ATP 500 - Dallas, l’ancienne place forte du tennis reprend vie

Dallas, février 1989. Dans un des matches de l’année, John McEnroe bat Ivan Lendl en quatre sets en demi-finale du WCT. Sa première victoire sur son rival depuis 1985. Lendl vient pourtant de triompher en Australie pour redevenir numéro un mondial. Ce sera le dernier succès de Big Mac sur le Tchécoslovaque. Dans la foulée, il domine Brad Gilbert en finale et décroche son cinquième titre au Texas. C’est le chant du cygne du génial gaucher, mais c’est aussi celui du rendez-vous de Dallas. Le WCT vit sa dernière édition.

Depuis 1971, le circuit WCT, parallèle à celui de l’ATP, organisait ses "Finals", son propre Masters. Aussi lucratif que prestigieux, les WCT Finals de Dallas étaient devenus un rendez-vous incontournable. Puis, après 1989, plus rien. Il faudra ensuite attendre 2022 pour voir un tournoi ATP organisé à nouveau à Dallas. Un 250 sans grande envergure, calé au mois de février. La renaissance du Dallas Open (organisé jusqu'en 1983 par l'ATP en plus des finales WCT) s'est faite par la petite porte. Mais tout va changer.

Malgré sa jeunesse, Dallas n'aura mis que trois petites années pour être "upgradé". Le 250 texan devient un ATP 500 en 2025. Le deuxième, seulement, aux Etats-Unis, avec Washington. Le sixième en février (sur 16 au total dans le calendrier), avec Rotterdam (la même semaine), Rio de Janeiro, Doha et Acapulco et Dubaï. L'ATP a voulu faire de février LE mois du 500. Dallas en a profité. Changement de statut, de standing et de lieu.

Le Dallas Open a une nouvelle maison. Après avoir passé les trois dernières années au complexe tennistique de SMU (South Modern University), au nord de Dallas, le tournoi pose ses valises à Frisco, au Ford Center at The Star, le quartier général et centre d'entraînement des Dallas Cowboys, la franchise la plus riche de la NFL. Les courts, dont le central, y ont été aménagés. Les Cowboys sont impliqués dans l'organisation pour les cinq prochaines années, de quoi stabiliser l'assise du tournoi. Les courts seront d'ailleurs aux couleurs de l'équipe, en bleu et gris.

Reste maintenant à ancrer ce nouvel écrin dans une forme de tradition longtemps perdue à Dallas. Pour cette première édition estampillée 500, le tournoi texan est en concurrence avec Rotterdam, qui avait réussi un énorme coup en attirant les vainqueurs des cinq derniers tournois du Grand Chelem, Jannik Sinner et Carlos Alcaraz. L'Italien a finalement renoncé, éprouvant le besoin de récupérer après l'Open d'Australie, mais la semaine néerlandaise, gérée par Richard Krajicek, a encore un temps d'avance en termes d'attractivité pour une partie du plateau.

Dallas possède toutefois un atout de poids : l'excellente santé du tennis américain. Ils sont sept dans les 45 premiers du classement ATP et tous sont présents à Dallas, dont Taylor Fritz (4e mondial), Tommy Paul (9e), Ben Shelton (14e) et Frances Tiafoe (18e). Si Andy Roddick attend toujours un successeur en Grand Chelem depuis 2003, ces quatre-là sont tous finalistes ou demi-finalistes dans les tournois majeurs.

"Si le tournoi a pu gagner ce nouveau statut, c'est en grande partie grâce à la très bonne forme du tennis américain, estime John Isner. Le tennis US n'a probablement pas été aussi excitant depuis 15 ans. Il a une grande force d'attractivité." Dallas en profite, d'autant que tous tenaient à être au rendez-vous. Cela dit, grâce à la présence Casper Ruud (N°6 à l'ATP), trois membres du Top 10 sont là. Le Tchèque Tomas Machac a également fait le déplacement, évitant au tournoi indoor texan d'avoir un côté trop "Championnat des Etats-Unis".

Tout est donc réuni pour que Dallas reprenne une place significative dans le calendrier ATP. La réussite de cette première édition version 500 déterminera son ampleur exacte. Mais avec un peu plus de trois millions de dollars de prize money globale, seul Dubaï est plus richement doté parmi les six tournois 500 du mois. Dallas frappe déjà plus fort que Rotterdam, Rio et Acapulco et autant que Doha. Ce n'est pas encore le rendez-vous incontournable des WCT Finals de jadis, mais c'est un sacré premier pas.