ATP Tour - "C'est beaucoup plus difficile" : un circuit plus dense, vraiment ?
Mis à jour 01/05/2025 à 13:46 GMT+2
Alexander Bublik sur le court et Alexander Zverev en conférence de presse ont évoqué cette semaine la densité actuelle du circuit ATP. A leurs yeux, une certaine homogénéisation s'est installée. Nicolas Escudé, consultant Eurosport et ancien DTN, nous éclaire sur la question et estime que c'est aussi une question conjoncturelle liée à un changement générationnel.
Bublik interpelle l'arbitre : "Il y a 5 ans, c'était encore facile de jouer au tennis"
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Alexander Bublik a mis le sujet sur la table avec sa gouaille habituelle. S'adressant à l’arbitre de chaise, Mohamed Lahyani, lors d'un changement de côté mardi, le Kazakh s'est amusé à souligner la densité du circuit, alors qu'il subissait la foudre de Jakub Mensik en huitièmes de finale du Masters 1000 de Madrid. "Mohamed, tu te rappelles quand le tennis était facile ? Il y a cinq ans. Il y avait plein de mecs du Top 50 qui bougeaient à peine. Et maintenant, ce gars n’est même pas dans le Top 5, même pas dans le Top 10. C’est quoi ce bordel ?", a lancé Bublik avec le sourire.
De quoi se demander si c'est une nouvelle boutade du fantasque Kazakh ou une vraie analyse tennistique sur l'état du circuit actuel ? À écouter Alexander Zverev, qui a subi une nouvelle désillusion dès les huitièmes de finale à Madrid face à l'Argentin Francisco Cerundolo (7-5, 6-3), Bublik est cependant dans le vrai. "C'est beaucoup plus difficile. Le niveau des joueurs est bien plus élevé", a abondé le numéro 2 mondial en conférence de presse après sa défaite madrilène.
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Djokovic est-il redevenu un joueur lambda ? "Tennistiquement non, mais mentalement..."
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Zverev : "Le sommet était incroyable, mais le niveau est désormais bien plus élevé"
Pour argumenter cette thèse d'une hausse de densité du circuit, Zverev a ressorti la boite à souvenirs. "Quand j'ai atteint le top 10 pour la première fois, c'était en 2017, il y a huit ans. Le top 10 était très relevé, et nous avions les quatre meilleurs joueurs du monde avec Novak (ndlr : Djokovic) Rafa (Nadal), Roger (Federer), Andy (Murray), Stan (Wawrinka), Del Potro et tous les autres, mais le niveau, je dirais, entre 10 et 20, puis entre 20 et 30, était bien inférieur à ce qu'il est aujourd'hui. Le sommet était incroyable, mais le niveau est désormais bien plus élevé".
Les sorties de routes multiples de l'Allemand ces derniers mois peuvent d'ailleurs l'illustrer. Malgré son statut de numéro 2 mondial, Zverev a subi la loi de Francisco Comesaña (86e mondial au moment de leur duel) à Rio, de Learner Tien (83e) à Acalpuco ou encore de Tallon Griekspoor (43e) à Indian Wells. Et les différents vainqueurs, aussi bien en Masters 1000 (Draper à Indian Wells, Mensik à Miami) que dans les ATP 500, peuvent aussi aller dans ce sens.
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Méforme et blessures, à qui la faute : un calendrier surchargé ou les joueurs qui en font trop ?
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Escudé : "Tout le monde a envie et se projette un petit peu plus"
Alors, le circuit est-il vraiment plus dense avec une uniformisation globale du niveau ? "De générations en générations, ça se densifie. Et tous les joueurs le diront, nous confirme notre consultant Nicolas Escudé. Il y a plusieurs facteurs à cela comme le fait que le tennis se démocratise, il y a donc plus de joueurs, ou que l'ATP a pris certaines orientations comme par exemple les Masters 1000 sur 12 jours, ce qui donne à plus de joueurs la possibilité de pouvoir exister."
Pour l'ancien DTN du tennis français, ce constat est cependant également conjoncturel. Car entre la suspension du numéro 1 mondial Jannik Sinner, les doutes rencontrés ces derniers mois par Carlos Alcaraz et Zverev ou encore la baisse brutale de régime de Novak Djokovic, le sommet du circuit est plus friable. "Aujourd'hui, il y a moins de craintes par rapport au haut du panier qu'il pouvait y avoir il y a quelques années, note Escudé. Avant, les joueurs qui tombaient sur Djoko, ils avaient perdu le match avant même de mettre un pied sur le terrain. Là, ils y croient. Tout comme face à Alcaraz. Si ce dernier est à son niveau, ils risquent bien sûr de se faire découper. Mais ils peuvent se dire qu'ils pourraient s'y retrouver un jour sans. Ils ont alors des raisons d'y croire un petit peu plus qu'à l'époque de Roger, Rafa ou Djoko et même Murray à sa grande époque. (…) Ça ouvre des perspectives. Et aujourd'hui, tout le monde est mort de faim. Tout le monde a envie et se projette un petit peu plus."
C'est une sorte de nivellement par le haut en gros. Et ce n'est peut-être que temporaire car on est en plein "changement générationnel" après des années marquées par la domination des légendes du tennis. "J'ai connu ça à mon époque. Quand je suis arrivé au haut niveau, il y avait Sampras et Agassi. On savait qu'à la fin, ce serait soit l'un soit l'autre, ou pas loin. Et il y a eu ce turnover du début des années 2000 avec la place de numéro 1 mondiale qui a changé régulièrement avec Juan Carlos Ferrero, Marat Safin ou encore Lleyton Hewitt. De nombreuses choses étaient alors envisageables pour beaucoup plus de joueurs. C'est ce qui se passe aujourd'hui. Et dans un an ou deux, il va y avoir une suprématie qui va s'installer avec Sinner, Alcaraz ou encore éventuellement Fonseca qui arrive. Et là, les choses vont être posées pendant un certain nombre d'années", prévient Escudé. De quoi se dire qu'il faut donc profiter encore un peu de l'incertitude rafraichissante. Quitte à enquiquiner Bublik…
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