Masters 1000 Paris - La retraite attendra : face à Andy Murray, Gilles Simon s'est offert une victoire qui lui ressemble
Mis à jour 01/11/2022 à 08:11 GMT+1
ROLEX PARIS MASTERS - Au bord de la défaite et de la retraite lundi soir face à Andy Murray, Gilles Simon a trouvé la force de renverser le match, bien aidé par le public et un Britannique qui s'est soudainement écroulé avant de s'incliner (4-6, 7-5, 6-3 en 2h50). Cette victoire, qu'elle soit ou non sa dernière, est le parfait symbole de l'abnégation sans faille du Français.
Quelles que soient l'issue et la physionomie de son prochain match mercredi face à Taylor Fritz, Gilles Simon aura réussi ses adieux à Bercy, comme il avait réussi ses adieux en mai dernier à Roland-Garros, où il avait atteint un inespéré troisième tour. En renversant Andy Murray lundi en soirée au premier tour du Rolex Paris Masters (4-6, 7-5, 6-3 en 2h50 après avoir été mené 6-4, 5-3), "Gillou" s'est peut-être offert le plus beau des cadeaux pour son pot de départ. Lequel, donc, attendra, pour le plus grand plaisir de tous. Sauf de Murray.
Une victoire à la Gilles Simon, abracadabrantesque, renversante, mélange de persévérance et d'un gloubi-boulga tactique qui a fini par faire vriller l'ancien numéro 1 mondial britannique, soudainement paralysé au moment de conclure et plus capable, jusqu'à sa propre mise à mort, de mettre deux balles d'affilée dans le court. C'était un parfait symbole, en somme, des 502 précédentes victoires du Val-de-Marnais sur le circuit principal depuis le début de sa carrière professionnelle il y a vingt ans. Une victoire que nul n'a mieux résumée que Benoît Paire sur twitter : "Gilles Simon a fait du Gilles Simon".
"Au début, il me casse les c..., je me dis : 'Il va me gâcher ma carrière jusqu'au bout !'"
Effectivement, Gilles Simon a fait du Gilles Simon, à ceci près qu'il avait rarement eu l'occasion d'en faire jusque-là face à Andy Murray, l'homme qui lui aura infligé le plus de défaites sur le circuit pro (16, pour désormais 3 victoires). Quoi de mieux que de partir sur un ultime pied de nez à un joueur qui l'aura si souvent battu dans des moments si souvent importants (notamment lors de sa première finale en Masters 1000 à Madrid en 2008), à l'image d'une génération "Big Four" qui aura si souvent éclipsé la génération Big French ?
Au début, pourtant, ça n'était pas gagné. "Ça fait 1-0, puis 2-0, 3-0 pour lui, il n'y a pas d'espace, il me casse les c... et je me dis : 'Il va vraiment me gâcher ma carrière jusqu'au bout", s'amusait Gilles Simon après coup. Et puis non, finalement. Murray s'est écroulé face à la ligne d'arrivée, techniquement d'abord (deux double-fautes et une volée bas du filet au moment de servir pour le match), physiquement surtout, sans qu'on sache précisément dans ce marasme sa propre part de responsabilité, celle de son adversaire et celle du public de Bercy, qui a lui aussi fait du Bercy en allant chatouiller le Britannique dans les moments chauds, quitte à flirter encore avec la ligne du fair-play.
Peu importe, au fond. Ce qui était beau à voir, c'est le bonheur et l'émotion affichés par le Français sur le court après ce succès presque venu de nulle part. "Cette dernière semaine est dure à jouer parce que le tennis a été toute ma vie et voilà, ça va s'arrêter, a-t-il encore déclaré à chaud au micro du speaker Marc Maury. Chaque chose que je fais, je sais que je le fais peut-être pour la dernière fois. Des trucs tout "cons" : faire mes grips, mon échauffement… j'essaie de tout bien faire, mais j'ai un stress colossal."
Un stress qui fait partie aussi du "package" Gilles Simon et qui l'aura également accompagné tout au long de sa carrière. Comme tous les joueurs de tennis, bien sûr, mais peut-être dans de plus grandes proportions encore. Pas de raison que ce stress s'évapore pour cette "last dance" que l'ancien 6ème joueur mondial (en 2009) est loin de voir comme un jubilé. Mais avec plutôt l'envie de faire le mieux possible, et de gagner le plus possible. Comme toujours.
Tsonga, Monfils et Gasquet étaient prêts à dire au revoir à "Gillou"
Tout était pourtant en place pour que cette première soirée vedette du Rolex Paris Masters vire à la soirée d'adieux. Jo-Wilfried Tsonga, Gaël Monfils et Richard Gasquet, les trois autres membres de cet inséparable quatuor français, étaient tous les trois en tribunes pour encourager leur "pote", ou le cas échéant le soutenir dans ce moment délicat de la petite mort.
"Jo et Gaël sont venus juste pour ça, en se disant que ce serait le dernier match... et ben non, il y en aura un autre !Je vais faire le maximum pour essayer de profiter de cette ambiance au moins encore une fois, peut-être plus si ça marche", a plaisanté Simon après sa victoire.
Une cérémonie hommage était aussi prévue, bien sûr. Mais à peine avait-on commencé à entendre les flonflons de la fête qu'on a dû tout remballer. Parce que Gilles Simon avait décidé de faire du Gilles Simon.
Une heure après son match, le Français est apparu très fatigué en conférence de presse, presque plus inquiet en se projetant sur la suite qu'heureux de sa victoire du soir. "J'aurais été bien aussi si ça s'était arrêté ce soir. Parce que j'ai toujours cette inquiétude d'être au niveau du prochain match, qui sera encore plus dur. On verra. Comme je l'ai dit, il y a beaucoup de sentiments contradictoires car j'ai envie de gagner, mais une partie de moi a envie de s'arrêter aussi parce que c'est vraiment très dur."
Dur ou pas dur, der ou pas der, comptons néanmoins sur Gilles Simon pour tenter encore de faire du Gilles Simon, mercredi.
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