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Masters Turin 2021 - L'antisèche : Zverev comme on l'aime

Laurent Vergne

Mis à jour 21/11/2021 à 09:29 GMT+1

ATP FINALS - Audacieux, courageux, intelligent tactiquement et, globalement, légèrement au-dessus de Novak Djokovic sur l'ensemble de la rencontre, Alexander Zverev a signé une victoire marquante et méritée samedi soir sur le numéro un mondial (7-6, 4-6, 6-3). Le revoilà donc en finale du Masters pour la deuxième fois. Mais la dernière marche, nommée Medvedev, promet d'être au moins aussi haute.

Alexander Zverev.

Crédit: Getty Images

Le pourquoi du comment

Alexander Zverev a été impliqué dans les deux meilleurs matches de ce Masters 2021 jusqu'ici. Frustré in extremis en poule contre Daniil Medvedev, il a dû après cette défaite se coltiner Novak Djokovic en demi-finale. Ce n'était pas un cadeau, mais l'Allemand a encore livré une rencontre remarquable. Et cette fois, il a quitté le court en vainqueur. Ce succès en trois sets (7-6, 4-6, 6-3), il l'a amplement mérité. Le meilleur a gagné samedi soir. Ce n'était pas du mauvais Djokovic, même si on a connu le numéro un mondial plus tranchant à l'échange, et plus "tueur" sur les points importants. Ce fut, en revanche, du grand Zverev.
La remarque vaut particulièrement pour le premier set, au cours duquel il a produit un tennis d'exception. La suite s'est parfois avérée plus complexe et un poil plus sinusoïdale. Mais jusqu'au bout, à l'image de ce jeu blanc dégoulinant de confiance et d'autorité pour achever la bête et composter son billet pour la finale, Zverev s'est montré conquérant. On l'avait quitté un brin cramé à Bercy, où Medvedev l'avait ramassé à la petite cuillère en demi-finales, mais à Turin, il a retrouvé du peps et de l'envie.
C'était bien le nouveau Zverev à la manœuvre samedi soir. Celui qui a changé de dimension depuis son titre olympique cet été. Celui qui se fait violence pour coller à sa ligne de fond autant que possible, refusant de céder du terrain. Même à Novak Djokovic. Dans cette demi-finale, surtout dans sa première moitié, il a dominé le Serbe à l'échange, ce qui n'est tout de même pas donné à tout le monde. Il faut saluer aussi l'effort fourni au plan mental. Du premier au dernier point, sa concentration n'a jamais baissé la garde et il n'a cédé ni à ses rares moments de frustration, ni à son propre stress.
Si elle n'aura sans doute pas la même portée que celle des Jeux de Tokyo, cette demi-finale est peut-être plus impressionnante encore. Aux Jeux, Djokovic s'était totalement liquéfié après avoir largement mené pendant un set et demi. Oui, le futur champion olympique avait été fort, mais c'est aussi le poids d'une double usure physique et mentale qui avait enseveli le "Djoker" au Japon. Là, le scénario fut moins "bizarre", plus linéaire et cohérent, imposant un Zverev dense et dominateur. Le Zverev que l'on aime voir.

Le moment-clé

Deux pour le prix d'un. Alexander Zverev a connu trois jeux de service vraiment compliqués dans ce match. Sur le deuxième, il a concédé son unique break de la soirée, permettant à Novak Djokovic de recoller à une manche partout. Mais sur les deux autres, l'Allemand a remarquablement tenu la baraque. A 5-4 contre lui dans le premier acte, mis pour la première fois sous pression, il a écarté une balle de break en forme de balle de set sur une grosse première balle avant de s'en sortir.
Puis dans le set décisif, dans un contexte bien différent puisqu'il avait pris les devants pour mener 4-2, c'est sa propre nervosité qu'il est parvenu à surmonter. Certes, Djokovic l'a un peu aidé, mais écarter ces deux balles de break à 15-40, c'était fort. Et comme souvent dans ce match, il n'a pas hésité à servir une deuxième-première pour conclure cette séquence délicate. A l'arrivée, ces deux jeux pèsent lourd.
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Alexander Zverev.

Crédit: Getty Images

Les stats du match : 63% et 41%

Le pourcentage de points gagnés sur leur second service. 63% pour Zverev, 41% pour Djokovic. Difficile de ne pas considérer que ce secteur du jeu a été déterminant. Pour le petit frère de Mischa, cette statistique traduit deux choses : d'abord la qualité intrinsèque de sa mise en jeu. On l'a vu, souvent, appuyer très fort sur sa deuxième balle, un peu comme Medvedev avait su le faire en finale de l'US Open. C'est un risque, mais c'est aussi le meilleur moyen de neutraliser autant que possible la qualité de la relance de Djokovic, que chacun sait exceptionnelle.
Mais cela en dit aussi long sur le rapport de force entre les deux hommes à l'échange. Que Djokovic ait gagné si peu de points sur sa seconde ne signifie pas que son service était déficient samedi soir. Pour preuve, il a été d'une efficacité presque totale en première balle (87% de réussite). Mais lorsque l'échange s'est engagé, il a plus souvent qu'à son tour été pris dans la tenaille qu'il impose habituellement à ses adversaires.

La décla : Alexander Zverev

"On s'est joué cinq fois cette saison. A chaque fois, ça a été une grosse bagarre. Et je veux dire une chose : personne ne devrait être plus respecté au monde que Novak. On est des gars émotifs, on n'est pas toujours parfait sur le court dans notre comportement, mais il faut apprécier ce qu'il a réalisé, parce que c'est incroyable. Les gens ne doivent pas oublier ça."
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Alexander Zverev, tombeur de Novak Djokovic en demi-finale du Masters de Turin.

Crédit: Getty Images

La question : Zverev peut-il enchaîner ?

Daniil Medvedev a dû apprécier le spectacle. Il a dû le savourer d'autant plus qu'il a regardé cette seconde demi-finale tranquillement installé dans sa chambre d'hôtel. Qualifié de façon express dès le milieu de l'après-midi après avoir renvoyé Casper Ruud à ses études, le Russe va bénéficier d'un temps de récupération largement supérieur à Zverev, qui a joué une heure de plus et sept heures plus tard. Sans parler de la débauche d'énergie consentie pour venir à bout de Novak Djokovic.
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Plus puissant, plus solide, Zverev n'a laissé aucune chance à Djokovic

Un malheur ne venant jamais seul, la finale a cette année été avancée. Elle ne se tiendra pas en soirée mais dans l'après-midi (pas avant 17h00). S'il veut décrocher son deuxième Masters, le numéro 3 mondial est donc contraint à un double exploit : enchaîner face à Medvedev après avoir vaincu Djokovic. Un esprit non averti pourrait se laisser aller à penser qu'il a fait le plus dur. Mais Medvedev constitue pour lui une équation au moins aussi complexe à résoudre. Il reste sur cinq revers contre le protégé de Gilles Cervara, qu'il n'a plus battu depuis deux ans.
Sa dernière défaite en date n'est vieille que de quelques jours. C'était mardi, lors d'un match de poule qui a valu cher puisqu'il a orienté son vainqueur vers Ruud et son perdant sur Djokovic. Pourtant, Zverev aurait tort de ne pas en retirer des enseignements encourageants. S'il ne paie pas la note physiquement, s'il se montre aussi costaud dans la tête que face à Djokovic, et s'il ne coince pas au moment où Medvedev sera au bout de sa raquette, alors il peut aller chercher ce titre. Cela fait beaucoup de "si", mais le titre est à ce prix.
Sur ce qu'il a montré tout au long de cette semaine, il serait surprenant, et pour tout dire décevant, que cette finale ressemble davantage au cavalier seul de Bercy qu'au combat acharné du Pala Alpitour cinq jours plus tôt.
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Cette fois, Medvedev a eu chaud, mais il a encore eu le dernier mot

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