Tennis - Rolex Paris Masters / "En sortant du court, j’ai fait un malaise" : Ugo Humbert, au bout de lui-même

On peut facilement considérer qu’ils en ont eu pour leur argent. Les spectateurs qui ont profité de la Toussaint pour aller garnir les travées de l’Accor Arena ont eu droit à deux thrillers en l’espace de quelques heures. À la mi-journée, il y a d’abord eu l’affrontement épique entre Daniil Medvedev et Grigor Dimitrov, agrémenté des doigts d’honneur du premier et conclu par la victoire du second (6-3, 6-7, 7-6). Et puis, en fin d’après-midi, le public a pu se passionner pour le bras de fer livré par Ugo Humbert face à Alexander Zverev. À l’évidence, c’était intense. Peut-être même un peu trop.

Le dernier Français encore en lice s’est admirablement battu, et a même paru en mesure de l’emporter dans le troisième set. Il a toutefois fini par s’incliner, après 3h29 d’un match épique (6-4, 6-7, 7-6). Un match que le 26e joueur mondial a terminé sur les rotules, pour ne pas dire sur les fesses. "Déjà physiquement, j’étais à bout après une heure et demie", a relaté l’intéressé en conférence de presse. Avant de livrer une étonnante confession : "Et là, en sortant du court, j’ai fait un malaise."

"Je suis sorti du court, j'avais le souffle complètement coupé, les yeux qui commençaient à se fermer, a rejoué le Lorrain, devant une assistance stupéfaite. J'ai dit à Jérémy (Chardy, son entraîneur, ndlr) : 'Il faut que je m'allonge, et lève mes jambes, je vais partir…' Le médecin est arrivé. Après, j'ai pris un coca, j'ai dû m'allonger pendant 10 minutes." Visiblement, cette situation a priori préoccupante ne l’a pas inquiété outre-mesure. "Cela m'arrive de temps en temps, a ajouté Humbert. Tout est redescendu d'un coup. J'étais aussi un peu dans un état de transe pendant le match. Je me suis beaucoup donné, j'ai vécu le truc à fond, je pense que c'est normal."

Le gaucher d’1,91 m faisait référence à la chaude ambiance qui l’a accompagné tout au long de son éprouvant combat. Fermement décidé à encourager son dernier représentant de la manière la plus bruyante qui soit, le public de Bercy a applaudi à tout rompre sur chaque coup gagnant du Tricolore, et plus encore lorsque celui-ci a débreaké alors qu’il était dos au mur à 4-5 dans le deuxième set.

D’ailleurs, le Mosellan n’a pas hésité à haranguer la foule quand il ressentait le besoin d’être poussé et a volontiers reconnu que cette atmosphère, digne de la Coupe Davis des plus belles heures, avait été pour lui un précieux atout. "Je sentais qu'ils étaient capables, eux aussi, de faire basculer le match, a-t-il avoué. J'ai aussi joué là-dessus. Franchement, c'est une des meilleures ambiances que j'ai vécues. Et donc, c'était fantastique."

Ainsi, et même si le scénario du match laisse penser que la victoire, peut-être, était à portée de raquette, Humbert n’avait "rien à regretter. C'était un match fabuleux, j'ai passé un moment de dingue. Ce qui me rend le plus triste, c'est de n'avoir pas pu donner la victoire à tous ceux qui m'ont soutenu, m'ont poussé jusqu'au bout. C'est le petit regret que j'ai."

Il tentera de se rattraper la semaine prochaine, chez lui, à l’occasion du Moselle Open. "Le seul truc qui me manque cette année, c’est de n'avoir pas gagné de titre. Ce sera mon dernier défi, je vais me donner à fond pour essayer d'y arriver", a-t-il promis. Le rendez-vous est pris.