ATP Rio : Arthur Fils encore battu, une tournée sud-américaine pour rien ? "J'espère que le boulot sur terre va servir"

Deux matches, deux défaites, aucun set remporté et 11 petits jeux sauvés. Voilà le bilan brut de la tournée sud-américaine d'Arthur Fils en ce mois de février. Alors que le jeune Français espérait se relancer après un résultat décevant à l'Open d'Australie même s'il y a franchi un tour pour la première fois (éliminé au 2e tour par Tallon Griekspoor), il en repart sans doute avec plus de doutes dans les bagages. Le choix du passage anticipé sur terre battue n'a donc pas été payant dans les résultats. Pourtant, il avait un expert à ses côtés en la personne de Sergi Bruguera.

"Il a gagné Roland-Garros deux fois, c'est l'un des meilleurs joueurs sur terre battue de l'histoire. Donc il m'aide beaucoup sur la construction des points, l'état d'esprit qu'il faut avoir sur le court à l'espagnole", avait ainsi assuré Fils avant de se lancer à Rio. Sur le papier, cela ressemblait bien à une bonne idée. Lorsqu'on travaille avec un duo d'entraîneurs – Sébastien Grosjean et Sergi Bruguera ayant pris la succession de Laurent Raymond à l'intersaison –, il vaut mieux bien répartir les rôles. L'ocre étant la surface de prédilection de l'Espagnol, il était logique qu'il accompagne en Argentine et au Brésil son nouveau protégé.

Mais il faut bien le dire, Fils a été tout simplement balayé mercredi par plus jeune que lui, un Brésilien de 17 ans qui n'avait pas encore gagné sur le circuit, João Fonseca, 655e mondial. "Je ne sais pas ce qui s'est passé pendant le match. Il a vraiment bien joué, il a frappé vraiment fort dans la balle donc elle était dure à contrôler. Peut-être que j'ai commencé un peu trop lentement mais je savais que ça allait être un match compliqué bien sûr. C'est un super joueur, j'ai essayé de mieux faire mais il jouait trop bien. Félicitations à lui. Joao a tout bien fait, il n'avait pas de faiblesses. J'ai essayé de jouer sur son coup droit, puis sur son revers, il avait réponse à tout. C'est un super joueur avec un grand avenir devant lui", a réagi en conférence de presse le Français, beau joueur dans la défaite.

Et pour cause, Fonseca a tout simplement dominé en puissance et en explosivité la partie, des qualités qui ressemblent d'ailleurs à celles du Français. Conscient qu'il n'avait rien à perdre face à plus aguerri et expérimenté que lui, il a envoyé des missiles aux quatre coins du court (17 coups gagnants dont 11 en coup droit), obligeant son adversaire à rester sur la défensive. Vainqueur de l'US Open juniors l'an dernier et partenaire d'entraînement de Carlos Alcaraz ou encore Jannik Sinner lors du dernier Masters de Turin, il a ainsi donné un aperçu de son grand potentiel.

A dix minutes de chez lui, le Brésilien a pu évidemment bénéficier du soutien du public pour débloquer son compteur sur le circuit. L'énergie de ses supporters l'a transcendé et elle a peut-être inhibé Fils. Mais ce dernier, qui aime jouer avec la foule, ne s'est pas réfugié derrière cette excuse. "C'était très sympa de jouer dans cette ambiance. Je ne pense pas que ma défaite ait quelque chose à voir avec ça. En tant que tennismen professionnels, nous jouons pour ce genre de matches. Ça n'a juste pas été dans mon sens aujourd'hui (mercredi)."

On l'aura compris, Fils est tombé mercredi sur un joueur en feu et dont le classement est finalement déjà trompeur, vu l'arsenal dont il dispose déjà dans son tennis. Il n'en reste pas moins que le 36e joueur mondial en est désormais à trois défaites consécutives, alors même que ses deux quarts de finale pour démarrer la saison à Hong Kong et Auckland esquissaient une forme de continuité avec sa dynamique positive en 2023. Passer sur terre battue en février alors que se profilent les deux premiers Masters 1000 de l'année sur dur à Indian Wells et Miami ressemble à chaud à un bien mauvais choix.

"Le bilan sur la tournée n'est pas bon. J'espère que tout le boulot sur terre va finir par servir. Pour l'instant je ne vois pas trop en quoi il va être utile, mais bon, on apprend plus de ses défaites que de ses victoires, paraît-il...", a-t-il estimé, un brin dépité. Mais peut-être qu'au printemps en effet, quand la tournée européenne sur ocre commencera, Fils bénéficiera en fin de compte de cette prise de marques. Il ne faut pas sous-estimer ce qu'emmagasine le corps, surtout à son âge. Avec Roland-Garros et les Jeux Olmypiques en point de mire, l'idée de cette tournée n'était pas si saugrenue. Reste à retrouver la confiance qui lui manque d'ici là.