ATP Hong Kong - "Il me marchait dessus" : Alexandre Müller, le sacre d’un mental à part
Mis à jour 05/01/2025 à 18:03 GMT+1
Alexandre Müller a tout renversé dimanche à Hong Kong pour glaner son premier titre. Comme lors de tous ses matches de la semaine, il a remonté un set de retard contre Kei Nishikori en finale (2-6, 6-1, 6-3). La marque d'un sacré bagarreur, d'un joueur particulier qui ne lâche jamais, à l'image de sa lutte quotidienne contre la maladie de Crohn. Et à 27 ans, il espère que le meilleur est à venir.
Müller a appliqué la même recette à Nishikori : les temps forts de la finale
Video credit: Eurosport
"Rien ne sert de courir, il faut partir à point." Alexandre Müller a repris à son compte dans un post sur X (ex-Twitter) la célèbre morale de la fable de La Fontaine dans le sillage de son premier titre sur le circuit ATP dimanche à Hong Kong. Un choix de mots particulièrement heureux en ce qui le concerne, tant le rôle de la tortue lui a convenu cette semaine puisqu'il a fait systématiquement la course derrière ses adversaires. Mais aussi dans sa carrière puisque sa patience et sa détermination ont finalement payé. Ouvrir son palmarès à 27 ans n'est pas banal, surtout de cette manière.
Après Arthur Ashe en 1975 et Alexander Bublik l'an dernier, Müller est ainsi devenu le 3e joueur de l’histoire à avoir gagné un tournoi en perdant systématiquement le premier set. Mais comment a-t-il fait, surtout après avoir pris une claque d'entrée ce dimanche ? "On ne change pas une tactique qui gagne, a-t-il répondu à L'Équipe, non sans malice. On perd le premier set et après on lâche les chevaux. Au début, il me marchait dessus, il prenait la balle tôt, je n'avais pas le temps de jouer. J'ai essayé de faire le dos rond, de rester calme, de mettre plus d'intensité. Il a suffi de trois fautes de sa part, un petit break pour moi et le match a changé. S'accrocher et attendre la petite faille pour s'engouffrer dedans... En fait, il n'y avait pas d'affolement."
J'espère aller en chercher beaucoup d'autres
Une telle sérénité a de quoi bluffer. D'autant plus que Müller n'a pas l'habitude des finales, en tout cas sur le circuit ATP. C'était seulement sa deuxième, un peu moins de deux ans après avoir perdu de peu la première à Marrakech à la suite de laquelle il était entré dans le Top 100. Pendant la première partie de sa carrière, le Français était surtout un joueur du circuit Challenger où il a gagné trois titres. Y parvenir sur l'ATP Tour, c'est autre chose et il aurait pu être paralysé par l'enjeu et cette opportunité rare.
"Quand je me couche hier soir (samedi, NDLR) et que je me fais plein de films sur la finale, ça donne des frissons d'excitation dans le lit. Et finalement, tu gagnes, tu es ému sur le court en pensant à tous les efforts et les sacrifices depuis de longues années. Mais voilà, ce n'est pas du tout une fin en soi, c'est un titre et j'espère aller en chercher beaucoup d'autres", a-t-il encore confié à nos confrères. De son propre aveu, Müller s'était fait une montagne de ce premier titre. Et incontestablement, il a franchi un cap dans son voyage tennistique.
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Müller - Fils : Les temps forts
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Un combattant forgé par une douleur quotidienne
Mais s'arrêter là, s'en satisfaire, ne lui ressemblerait pas. S'il a su renverser la situation ce dimanche, c'est évidemment d'abord parce qu'il l'avait déjà fait à plusieurs reprises ces derniers jours. Il avait même sauvé deux balles de match au 2e tour, ce qui a pu contribuer à lui donner ce sentiment si ce n'est d'invincibilité, du moins que tout était possible. Mais s'il n'a pas renoncé, c'est aussi et surtout parce que sa vie est un combat quotidien contre la maladie de Crohn, affection inflammatoire chronique de l'intestin qui lui fait perdre une énergie folle. Un enfer pour un sportif de haut niveau, qu'il a pourtant appris à apprivoiser.
"Je suis un travailleur dans tout ce que je fais, a-t-il encore insisté. Quand je me mets à quelque chose, je le fais à fond. Ce n'est pas toujours simple de prendre du plaisir dans le travail. Ce serait mentir que de dire que j'ai le sourire tous les jours quand je suis dans le dur. Il faut réussir, même quand c'est dur, à se rappeler pourquoi on travaille tous les jours."
Si la faiblesse mentale supposée des tennismen français est un cliché qui a la peau dure, Alexandre Müller en est le contre-exemple parfait. Rien ne lui est arrivé facilement. Tout ce qu'il a eu, il lui a fallu le conquérir. Et bien loin de le rassasier, ce premier trophée devrait lui donner bien d'autres idées.
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