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ATP Finals 2023 | L'antisèche de Djokovic-Sinner : Il ne fallait pas l'inviter

Maxime Battistella

Mis à jour 19/11/2023 à 21:45 GMT+1

Novak Djokovic s'est adjugé un 7e titre record au Masters dimanche en dominant sans état d'âme Jannik Sinner en finale (6-3, 6-3), et ce malgré un public acquis à la cause de son adversaire à Turin. Le Serbe a montré, une fois de plus, qu'il était intouchable quand il était en mission, d'autant plus qu'il avait un compte à régler contre Jannik Sinner qui l'avait battu puis sauvé en poules.

La carotte et le bâton : Sinner n'avait plus les armes pour stopper Djokovic

Le pourquoi du comment

Une fois mais pas deux. Piégé en phase de groupes par Jannik Sinner voici cinq jours, Novak Djokovic a pris une éclatante revanche dimanche en finale. Et connaissant l'animal, il faut bien avouer que c'est tout sauf une surprise. Le Serbe n'est jamais aussi fort que quand il a l'occasion de remettre les pendules à l'heure et son jeune rival italien l'a appris à ses dépens. Tout le paradoxe de cette histoire réside dans un constat : si Sinner n'avait pas joué le jeu jusqu'au bout dans le groupe vert en arrachant la victoire contre Holger Rune, le numéro un mondial n'aurait pas été au rendez-vous du dernier carré.
Est-ce à dire que le protégé de Simone Vagnozzi et Darren Cahill a creusé sa propre tombe en maintenant en vie le Serbe ? Sans doute, même s'il est impossible de savoir si Sinner aurait soulevé le trophée en affrontant un autre joueur en finale. Mais c'est en donnant tout que l'on franchit des caps et cette philosophie permettra sûrement à l'Italien d'aller bien plus haut. Il est bien plus intéressant de souligner l'extraordinaire capacité de Djokovic à élever son niveau de jeu quand l'enjeu et l'adversité sont aussi plus grands.
Comme face à Carlos Alcaraz en demie, il a étouffé son challenger d'entrée par sa longueur de balle, sa précision diabolique au service et à la relance et sa constance. Il a aussi et surtout envoyé un message d'entrée en frappant fort dans la balle à la moindre occasion, se montrant le plus agressif sur le court, un domaine dans lequel il avait été moins performant lors de sa défaite en poules, de son propre aveu. Lors de ses quatre premiers jeux de service, il avait déjà frappé 6 aces (13 en tout), une manière d'affirmer aussi son autorité. C'est cette capacité à s'ajuster, à ne pas refaire les mêmes erreurs et ce degré d'exigence qui le distinguent.
Breaké rapidement dans les deux sets et sans solution, Sinner était K.-O. debout. Aurait-il pu mieux jouer, mieux servir, mieux bouger ? Certainement. Mais le mérite en revient avant tout à Djokovic qui a tout fait pour l'éteindre, le subjuguer. Si l'Italien pouvait nourrir un micro-regret, ce serait de n'avoir pas su retourner sur ses deux uniques balles de débreak à 3-2 contre lui dans le second set. Il a manqué certainement de fraîcheur physique et de lucidité dans ce moment. Mais encore une fois, ces erreurs sont aussi arrivées parce le Djoker l'avait mis dans l'urgence par sa pression constante.

Le moment-clé

Dans une finale à sens unique, il est difficile d'estimer qu'il y a eu un point de bascule. Mais il faut avouer que les circonstances du premier break de la partie n'ont pas aidé Jannik Sinner. A 1-1, égalité sur son service, un coup droit de l'Italien a été considéré trop long par un juge de ligne. L'Italien doutait mais n'a pas demandé le "challenge". Or, le "hawk-eye" a révélé aux téléspectateurs que la balle accrochait en fait un bout de ligne. Après une nouvelle faute en coup droit sur le point suivant, Sinner cédait pour la première fois son engagement.
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Un challenge pas demandé : L'énorme erreur de Sinner qui a coûté le 1er set

En aurait-il été autrement si le numéro 4 mondial avait eu la lucidité de demander la vérification et avait pu rejouer le point ? Nul ne le sait. Mais la pression de Djokovic était déjà intense et il n'y avait pas vraiment photo dans ce début de finale. Sinner a donc ensuite manqué l'occasion de débreaker dans le second set à 3-2, puis n'a pas été non plus efficace à 4-3, 0/30 à la relance. Mais la tendance de la partie était déjà claire.

La stat à retenir : 3

Avant cette finale, en quatre matches, Jannik Sinner n'avait été breaké qu'à deux reprises sur 58 jeux de service (soit 97 % de réussite). Mais ce dimanche, l'Italien a perdu son service trois fois, soit plus que pendant le reste du tournoi. Cela en dit long sur la performance de Djokovic à la relance. Et comme le Serbe a été aussi redoutable au service (91 % de réussite sur sa première, soit 3 points perdus sur 32, 8 en tout sur ses engagements), l'affaire n'a pas fait un pli.

La décla : Jannik Sinner

"Faire un petit Chelem et gagner le Masters, que dire ? Novak, tu es une inspiration pour tous les joueurs, en termes de professionnalisme. Je me suis beaucoup amélioré ces deux-trois derniers mois en jouant contre les meilleurs régulièrement, et même tout au long de la saison. On a vu aujourd'hui (dimanche) qu'il me restait encore beaucoup de progrès à accomplir. Mais j'ai commencé l'année en étant un joueur, et je l'ai finie dans la peau d'un autre."
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Djokovic à Sinner en italien : "Tu seras n°1 mondial un jour"

La question : La marge de Djokovic est-elle plus grande que jamais ?

Après la phase de poules, Novak Djokovic était toujours le favori logique de ce Masters mais il avait perdu quelques plumes. Après avoir passé 8h18 sur le court en trois matches car à chaque fois poussé au bout des trois sets et même battu par Jannik Sinner, le Serbe ne semblait plus si souverain. Et le plateau qui l'attendait dans le dernier carré était autrement plus relevé que l'an passé. Mais ni Carlos Alcaraz ni Jannik Sinner n'ont fait mieux que Taylor Fritz et Casper Ruud en 2022.
A vrai dire, ils ont même fait moins bien en termes de jeux gagnés, mais pas parce qu'ils ont moins bien joué que leurs prédécesseurs américain et norvégien, loin s'en faut. Non, s'ils se sont lourdement inclinés, c'est parce que Novak Djokovic était sur sa planète, dans sa dimension. Quand il évolue à ces altitudes, dans la "zone", il donne l'impression de ne rien pouvoir rater, de téléguider ses balles près des lignes pour agresser et étouffer ses rivaux avec une régularité ahurissante. Sa performance dimanche n'était pas sans rappeler celle de la finale de l'Open d'Australie 2019 où il avait relégué par moments Rafael Nadal au rôle de "sparring-partner".
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Une balle de titre à l'image de la finale : Comment Sinner a offert le Masters à Djokovic

Or, Alcaraz comme Sinner, aussi forts soient-ils déjà, n'ont pas à ce stade de leur carrière l'aura d'un Nadal et c'est bien normal. L'écart les séparant ces deux derniers jours de la référence mondiale absolue en désespérerait plus d'un. A 36 ans, Djokovic ne donne aucun signe de fléchissement : quand il joue son meilleur tennis et avec son expérience, il ressemble plus que jamais à une montagne quasiment impossible à gravir, y compris pour une jeune génération très prometteuse.
Cette semaine, Djokovic a fait ce qu'il adore répéter en conférence de presse : botter les fesses des jeunes loups Holger Rune, Carlos Alcaraz et Jannik Sinner destinés à dominer le circuit dans les années à venir. Mais à ce rythme, il leur faudra encore s'armer de patience ou progresser dans des proportions inédites jusqu'ici pour détrôner un roi, peut-être plus incontestable que jamais.
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