqu'ici aux hommes.

Il écrit des romans policiers

Outre ses deux autobiographies, parues en 2003 pour la première édition et 2013 pour la seconde, Ronnie O'Sullivan, passionné par l'écriture, dont il a fait un de ses refuges, a écrit trois romans, Double kiss, The framed et The break. Des thrillers, dont il puise souvent la trame dans des épisodes de sa vie, qui a elle-même été un roman.
L'auteur O'Sullivan situe ses intrigues dans le quartier de Soho, dans le West End, à Londres, où son père tenait plusieurs sex-shops dans les années 70. Pas besoin d'être Hercule Poirot pour déceler les éléments autobiographiques dans ses livres. The framed, par exemple, raconte l'histoire de Frankie, dont la mère a disparu quand il avait 15 ans et dont le père est en prison pour cambriolage. Il hérite d'un club de snooker grâce à ses liens avec un des principaux gangsters de Londres. L'atmosphère y est souvent sombre, glauque et dépressive.

Ses deux parents ont fait de la prison

C'est la grande blessure du jeune Ronnie O'Sullivan. Son père a été condamné à 18 ans de prison pour homicide au début des années 90 et, quelques années plus tard, sa mère a elle aussi été emprisonnée pour fraude fiscale. Nous avions évoqué ce double épisode douloureux dans notre Grand Récit consacré l'an passé au roi du snooker. A 20 ans, The Rocket s'était retrouvé avec sa petite sœur à charge, alors qu'il était lui-même devenu père de famille. La "perte" de ses deux parents a largement contribué à le plonger dans l'alcool et la drogue. "A partir de là, tout a été de la merde", a-t-il confié un jour.

Il est déjà grand-père

Ceux qui ont regardé la finale du Championnat du monde lundi soir ont pu voir une partie du clan O'Sullivan. Le père du champion était là, ainsi que ses deux plus jeunes enfants, Lily (née en 2006) et Ronnie Jr (2007). Ronnie O'Sullivan a également eu une autre fille en 1996, Taylor-Ann, née de sa brève relation avec Sally Magnus. Mais ses liens avec son premier enfant sont presque inexistants.
En 2020, après le sixième titre de champion du monde du Rocket, Taylor-Ann Magnus, qui a choisi de porter le nom de famille de sa mère plutôt que celui de son père, avait donné une interview au Sun, dans laquelle elle révélait n'avoir vu son père qu'une douzaine de fois dans sa vie. En 2018, Taylor-Ann a eu une fille, faisant donc de Ronnie O'Sullivan un jeune grand-père de 42 ans. Il a alors tenté de renouer les liens. En vain. "C'était un père de merde, a-t-elle déclaré. Il ne méritait pas d'être appelé papa, et pas davantage papy aujourd'hui."

C'est un grand fan d'Arsenal… et de Messi

Ronnie O'Sullivan est un dingue de sport. Enfant, il a essayé à peu près tous les sports, du football au tennis en passant par le cricket. Depuis une quinzaine d'années, il est aussi devenu un "runner" fou. Il court tout le temps, dès qu'il le peut, et s'est aligné sur de nombreuses courses, des 10 miles ou du semi-marathon, avec des temps très corrects. Il adore le tennis et manie souvent la métaphore tennistique en évoquant Novak Djokovic, Roger Federer ou Rafael Nadal quand il parle de snooker.
Mais comme tout Anglais qui se respecte, il aime par-dessus tout le football, et notamment Arsenal, son club fétiche depuis son enfance. Membre de l'équipe des "Arsenal Celebrities", il avait même accompli voilà quelques années un de ses rêves en jouant avec le maillot des Gunners sur le dos à Highbury dans un match avec d'autres personnalités. O'Sullivan est aussi devenu un adorateur de Lionel Messi. "Je suis plus un fan de Messi qu'un fan de football aujourd'hui, a-t-il confié en 2016. Le voir sur le terrain est une joie. Peu importe contre qui il joue, avec qui il joue."

Il a une trouille bleue de l'altitude et des hauteurs

Peut-être est-ce son côté Dennis Bergkamp, l'ex-Gunner, joueur formidable mais dont la phobie de l'avion est bien documentée. Ronnie O'Sullivan a lui aussi beaucoup de mal avec tout ce qui touche à l'altitude et les hauteurs sous toutes ses formes.
"Le jour où je suis monté à l'Empire State Building, je ne me sentais pas bien. J'ai eu une vision du gratte-ciel en train de s'effondrer, a-t-il confié au Sunday Times. Il y a quinze ans, j'ai voulu grimper au Mont Snowdon (situé au pays de Galles, à un peu plus de 1000m d'altitude, NDLR). Au bout de cinq minutes, j'ai fait demi-tour. J'ai bien fait. Ce même jour, mon ami a fait une chute et il a fallu venir le secourir en hélicoptère."
Et l'avion ? Il se soigne. Mais il n'aime pas ça. Ni le décollage ni l'atterrissage. Et entre les deux, c'est toujours trop long. "Je le supporte mieux aujourd'hui. Une fois, j'ai préféré faire 15 heures de train pour aller disputer le Masters d'Allemagne plutôt que de prendre l'avion."

Il est le Mozart du snooker

Cela, tout le monde le sait. Mais quand c'est Keith Richards qui vous le dit... Ron Wood, autre fameux membre des Rolling Stones, est un dingue de snooker. Si Jimmy White est son meilleur ami dans le milieu, il est également proche de Ronnie O'Sullivan. On le voit d'ailleurs souvent assister à des rencontres du septuple champion du monde. Leur autre point commun ? Un penchant pour l'alcool. Si Ronnie Rocket s'est rangé passée la quarantaine, il a mené une vie totalement dissolue pendant une quinzaine d'années.
Lors d'une soirée dans la propriété de Ron Wood, O'Sullivan et White ont joué au snooker toute la nuit sous l'emprise de l'alcool. Selon le premier, un vrai festival. "Jimmy enchaînait century sur century, moi pareil, écrit-il dans son autobiographie. On réussissait tout. On jouait comme des dieux. Nous n'avons sans doute jamais été aussi brillants que cette nuit-là. Malheureusement, il n'y avait qu'une poignée de Rolling Stones pour le voir." Malheureusement, Malheureusement… Keith Richards, médusé, est alors venu le voir : "'Mec, tu es vraiment le Mozart du snooker', m'a-t-il dit. Je ne connais pas grand-chose à la musique classique mais, même moi, j'ai compris que c'était un sacré compliment."
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Ronnie O'Sullivan et Ron Wood en 2014.

Crédit: Getty Images

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