Brisbane - Rafael Nadal, l'ombre d'un doute : "Je dois voir comment je me réveille demain"

Le plaisir de l'habitude est plus doux que celui de l'inattendu. Alors, après deux matches à l'avoir vu éparpiller ses adversaires, envoyer des coups droits comme au bon vieux temps et défendre aux quatre coins du court, on avait fini par se dire qu'il était de retour en pleine bourre, fidèle au poste. Sauf que même quand on s'appelle Rafael Nadal, s'éloigner des courts durant un an pour soigner son corps implique nécessairement des hauts et des bas. La réalité a rattrapé tout le monde à Brisbane ce vendredi quand il a fallu s'engager dans le premier vrai combat de la semaine, en quart de finale, face à un Jordan Thompson plein de confiance.

Face à l'Australien, les reprises d'appui et les courses vers l'avant de l'Espagnol étaient plus marquées. Après tout, quoi de plus normal. Piocher physiquement après trois heures de jeu, plus de onze mois sans jouer et à 37 ans, c'est un processus logique même pour un monstre comme Nadal. Mais plus que la défaite en trois sets (5-7, 7-6, 6-3), les trois balles de match ratées ou son manque de coffre en fin de rencontre, c'est bien le temps mort médical réclamé lors de la dernière manche et la mine soucieuse de son camp qui ont figé les esprits et raidi les espoirs de le voir défendre ses chances à Melbourne.

Un nouveau coup dur ? Une rechute ? Il est encore trop tôt pour se prononcer mais Nadal n'a pas complètement chassé les nuages en conférence de presse et s'il n'était pas abattu, une nouvelle interrogation l'accompagne désormais après deux premiers matches qui avaient pleinement convaincu. "Le problème se situe à un endroit similaire à celui de l'année dernière, a-t-il précisé d'entrée. Je veux dire que ce n'est pas du tout la même chose que l'an dernier, parce que quand c'est arrivé, j'ai senti quelque chose de plus radical immédiatement. Aujourd'hui, je n'ai rien senti. Le seul problème est que l'endroit est le même, donc on a un peu plus peur que d'habitude. Je dois voir comment je me réveille demain, mais j'espère pouvoir m'entraîner la semaine prochaine à Melbourne. Honnêtement, je ne suis sûr de rien à 100%."

L'ancien numéro 1 mondial espère d'abord et avant tout que l'alerte n'est que musculaire. "Dans un monde idéal, la meilleure chose serait que les muscles soient super-chargés après l'effort de ces trois jours et un match difficile comme celui d'aujourd'hui, a-t-il continué. Ce serait la meilleure chose qui puisse arriver et ce serait un processus normal après une année sans jouer. J'espère que demain ou après-demain, la sensation que j'ai maintenant disparaîtra. Si je ne me sens pas mieux, je passerai des examens et nous verrons".

Ce match de vendredi pose nécessairement la question de la suite. S'il s'aligne à l'Open d'Australie, aura-t-il les capacités nécessaires pour encaisser l'enchaînement de matches au meilleur des cinq sets ? "Comme je l'ai dit, je ne suis pas venu ici pour gagner des tournois, a-t-il rappelé. Je suis juste venu ici pour essayer de revenir et de le faire de manière positive. C'était très positif." Personne ne sait aujourd'hui si Nadal redeviendra un jour le joueur dominant et sans faille qu'il fut. Et si c'est le cas, une chose est certaine en revanche, la route est encore très longue.