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Alexander Zverev trop grand pour le gazon ? "Il n'a pas encore trouvé son style de jeu"

Maxime Battistella

Mis à jour 23/06/2023 à 13:16 GMT+2

En quart de finale à Halle devant le public allemand, Alexander Zverev semble avoir bien digéré la transition sur gazon. De plus en plus proche de son meilleur niveau un an après sa grave blessure à la cheville, le champion olympique doute pourtant de ses chances à Wimbledon à cause de son gabarit. Un argument qui étonne son illustre aîné Boris Becker, triple vainqueur au All England Club.

Alexander Zverev à Halle en 2023

Crédit: Getty Images

L'opération reconquête a officiellement débuté pour Alexander Zverev. En défendant les points de sa demi-finale à Roland-Garros un an après s'être déchiré trois ligaments de la cheville droite sur le court Philippe-Chatrier, l'Allemand a bouclé la boucle et vu d'une certaine façon la lumière au bout du tunnel. A partir de cette semaine, il ne pourra donc que gagner des points d'ici la fin de saison puisqu'il avait été éloigné des courts fin 2022. Déjà en quart de finale à Halle, l'actuel 22e mondial peut espérer une belle remontée au classement.
L'optimisme et l'ambition sont donc de retour. Avec une nuance toutefois sur le très court terme, comme il avait averti en conférence de presse à Roland-Garros quand on lui avait demandé s'il sentait à nouveau qu'il pouvait aller au bout dans un tournoi du Grand Chelem. "Oui, j'ai l'impression d'en être capable désormais. Peut-être pas à Wimbledon, parce que… eh bien, ça se joue sur gazon et donc c'est plus difficile pour moi. Mais en général, c'est l'état d'esprit que j'aurai dans le futur."
Ce n'est pas à cause de la taille, sinon Raonic, Ivanisevic et Krajicek n'auraient rien gagné sur gazon
Et Zverev de préciser sa pensée il y a quelques jours dans un entretien au quotidien allemand Bild, s'estimant "trop grand" pour la surface. Culminant à 1 mètre 98, le champion olympique est de fait plus en difficulté quand il doit plier ses longs segments. Les rebonds (plus) bas et l'efficacité du slice qui permet aux balles de fuser davantage sur herbe sont effectivement moins à son avantage. Et avec deux huitièmes de finale en 2017 et 2021 comme meilleurs résultats, Wimbledon est clairement le Majeur où il est le moins à l'aise, car dans les trois autres, il a au moins atteint le dernier carré.
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Mais l'excuse de Zverev ne convainc pas Boris Becker. "Je ne le comprends pas, ce n'est pas à cause de la taille. Si c'était le cas, Raonic n'aurait jamais rien gagné sur gazon, et ne parlons pas des Ivanisevic, Krajicek et de tous les joueurs de plus d'1 mètre 95. Je pense qu'il n'a pas trouvé encore son style de jeu et que c'est la raison de ses difficultés. Il se sent mal à l'aise sur gazon, et ça a quelque chose à voir avec son jeu de jambes et son style de jeu. Il faut jouer d'une manière différente sur gazon, par rapport à la terre battue ou au dur, et il faut s'entraîner spécifiquement. On ne peut pas se contenter de quelques tournois, il faut faire des séances d'entraînement sur gazon", a insisté le triple vainqueur de Wimbledon dans son podcast "Das Gelbe vom Ball" sur Eurosport Allemagne.
D'ailleurs, le tableau n'est pas si apocalyptique que cela sur herbe pour Zverev. S'il n'a remporté aucun de ses 19 titres sur gazon, il a quand même atteint deux fois d'affilée la finale à Halle, en 2016 et 2017. La première année, il avait même battu Roger Federer - certes diminué alors par un genou douloureux - en demie pour y parvenir, avant de subir le courroux du Suisse remonté à bloc lors de l'édition suivante. A l'époque, "Sascha" avait respectivement 19 et 20 ans : de tels résultats si tôt sur une surface qui fait la part belle à l'expérience semblaient donc plutôt indiquer des prédispositions intéressantes.

Un travail spécifique et... psychologique pour détruire le complexe

Expert dans le domaine, Becker ne voit donc pas de fatalité dans les performances décevantes de son jeune compatriote depuis. "Tout commence par le jeu de jambes. Au début, on ne peut pas se déplacer normalement sur gazon parce qu'on glisse. Ça signifie que les premiers jours d'entraînement, on joue peu avec la balle, et on se concentre sur les glissades ? Comment glisser sur herbe ? Devrais-je d'ailleurs glisser ou pas ? Ensuite, il y a la question du service et du retour qui sont les deux coups les plus importants sur gazon. Donc s'il faut s'entraîner dans du sable pour travailler ses appuis, il faut aussi le faire sur herbe. Et alors, Sascha Zverev apprendra aussi."
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A l'image de Daniil Medvedev sur terre battue, Alexander Zverev s'est donc sûrement construit tout seul des obstacles psychologiques sur gazon avec le temps. Et s'il ne s'y sentira peut-être jamais aussi à l'aise que sur dur et sur terre, il ne tient qu'à lui de se convaincre qu'il peut les abattre en s'y attelant avec détermination. Vendredi en quart à Halle, il affrontera d'ailleurs un adversaire de la même taille que lui qui a montré, en battant Stefanos Tsitsipas au tour précédent, qu'être grand n'était pas rédhibitoire pour briller.
Si Zverev peaufine son slice et sa volée, des coups il est vrai moins naturels pour lui, il a tous les atouts – sa qualité de 1ère balle et sa puissance notamment – pour incarner une réelle menace au All England Club. Peut-être d'ailleurs que ce relatif manque d'ambition sur gazon pourrait être son plus puissant allié. Une manière de se débarrasser totalement de la pression pour pouvoir mieux surprendre.
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