US Open 2025 - 3e tour - Alexander Zverev, le mur en pleine face

Alexander Zverev n'en finit plus de décevoir. Pour la première fois depuis sept ans, il vient d'enchaîner deux tournois du Grand Chelem sans atteindre la seconde semaine. Sorti d'entrée à Wimbledon, il a été éjecté du tableau samedi soir en 16es de finale par Félix Auger-Aliassime, en quatre sets (4-6, 7-6, 6-4, 6-4). Depuis le traumatisme de la finale de l'Open d'Australie, il n'y arrive plus.

Alexander Zverev tombe encore de haut.

Crédit: Getty Images

Il ne faut jamais dire jamais. Alexander Zverev remportera peut-être un tournoi du Grand Chelem, un jour. Mais si ce n'est pas le cas et, pour être tout à fait clair, c'est davantage vers cette direction que sa trajectoire semble l'emmener, l'année 2025 restera sans doute comme un tournant définitif. Le moment où même lui a peut-être compris, voire admis, que le principal titre auquel il pourrait prétendre à l'heure de la postérité serait purement honorifique : celui de meilleur joueur de l'histoire à ne pas avoir gagné de Grand Chelem. Une forme de consécration mémorielle, quand bien même ce n'était pas celle de ses rêves d'enfance et de ses ambitions de champion.
Ces derniers mois ont changé beaucoup de choses. Peut-être tout. L'Allemand avait abordé 2025 rempli d'espoirs et d'ambitions. Il avait donné l'impression d'avancer à la fin de la saison précédente. Beaucoup de victoires, un titre à Bercy, un statut de numéro 2 mondial, calé entre Jannik Sinner et Carlos Alcaraz. On le voyait s'imposer des séances d'entraînement d'une heure dès la sortie du court après chaque match. Il prêchait la bonne parole. La sienne. Le chapelet de ses bonnes résolutions : être plus agressif, plus conquérant, tout ce qu'il fallait pour franchir la dernière marche.
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Tie-break crucial, FAA magistral : le résumé de la défaite de Zverev

Video credit: Eurosport

Derrière le discours restait à poser les actes, histoire de chasser les doutes. Ceux que chaque gros match laissait apparaître au grand jour, et pas seulement face à Sinner et Alcaraz, ses deux dernières cibles. À l'US Open et au Masters, c'est contre Taylor Fritz qu'il avait calé. La panne sèche, en quart de finale à New York et en demie à Turin. Cela n'augurait pas du meilleur. Disons que l'on demandait à voir. On a vu. Et on a compris. Ce Zverev-là ne gagnerait jamais un Grand Chelem, sauf à se transformer en profondeur. Or, rien n'a changé. En dépit de ses mots, les maux ont plus que jamais sauté aux yeux de tous cette saison. Même aux siens.

La finale de Melbourne, le point de rupture

Le point de rupture, c'est sans conteste la finale de l'Open d'Australie. Jusqu'à ce dimanche 26 janvier 2025, Zverev pouvait encore se réfugier derrière les apparences. Il était en finale de Grand Chelem, encore. Après New York, après Paris, Melbourne. Il venait de "battre" Novak Djokovic en demi-finale, même si l'abandon du Serbe avait largement contribué à lui ouvrir la porte. Alors, peut-être était-ce son heure, de gloire et d'histoire. Mais ce jour-là, contre Sinner, ce fut surtout l'heure de mesurer à quel point il était loin du compte. Une claque monumentale. Trois sets et un gouffre. C'était tellement plus qu'un duel entre le numéro 1 et le numéro 2 mondial. Plus qu'un chiffre, un monde séparait les deux hommes.
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Implacable Sinner, impuissant Zverev : le grand format d'une finale à sens unique

Video credit: Eurosport

Sascha Zverev avait fini en larmes et elles n'avaient pas le même goût que celle de sa première défaite en finale, quatre ans et demi plus tôt, face à Dominic Thiem devant les travées désertes car covidées du Arthur-Ashe. Si cette meurtrissure new-yorkaise, alors qu'il avait mené deux sets zéro et servi pour le titre, avait un goût très amer, elle portait aussi en elle un parfum d'espérance. Il apprendrait de cet échec, il reviendrait, son tour arriverait. Après l'acte II à Roland-Garros en 2024 contre Alcaraz, à nouveau en cinq sets, il gardait encore confiance, toujours aveuglé par ses fausses convictions.
Cette fois, à Melbourne, tout a volé en éclats. La digue des illusions a cédé pour de bon. Une vraie cassure, dont il ne s'est toujours pas relevé.  Semaine après semaine, Zverev, soudain conscient de ses failles et de ses manquements, a erré comme une âme perdue et damnée. Il lui manque trop de choses ces derniers mois. De la conviction, de la confiance, des intentions, de l'agressivité. Son problème, ce n'est plus Sinner ou Alcaraz. Il n'en est plus là. Fantomatique contre Djokovic à Roland-Garros, il a creusé, depuis, de sa défaite au premier tour à Wimbledon contre Arthur Rinderknech à celle face à Félix Auger-Aliassime, samedi soir, à Flushing Meadows.

Si Zverev reste Zverev, il n'y arrivera pas

Il dit tout et son contraire. Au sortir de certaines défaites douloureuses cette année, il s'est épanché, évoquant son mal-être sur le court et en dehors. "Je ne me suis jamais senti aussi vide, je me sens vraiment seul en ce moment" avait-il lâché à Londres. On ne dit pas ça si le mal n'est pas profond. Puis, en débarquant à New York, il versait à nouveau dans l'optimisme : "Je pense que je suis à nouveau dans la bonne direction." Il s'autorisait même à reparler d'ambition : "Je cherche toujours à soulever un de ces trucs au-dessus de ma tête".
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"S'il ne fait pas évoluer son jeu, ce sera la même histoire pour Zverev en Grand Chelem"

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Avant d'affronter Félix Auger-Aliassime, Zverev s'était même autorisé une saillie avec un sourire : "C'est quelqu'un qui, quand il joue bien, joue vraiment très bien. Mais quand il ne joue pas bien, il joue vraiment mal." Le quelqu'un en question vient de le virer du tournoi. Le Canadien lui a fait ravaler ses paroles et ses ambitions, sincères ou de circonstances. Zverev finira peut-être l'année numéro 3 mondial. Parce que le classement n'intéresse plus Djokovic. Parce que les autres ne sont pas prêts. Ou trop loin. Parce qu'il joue beaucoup et trouve le moyen d'engranger des points. Parce qu'il a toujours le jeu pour battre beaucoup de monde. Mais peu importe.
La saison prochaine, tout recommencera. L'Australie, puis Roland-Garros, et ainsi de suite. Il suffira qu'il gagne un tournoi ou deux pour reposer sur la table ses intentions les plus nobles, son discours sur ce qu'il a identifié comme ses manques, sur la nécessité de changer. Tout ce qu'il a déjà dit, mais jamais vraiment fait. Si Zverev reste Zverev, il n'y arrivera pas. Ce dont il a besoin, c'est d'un véritable examen de conscience tennistique, au prix d'une certaine franchise envers lui-même. Il ne suffit plus de dire qu'il doit se montrer plus agressif pour que son attitude sur le court change réellement. Zverev a presque toutes les armes du monde dans sa raquette. Il a presque tout, sauf l'essentiel : une vraie lucidité et une forme de courage pour faire sa révolution. D'ici là, il continuera de se prendre le mur en pleine face.
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Vers une collaboration Zverev - Toni Nadal ? "Il a surtout besoin d'un psy"

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