Nicolas Dupeux directeur de l’Accor Arena: "On ne veut pas entendre qu'on ne répond pas au cahier des charges de l'ATP"

Au revoir et Bercy ? Pas si vite. Si les rumeurs vont bon train au sujet d'un déménagement quasi-acté du Rolex Paris Masters de Bercy vers la Défense, rien n'est encore décidé de la part de la FFT. En 2025, date-butoir d'un changement inéluctable, nul ne sait encore si la Défense Arena sera le nouveau lieu d'organisation du tournoi parisien à la place de l'Accor Arena comme cela a été affirmé en juillet dernier. Mais après une semaine compliquée en termes d'organisation, aussi bien sur les courts en raison des matches à rallonge, qu'en dehors avec des spectateurs mécontents attendant dans le froid des sessions de nuit qui ne venaient pas, il faut se rendre à l'évidence : la pression monte.

Sous le feu des projecteurs, Cédric Pioline, directeur du tournoi, a renvoyé la balle à Bercy en pointant du doigt le fait implacable de la vétusté des lieux. Le central, quatrième plus grand court de tennis du monde actuellement avec ses 15 500 places, n'est évidemment pas le problème. Mais plutôt les courts annexes 2 et 3, indignes du rang d'un Masters 1000 avec ses 500 et 400 places assises, là où il en faudrait au moins 2500, et son plafond trop bas. "On est probablement à l'étroit dans les conditions actuelles, a clairement affirmé Pioline. C'est un événement qui se doit de grandir parce qu'il marche extrêmement bien. Dans une autre enceinte, on aurait l'entièreté des installations nécessaires à l'organisation d'un Masters 1000 comme celui au format que nous connaissons".

En entendant cela, les carottes semblent cuites pour l'Accor Arena. Pourtant son directeur général, Nicolas Dupeux, estime que les propositions pour améliorer encore les lieux sont sur la table et suffisamment crédibles pour ne pas enterrer le projet. "L'année dernière, nous avons eu une discussion très claire avec la FFT qui demandait de répondre aux nouvelles exigences de l'ATP, demandant plus de courts et de capacité d'accueil. Nous avons répondu à ce cahier des charges au printemps de cette année par une proposition précise : avec un court central et trois courts annexes aux normes en termes de taille."

Et je ne vous cache pas la surprise de la découverte d'un entrefilet dans la presse évoquant des discussions s'établissant dans une autre salle de la région parisienne, poursuit-il. Le tournoi appartient à la Fédération Française de Tennis, elle a décidé de lancer une consultation l'année dernière, c'est son libre choix. Maintenant nous entendons que c'est signé ou quasiment fait, alors que nous n'avons pas de nouvelles à date sur notre proposition. Si la FFT veut changer de lieu, on ne veut pas entendre que l’Accor Arena ne répond pas au cahier des charges, nous voulons qu'elle assume son choix".

Quelle est donc cette proposition ? A côté du court central, installer un court annexe n°1 sur la fontaine "Canyoneaustrate" installée sur le parvis du POPB avec une capacité de 1900 places, un court n°2 proche de la cinémathèque pour accueillir 800 personnes et un court n°3 au niveau du skatepark avec une capacité de 500 personnes. Et les deux courts annexes actuels seraient conservés en courts d’entraînement. La ville de Paris serait même un allié dans cette rénovation de l'espace extérieur, prête à soutenir financièrement une partie du projet, Pierre Rabadan, adjoint au sport à la mairie de Paris, s’y est engagé selon Nicolas Dupeux.

Pourtant, la capacité d'accueil proposée sera-t-elle suffisante pour faire rester le RPM à Bercy ? Les 1900 places avancées notamment au niveau du court n°1 sont loin des 2500 attendues pour un court annexes de Masters 1000. A titre de comparaison pour les M1000 européens, le court n°2 de la Caja Magica à Madrid contient 2900 sièges et celui du Foro Italico de Rome 5500. Pour Nicolas Dupeux, cette proposition, accueillie "avec enthousiasme" par la FFT, répond toutefois aux exigences de l’ATP pour pouvoir agrandir à terme le tableau des joueurs à 96 participants.

"Nous sommes allés plus loin dans notre proposition, insiste Nicolas Dupeux, en créant pour le Rolex Paris Masters une nouvelle histoire avec une grande fête du tennis en le sortant de la salle vers un village à côté de l'enceinte. Un village dans lequel il y aurait des animations, un terrain de padel, des espaces de restauration et d'initiation au tennis." Ainsi que des écrans géants pour ne rien rater des matches, une solution aussi pour faire patienter autrement les personnes qui attendent d'entrer à leur tour dans l'enceinte. Si tant est que le temps automnal parfois capricieux se tienne...

"Si le Rolex Paris Masters ne devait pas rester au sein de l'Accor Arena, économiquement, cela n’aurait pas de réelles conséquences sur notre modèle, affirme encore Nicolas Dupeux. Nous accueillons d'autres événement sportifs : la NBA et l'UFC par exemple, ou encore des concerts. Cette période automnale est très demandée. Si cela a un impact, ce sera émotionnellement car c'est un événement auquel nous sommes attachés. Nous aurons 38 ans de vie commune en 2024, le tournoi est né chez nous, nous avons grandi avec lui et nous avons envie d'écrire l'Histoire encore avec lui."

Après plusieurs années de tergiversation au sujet de la vétusté de Roland-Garros, la FFT avait finalement envisagé de rester Porte d'Auteuil, bien décidée à se battre pour étendre son enceinte vers les Serres d'Auteuil malgré les recours des riverains et autres barrières administratives. La question de l'attachement indéfectible à l'Histoire du lieu avait été un élément déterminant. Ici, la raison du coeur aura-t-elle le dessus sur les raisons économiques ? Réponse en fin de saison.