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Rolex Paris Masters - Grigor Dimitrov, l'âge de raison : "Tout est une question d'équilibre"
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Publié 02/11/2023 à 00:48 GMT+1
A 32 ans, Grigor Dimitrov termine cette saison 2023 en trombe, à l'image de sa superbe victoire sur Daniil Medvedev mercredi au 2e tour du Rolex Paris Masters. Si la carrière du Bulgare a déjà connu son lot de renaissances épisodiques, sa solidité sur le plan mental face aux cadors du circuit ces dernières semaines est assez remarquable pour s'y intéresser de plus près.
Grigor Dimitrov à Bercy en 2023
Crédit: Getty Images
Les mains sur les genoux et la tête baissée en quête d'oxygène. Grigor Dimitrov venait de voir une troisième balle de match lui filer sous le nez mercredi après un bras de fer éreintant de 47 frappes de balle face à la pieuvre Daniil Medvedev. Voilà qui ressemblait fort à un tournant, considérant le passif des deux joueurs en présence : d'un côté le Bulgare si beau à voir jouer mais si friable dans les moments chauds, de l'autre le Russe au style peu académique mais à l'efficacité diabolique. Et quand le second a effectivement débreaké, l'issue de la partie ne faisait plus de doute dans les esprits.
Et pourtant, c'est bien Grigor Dimitrov qui est sorti finalement vainqueur de la bataille, y compris dans la tête. "J'ai été très résilient tout au long du match, savourait-il d'ailleurs en conférence de presse. Je suis allé le chercher, j'ai toujours voulu créer, faire le jeu. Je pense que le match de la semaine dernière (perdu en trois sets contre Medvedev à Vienne, NDLR) m'a donné beaucoup d'indications sur les choses que je pouvais et voulais mieux faire. Je suis très heureux aussi d'être parvenu à contrôler mes émotions pour ne pas dévier de mon plan de jeu." Si l'intéressé lui-même le dit, c'est qu'il est bien conscient d'être faillible dans ce domaine. Oui mais voilà, quelque chose a changé ces dernières semaines en lui.
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Voici le plus beau match de la semaine : Comment Dimitrov a eu raison de Medvedev
Video credit: Eurosport
Un premier déclic face à Alcaraz à Shanghai
Car cette victoire à l'arraché contre Medvedev ne constitue pas un coup d'éclat isolé, genre de performance sans lendemain dont il a été longtemps le spécialiste. Au-delà de résultats notables lors de la tournée asiatique – quart de finale à Pékin, demies à Chengdu et Shanghai –, le Bulgare a réussi à maintenir un haut niveau de jeu de manière constante, accrochant également Carlos Alcaraz à son tableau de chasse dans le Masters 1000 chinois. L'Espagnol l'avait pourtant battu lors de leurs trois premiers duels, ne lui laissant pas la moindre manche.
Et à Shanghai, le scénario n'annonçait rien de bon : Dimitrov avait cédé le premier set 7-5 après avoir servi pour virer en tête à… 5-3. Cette série de quatre jeux perdus consécutivement laissait présager un effondrement, ce fut en fait le début d'une révolte. Regard noir, déterminé, convaincu par son approche tactique, Dimitrov avait vu sa persévérance payer, comme ce fut le cas mercredi, et ce malgré cette fameuse balle de match perdue après 47 frappes.
"En fin de compte, il fallait que je l'accepte, il n'y avait pas d'autre moyen. Contre ce genre de joueur, dès que vous montrez un peu de frustration et vous vous mettez à faire des erreurs, ils le sentent et ils prennent l'avantage", a-t-il encore expliqué. Dimitrov semble donc avoir passé un cap dans la gestion de sa frustration. Et pour cause, il lui a fallu un tie-break et quatre balles de match supplémentaires pour avoir la peau du numéro 3 mondial. Le Bulgare ne s'est jamais laissé perturber, pas plus par les occasions manquées que par Medvedev qui a cassé le rythme du match en se mettant le public à dos.
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La 7e balle de match a été la bonne : la victoire de Dimitrov sur Medvedev en vidéo
Video credit: Eurosport
"Vous ne pouvez pas contrôler le public, votre adversaire ou l'arbitre. Et je pense que l'expérience joue. Je me souviens de certains jours où je jouais des compétitions par équipes : on essaie de se rappeler ces choses, ça fait partie du jeu. Quand vous êtes sur le court, vous êtes tout seul même si vous êtes entouré par tant de gens paradoxalement. Donc il faut rester avec soi mentalement. Le dialogue intérieur que vous avez avec vous-même est si important. (…) La seule chose que je peux maîtriser, c'est moi-même. Si je suis capable de gérer mes émotions et d'analyser la situation, je ne vois pas pourquoi il y aurait un problème", a encore fait remarquer Dimitrov.
Il n'y a pas d'âge pour apprendre
A 32 ans, le Bulgare parvient mieux à rester dans le moment présent. Mieux vaut tard que jamais. Et à l'entendre, ce fut un travail continuel tout au long d'une saison parfois frustrante. "Il y a eu des moments dans l'année où je jouais du bon tennis, mais rien n'allait dans mon sens. Et quand ça arrive, il faut juste persévérer. On ne sait jamais quand on va avoir une bonne semaine, quand les choses peuvent tourner. Il y a eu d'autres tournois où j'étais dix fois mieux préparé et où je ne pouvais pas mettre une balle dans le court. Tout est une question d'équilibre, et je ne veux pas rester trop obsédé par les autres tournois ou ce que j'aurais pu faire ou comment se passera la prochaine semaine. Tout ce à quoi je pense, c'est ce que j'ai à faire d'ici demain. J'essaie de prendre les choses avec un peu plus de légèreté."
En Grand Chelem, Dimitrov avait en effet semé quelques promesses sans lendemain, décevant en huitièmes de finale à Roland-Garros et Wimbledon après des premières semaines accomplies. Mais l'air de rien, avec déjà 38 victoires au compteur en 2023, il est à un succès de sa troisième meilleure saison (2016) derrière les exercices 2014 (50 matches gagnés) et 2017 (49) terminés dans le Top 10 ou quasiment (11e fin 2014) avec deux demi-finales en Majeurs. Rien n'assure qu'il ne retombera pas dans ses travers en 2024, mais l'intéressé l'assure, il progresse toujours.
"Je pense que j'ai tiré des leçons du passé, a-t-il enfin noté. Si en 14 ans de circuit je n'avais rien appris, il y aurait de quoi avoir honte. Mais en même temps, tant de facteurs jouent. Et je pense qu'on oublie des choses. On prend certaines choses pour acquises, et d'autres arrivent en dehors du court. Il y a tant de fondamentaux qui peuvent vous affecter sur le court. L'équilibre, c'est la clé. C'est pour ça que vous devez avoir la bonne équipe, la famille et les amis autour de vous. Ça prend du temps. Je pense que c'est pour ça qu'il y a eu beaucoup de hauts et de bas dans ma carrière, je le reconnais. Et en même temps, j'en suis fier parce que ça fait de moi celui que je suis aujourd'hui. Ça m'a permis d'apprendre des choses, de comprendre mieux les gens et de me comprendre mieux aussi."
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