Tennis - Rolex Paris Masters : Bercy 2023, morne plaine historique pour le tennis français

Il a tout donné, est allé jusqu’au bout de ses forces. Et même au-delà, puisqu’il a avoué avoir fait un malaise après la rencontre. Mais cela n’a pas suffi. Au terme d’un haletant combat de 3h30, Ugo Humbert a dû rendre les armes face à Alexander Zverev, mercredi soir lors du Rolex Paris Masters (4-6, 6-7, 7-6). Diablement bruyant jusque-là, le public de l’Accor Arena a été réduit au silence sitôt la balle de match transformée. Son dernier espoir, sa dernière chance de vibrer, venait de s’envoler : à Bercy, alors que le 2e tour touche juste à son terme, il n’y a déjà plus le moindre Français.

Il faut dire que l’hécatombe avait commencé de bonne heure. Alexandre Müller, Lucas van Assche, Adrian Mannarino et Richard Gasquet avaient pris la porte dès lundi. Le lendemain, Benjamin Bonzi, Arthur Fils et Gaël Monfils leur avaient emboîté le pas. D’ailleurs, il était l’unique rescapé tricolore au 2e tour. Un tel fiasco n’est pas inédit dans l’histoire du tournoi de Paris-Bercy, créé en 1986. En 2018, déjà, aucun Bleu n’avait été en mesure de s’inviter en huitièmes de finale. Ils étaient cependant trois au 2e tour (Richard Gasquet, Adrian Mannarino et Gilles Simon), ce qui est un peu moins catastrophique que le bilan affiché cinq ans plus tard.

À l’époque, les trois joueurs en question avaient chuté face à des têtes de série, respectivement Jack Sock, Kei Nishikori et Dominic Thiem. Pas de quoi tomber des nues, donc. Or, plusieurs des Français engagés en 2023 avaient, au moins sur le papier, les moyens de passer. Mannarino et Müller ont été battus par des joueurs issus des qualifications (Botic van de Zandschulp et Roman Safiullin), quand Bonzi a été dominé par un lucky loser (Dusan Lajovic). Désormais 36e mondial, Fils a été défait par Daniel Altmaier, moins bien classé que lui (54e). Enfin, il y a les regrets liés aux trois balles de match non converties par Gasquet, puni au tie-break par Tommy Paul.

Le remarquable bras de fer livré par Humbert fait en quelque sorte figure d’exception, de timide éclaircie au milieu d’un épais brouillard. Un brouillard qui, en fin de compte, est l’illustration parfaite de l’état dans lequel se trouve actuellement le tennis français. Après tout, aucun de ses représentants masculins n’est parvenu à se hisser en deuxième semaine d’un tournoi du Grand Chelem en 2023 (hommes et femmes confondus, seule Caroline Garcia y est arrivée, à Melbourne).

Par ailleurs, si l’on regarde le classement ATP, on constate que le Top 30 ne comprend que deux Tricolores, à savoir Mannarino (25e) et Humbert (26e). À Bercy, les Français ne sont déjà plus là, et c’est forcément regrettable. Mais peut-être sont-ils, au fond, à leur juste place.