"Massuperman" sur l'Olympe

TOURNOI OLYMPIQUE, finale simple messieurs

Massu (Chi) bat Fish (Usa) 6-3, 3-6, 2-6, 6-3, 6-4

Le joueur de tennis Nicolas Massu a prolongé le week-end doré du Chili en remportant le simple messieurs des jeux Olympiques, dimanche à Athènes, moins de 24 heures après avoir donné à son pays sa première médaille d'or de l'histoire, tous sports confondus, dans le double.

Sa victoire sur l'Américain Mardy Fish en cinq sets et 4 heures de jeu fera à coup sûr de Massu un héros national, en raison de sa portée historique et des conditions épiques dans lesquelles elle a été obtenue.

La nuit précédente, le joueur de 24 ans avait gagné le double avec Fernando Gonzalez à l'issue d'une lutte de 3 h 44 min contre les Allemands Rainer Schuettler et Nicolas Kiefer. Le match, en cinq sets, s'était terminé peu avant trois heures du matin.

Moins de quinze heures plus tard, Massu était de nouveau sur le court pour bousculer d'entrée l'Américain et mener 5-0 comme si l'excitation du match précédent n'avait pas eu le temps de retomber. Mais le Sud-Américain, qui avait déjà joué plus de vingt heures en une semaine contre la moitié pour Fish, n'a pas tardé à être rattrapé par la fatigue.

Même avec le soutien de la quasi totalité des spectateurs, émus de le voir s'agenouiller toutes les dix minutes pour tenter de détendre ses jambes durcies, il a juste eu le temps de conclure le premier set 6-3 avant de laisser l'Américain prendre le match en mains grâce à de gros services et de belles frappes en coups droits.

Mené 2 sets à 1, Massu est pourtant parvenu contre toute attente à retourner encore la situation, en puisant d'ultimes ressources dans sa fierté d'écrire une des plus belles pages sportives de l'histoire de son pays. Car avec ses deux titres, Massu, 14e mondial et vainqueur de seulement quatre tournois de l'ATP, a mis fin à 108 ans d'attente.

Depuis 1896, les Chiliens étaient partis en quête d'or et n'avaient ramené que des métaux moins précieux, et encore en petite quantité, six fois l'argent et trois fois le bronze.

Avec un brin de superstition, on aurait pu y voir une malédiction remontant à la "découverte" du pays, au XVIe siècle, lorsque les conquistadors espagnols venus pour l'or n'avaient trouvé que du cuivre, la première richesse du Chili d'aujourd'hui.