ATP Monte-Carlo - "Comme avec Kyrgios, on attend d’Alcaraz qu’il fasse plus que gagner des matches"

ParGabriel Baldi

Mis à jour 08/04/2024 à 09:15 GMT+2

Bien qu'auteur d’un début de saison tout à fait honorable, Carlos Alcaraz a perdu une place au classement ATP. Désormais 3e, l’Espagnol s’est fait doubler par Jannik Sinner, qui brille par sa régularité. Alcaraz est plus spectaculaire, mais doit-il renier sa vision du tennis pour progresser ? Éléments de réponse avec notre consultant Mats Wilander.

"La petite mort de Nadal est devant nous"

La terre battue revient, avec ses glissades, rallyes et points spectaculaires. A Monte-Carlo, Carlos Alcaraz (3e) va tenter de reprendre les manettes, après la domination sans partage de Jannik Sinner sur dur, et même s'il a été aperçu avec un bandage au bras droit à l'entraînement dimanche. "Je pense qu’il y aura toujours des semaines incroyables, mais aussi des baisses de régime avec Alcaraz. Je me fiche de ses résultats sur les premiers tournois, je suis sûr qu’il arrivera à Roland-Garros comme l’un des favoris et avec beaucoup de détermination", prévient notre consultant Mats Wilander.

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Contrairement à ceux qui le précèdent (Novak Djokovic et Jannik Sinner), Alcaraz ne brille pas autant par sa régularité. Lui-même confiait à Indian Wells accorder plus d’importance à son épanouissement qu’à l’empilement de trophées. Même si on imagine mal que l’un aille sans l’autre pour un joueur de 20 ans qui cumule déjà 19 titres (dont 2 majeurs) et quelques semaines au sommet du classement.

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Alcaraz s'offre une nouvelle démonstration et un remake

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"Quand je vois Carlos Alcaraz jouer au tennis, cela me rappelle tellement le grand Roger Federer, le plus grand joueur de tous les temps pour moi. Être le plus grand n'a rien à voir avec les statistiques ou les résultats. Cela correspond à ce que l’on signifie pour le sport, pour les attentes des gens. Carlos Alcaraz vit la même chose", poursuit l’ancien tennisman suédois. "Même ses adversaires prennent beaucoup de plaisir à jouer contre lui, à gagner mais même à perdre."

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Il ne doit pas seulement gagner mais fournir du divertissement

Après avoir surpris le monde entier en bousculant les hauteurs du tennis mondial en étant à peine majeur, Carlos Alcaraz serait désormais comme enfermé par sa prestance, son aura. Un ovni forcément scruté, comme s’il devait porter le poids charismatique de la succession du trio légendaire Nadal-Federer-Djokovic. "Carlos Alcaraz est confronté à un problème auquel Nick Kyrgios a dû faire face à certains moments, à savoir que les gens s'attendent d’eux plus que de gagner des matches de tennis", ajoute Mats Wilander.

La pression est populaire, médiatique, mais surtout forte. "Les gens attendent à ce qu'il frappe de grands coups, qu'il fasse des défenses incroyables, puis qu'il retourne la situation. Pour lui, ça risque d’être assez fatigant tout au long de sa carrière d'avoir toujours l'impression qu'il doit non seulement gagner des matchs, mais aussi d’être performant dans le domaine du divertissement". Une pression moins pesante sur les épaules de Jannik Sinner, personnage moins expressif et dont la nature du jeu est moins spectaculaire.

Carlos Alcaraz

Crédit: Getty Images

"L’artiste" doit-il se renier pour gagner ?

"Alcaraz est un artiste, et sera toujours un artiste", poursuit l’ex-n°1 mondial. Prendre des risques, monter au filet, être polyvalent. Voilà qui a fait toute la réussite du natif d’El Palmar qui a encore de bien belles années devant lui pour trouver le rythme de croisière qui lui correspond. Et même malgré toute la lumière mise sur lui, le jeune homme semble hermétique à la pression et d’une confiance rare.

Rien ne dit que "Carlito" est fermé aux pistes de progression. "Ce que j’ai vraiment aimé chez lui pendant les deux tournois américains et surtout à Indian Wells (qu’il a remporté), c’est qu’il s’est calmé et ne prenait pas autant de risques", lance Willander. "J’essayais d’écouter Juan Carlos Ferrero (son coach) qui lui demandait d’être plus solide et de ne pas toujours gagner des points à sa façon. Je pense que c’est ça qui va le rendre plus régulier et meilleur à l’avenir". La saison sur terre battue sera un bon test pour analyser une éventuelle transition vers un art plus raisonné.