ATP Miami - Benoît Paire : Paire : "J'étais 18e mondial, il y a du chemin avant de dire que je suis revenu"

Serait-ce la fin d'une longue traversée du désert ? Avec l'imprévisible Benoît Paire, mieux vaut se garder de tout pronostic, mais les signes sont encourageants. Il y a une dizaine de jours, il est ainsi allé chercher le Challenger de Puerto Vallarta au Mexique, son premier titre tous circuits confondus depuis quatre ans. Une performance intéressante mais à relativiser puisque son adversaire le mieux classé était le Colombien Nicolas Mejia, 246e mondial, et que ce dernier avait obtenu une balle de match. Mais en franchissant les qualifications du Masters 1000 de Miami, le Français a confirmé son regain de forme.

Pour accéder au tableau principal, Paire l'a ainsi emporté face au talentueux Thanasi Kokkinakis, 94e au classement ATP, sa première victoire sur un Top 100 depuis plus de sept mois et celle sur l'Américain Denis Kudla également en qualifs à Montréal. "C'est dans la continuité de ce que je fais bien depuis quelque temps. Ça se concrétise. Le fait d'avoir gagné quelques matches, d'avoir rentré un peu de confiance, je me sens de nouveau moi sur le terrain. C'est un match référence qui fait du bien", a-t-il d'ailleurs confié à L'Equipe.

Les raisons du mieux, Paire les explique assez simplement : quand la tête va, tout va mieux, le tennis compris. "C'est une affaire de confiance mais aussi de se sentir mieux dans son corps, dans sa peau. Surtout de retrouver du plaisir à être sur un court de tennis, c'est quelque chose que j'avais perdu et qui est très, très important pour moi. Ces dernières années, ça a été très dur dans ma tête et du coup mon corps faisait un rejet du tennis : je n'avais plus les jambes, plus envie de bouger, plus envie de faire d'efforts", a-t-il ajouté.

Le cauchemar a débuté avec l'explosion de la pandémie de Covid-19 en mars 2020. La rupture a été nette dans la carrière de Benoît Paire qui a été l'un des joueurs les plus touchés mentalement par cette période marquée par les tests réguliers, les quarantaines à répétition et les matches à huis clos. Un mois avant la suspension des compétitions, il avait réintégré le Top 20 mondial (19e la semaine du 10 février 2020) dans le sillage de la meilleure saison de sa carrière. En 2019, il avait compilé 34 victoires sur le circuit, un record pour lui, dont deux titres à Marrakech et Lyon sur terre battue. Il avait également atteint à deux reprises les huitièmes de finale en Grand Chelem à Roland-Garros puis Wimbledon.

Depuis la reprise des compétitions à l'été 2020, le contraste est saisissant. Paire n'a gagné que 18 fois sur le circuit ATP (aucune victoire encore en 2023) pour… 58 défaites et n'a plus atteint la seconde semaine en Grand Chelem. Si le gel provisoire des points l'a un temps protégé, il en a ensuite logiquement payé les conséquences au classement avec une chute continuelle jusqu'à la 217e place mondiale en février. Cette descente aux enfers a eu une conséquence directe : son retour à l'échelon inférieur. Cette saison, sa présence sur le circuit ATP relève de l'exception (qualifications de l'Open d'Australie, de Montpellier et de Miami) avec 8 tournois Challengers déjà disputés.

Soutenu par ses proches – dont son frère, son agent Daryl Monfils, son nouvel entraîneur belge Xavier Moureaux et son ami Tom Jomby (ex-sparring partner de Venus Williams) qui l'accompagne dans cette tournée américaine – et grâce au retour progressif à la normale post-Covid, Paire va mieux. "C'était juste le fait d'arriver en match et de me mettre beaucoup de pression qui faisait que je ne me sentais pas bien. Mais je me suis dit que si j'arrivais à rejouer à mon niveau d'entraînement en match et à reprendre confiance, le tennis n'était pas parti. C'est pour ça que je ne me suis jamais posé la question d'arrêter. Faire des pauses, pourquoi pas, pour me remettre la tête à l'endroit, mais arrêter complètement non, parce que c'est quelque chose que j'aime quand même", a-t-il encore expliqué.

S'il semble sortir peu à peu de ce long cercle vicieux de trois ans, l'Avignonnais n'a encore aucune garantie de le transformer en cercle vertueux. L'an passé, un parcours encourageant à l'Open d'Australie (défaite au 3e tour contre Stefanos Tsitsipas après avoir sorti notamment Grigor Dimitrov) promettait déjà une révolte qui ne s'était pas concrétisée. Alors, avant de pouvoir évoquer le début d'une seconde carrière à 33 ans, la suite s'annonce fondamentale. Une belle occasion se présente déjà de gagner son premier match sur le circuit ATP cette saison. Au 1er tour en Floride, il défie contre un autre qualifié, le Japonais Yosuke Watanuki, 123e mondial, qui l'a battu voici quelques semaines au Challenger de Waco au Texas.

"Tout n'est pas encore revenu. Oui je fais des bons résultats, j'ai gagné un Challenger, je me qualifie pour un Masters 1000 mais j'étais 18e mondial (en janvier 2016, NDLR) donc pour moi il reste encore beaucoup d'étapes à franchir pour pouvoir dire que je suis vraiment revenu, a-t-il souligné, lucide. Là mon niveau est bon, ce qu'il faut maintenant c'est enchaîner, arriver à gagner le plus de matches possibles pour me retrouver le plus rapidement possible dans les 100 afin de refaire les tournois qui me plaisent le plus." C'est tout le mal qu'on lui souhaite.