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ATP Cincinnati : Endurci par les épreuves, le nouveau Borna Coric est arrivé

Maxime Battistella

Mis à jour 19/08/2022 à 22:34 GMT+2

MASTERS 1000 CINCINNATI - Longtemps annoncé comme l'un des fers de lance de la "Next Gen" mais freiné par une grave blessure à l'épaule droite, Borna Coric connaît une résurgence spectaculaire cette semaine dans l'Ohio où il a renoué avec les quarts de finale en Masters 1000 pour la première fois depuis 2018. Une renaissance qu'il ne doit qu'à lui-même et à son travail malgré les coups durs.

Sur sa lancée, Coric a marché sur Bautista Agut : le résumé

Il a longtemps été porté disparu. Lâché comme tant d'autres - le Sud-Coréen Hyeon Chung par exemple - par son corps, et plus précisément son épaule droite, Borna Coric aurait pu tout laisser tomber. Mais ce n'est pas dans son caractère et bien lui en a pris. Car cette semaine à Cincinnati, le Croate de 25 ans, pourtant retombé à une peu flatteuse 152e place mondiale, a rappelé au monde du tennis quel formidable joueur il pouvait être.
Son succès spectaculaire contre Rafael Nadal (7-6, 4-6, 6-3), actuel numéro 3 mondial, en près de trois heures au 2e tour l'a évidemment remis en pleine lumière. Et ce même si l'attention s'est naturellement portée sur la défaite du Majorquin, qui faisait son grand retour à la compétition un peu plus d'un mois après son retrait de Wimbledon à cause d'une blessure aux abdominaux. Le Taureau de Manacor n'était certes pas dans sa forme la plus étincelante, mais il fallait bien porter l'estocade, ce dont s'était montré incapable Taylor Fritz en quart de finale sur le gazon du All England Club.
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Nadal pris de court, Coric de retour : le résumé du match

Un niveau de jeu qui rappelle son apogée en 2018

La performance de Coric a été d'autant plus remarquable qu'elle n'est pas restée sans lendemain. Jeudi, en huitième de finale, le Croate a fait plus que confirmer en étouffant littéralement Roberto Bautista Agut (19e à l'ATP) en deux sets (6-2, 6-3), sans oublier qu'il avait aussi dominé le jeune et talentueux Lorenzo Musetti (7-6, 6-3) pour entamer son tournoi.
Le Croate a donc enregistré trois victoires consécutives sur des membres du Top 30 dont la 10e de sa carrière sur un Top 5, produisant une qualité de tennis rappelant sa meilleure saison sur le circuit en 2018. Lors de cet exercice terminé au 12e rang mondial, il avait notamment atteint la finale du Masters 1000 de Shanghaï et gagné la Coupe Davis contre la France en finale.
Retrouver de telles sensations avait d'ailleurs quelque chose d'inespéré tant les galères s'enchaînaient pour lui ces deux dernières années. "Ce n'est pas facile de passer des heures en salle de gym, de ne pas voir de grandes améliorations et parfois de réaliser que vous n'êtes vraiment pas près de rejouer au tennis. Je faisais tout ça pour rejouer et parfois je ne voyais pas la récompense arriver", confiait-il d'ailleurs au site de l'ATP en mars dernier pour son grand retour à la compétition à Indian Wells où il avait été battu au 1er tour par Alejandro Davidovich Fokina (6-7, 6-0, 7-5).
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Sur sa lancée, Coric a marché sur Bautista Agut : le résumé

Cela faisait alors plus d'un an qu'il n'avait pas joué sur le circuit ATP à cause de cette maudite épaule droite. Fatigué d'en souffrir, il avait arrêté les frais en mars 2021 après une demi-finale à Rotterdam perdue contre Marton Fucsovics. Deux mois plus tard, en mai, malgré du repos et des soins, il était contraint d'opter pour l'opération. L'intervention chirurgicale fut un succès, réglant le problème majeur. Mais le plus dur était à venir : une longue et périlleuse rééducation pour espérer renouer avec sa passion.

Une patience salvatrice en rééducation et face au deuil

"Le moment le plus délicat, c'est quand j'ai repris le tennis. J'avais encore mal, je ne me sentais pas bien sur le court, je ne pouvais absolument pas servir. J'étais vraiment dans le dur pendant quelques mois, pour être honnête. Heureusement, quand je suis allé en Australie, j'ai travaillé avec un super kiné en plus du mien. On est restés là-bas deux mois et demi. Ça m'a remis sur pied", a-t-il aussi confié à nos confrères de L'Equipe.
Et comme si tout cela n'était pas assez dur, le Croate a aussi dû faire face pendant cette période à la perte du coach qui l'avait mené aux portes du Top 10, Kristijan Schneider, victime d'un cancer. De quoi lui faire prendre un sacré recul et changer son regard sur sa carrière. S'il n'a pas vraiment évolué sur le plan tennistique, le Borna Coric 2022 n'a plus grand-chose à voir dans l'état d'esprit avec celui qui faisait sensation pour sa précocité en 2014 (plus jeune membre du Top 100 alors, avant ses 18 ans) et qui n'hésitait pas à bomber le torse, expliquant alors vouloir déjà rivaliser avec le "Big 4".
Retrouver simplement le plaisir de jouer sur le circuit en bonne santé, tel était l'objectif modeste depuis son retour en mars. Encore craintif vis-à-vis de son épaule notamment au service et en manque de rythme, il n'avait gagné que 4 petits matches sur le circuit principal (pour 8 défaites) avant de débarquer dans l'Ohio. Humble et patient, il a aussi regoûté aux Challengers, remportant même celui de Parme sur terre battue en juin dernier, une première étape fondamentale dans sa quête de confiance. Prudent quant à son épaule, il a d'ailleurs fait l'impasse sur Wimbledon dans la foulée.
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Borna Coric lors du Masters 1000 de Cincinnati 2022

Crédit: Getty Images

J'en profite plus que quand j'avais 17 ou 18 ans
De retour sur son dur chéri, Coric a donc poursuivi sa montée en puissance dans l'ombre, ravi de pouvoir à nouveau défier Rafael Nadal, contre lequel il a désormais un bilan positif (3-2). Une victoire au combat qui récompense sa persévérance et pourrait bien être un déclic. "Vous avez besoin de souffrir parfois. C'est pour cette raison que je m'entraîne beaucoup sous forte chaleur et que j'essaie de tenir le plus longtemps possible. Comme ça, dans les matches au couteau, ce n'est peut-être pas aussi dur que si je ne le faisais pas", a-t-il encore considéré.
Ses 16 aces (pour une double faute) contre Roberto Bautista Agut en huitième ont montré qu'il avait aussi repris confiance au service, une arme indispensable pour retrouver son ambition d'antan. Après tant d'épreuves, Coric sera même mieux armé mentalement que lorsqu'il était l'un des emblèmes de la Next Gen. Et ce même s'il doit désormais, et jusqu'à la fin de sa carrière, prendre soin de son épaule avant chaque match. "Je ne pense pas que ce soit un immense sacrifice de devoir travailler une demi-heure de plus pour jouer au tennis, pour faire ce qu'on aime. J'en profite encore plus que quand j'avais 17 ou 18 ans."
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