ATP Miami : Dominic Thiem, la détresse avant la terre

Les images sont fortes. Cruelles mêmes. Tête baissée, les larmes ont embué le regard perdu de Dominic Thiem dans la foulée d'une énième désillusion jeudi soir. Voir un si grand champion, titré en Grand Chelem à l'US Open et multiple finaliste en Majeurs à ce point meurtri par l'échec, a quelque chose de poignant. Et pour cause, l'Autrichien n'y arrive pas. Dans la foulée d'une fin de saison 2022 prometteuse, il n'a pas su enchaîner, jusqu'à se retrouver quasiment au même point que lors de sa reprise de la compétition au printemps dernier après une sérieuse blessure au poignet droit.

A l'époque, Thiem avait subi sept revers d'affilée. Avec celle de jeudi concédée contre Lorenzo Sonego (7-6, 6-2), il en est à cinq défaites consécutives, et même neuf en dix matches en 2023. Sa seule bouffée d'air frais si on peut l'appeler ainsi : un 1er tour à Buenos Aires remporté contre le Slovaque Alex Molcan (7-6, 6-3), alors 51e mondial.

Tout n'est pourtant pas à jeter dans ce que propose l'Autrichien : il a fait un premier set de belle tenue contre Sonego, a même obtenu une balle pour virer en tête mais a fini par céder 9 points à 7 dans le tie-break. Et le train a ensuite déraillé (30 fautes directes pour 13 coups gagnants), comme trop souvent. "C'était un premier set tendu. Malheureusement après le tie-break, j'ai perdu ma tension de raquette pendant un très court moment, et je me suis retrouvé mené 4-0, et je n'ai pu revenir dans le match qu'ensuite. Ces trous d'air ne sont juste pas bons. La légère perte de concentration ou la légère chute de tension a été la raison de ma défaite", a-t-il résumé après coup en conférence de presse.

Thiem semble plutôt capable de rivaliser sur le plan physique mais il lui manque de la continuité dans son jeu, la capacité de rester dans sa bulle du premier au dernier point, ce qui était un de ses grands points forts du temps de sa splendeur. A Indian Wells, il avait tout pour l'emporter face à Adrian Mannarino avec le break dans le troisième set. Mais il a encore déconnecté, avant de se faire coiffer au poteau dans le jeu décisif final.

A la fin de la saison dernière, son préparateur physique Jez Green le voyait être une menace potentielle dès l'Open d'Australie et Thiem, lui-même, se voyait revenir progressivement à son meilleur niveau. Revenu tout près du Top 100 – il était 352e à la mi-juin 2022 –, il semblait sur le bon chemin, mais force est de constater qu'il s'est embourbé depuis. Et ses larmes traduisent cette frustration, si ce n'est pire… un début de découragement.

Dans le discours, l'Autrichien de 29 ans se veut toujours volontariste : "Bien sûr, il y a aussi un peu de manque de confiance, et je dois m'assurer de la retrouver", a-t-il insisté. A l'orée de la saison sur terre battue, il n'est actuellement pas en position d'entrer directement dans le grand tableau de Roland-Garros. Attendu à Estoril (3-9 avril prochains), il espère y connaître enfin le déclic : sur ocre, les chances qu'il arrive sont plus grandes. Mais s'il ne vient pas, la flamme pourrait peu à peu s'éteindre.