M1000 - Rolex Paris Masters - Paris, unique et anachronique
Mis à jour 27/10/2025 à 08:54 GMT+1
Si le Paris Masters change de site, délaissant l'historique Bercy pour s'installer à La Défense, il conserve son format sur une semaine, contrairement à la quasi-totalité des autres Masters 1000 désormais étalés sur 12 jours, au grand dam de… beaucoup de monde, sauf celui de l'ATP. Seule ville nantie à la fois d'un Majeur et d'un 1000, Paris cultive sa différence. Pourvu que ça dure.
Le trophée du Rolex Paris Masters
Crédit: Getty Images
Petit quiz. Niveau facile. Quels sont les deux seuls pays à disposer dans le calendrier à la fois d'un tournoi du Grand Chelem et d'un Masters 1000 ? Réponse : les États-Unis et la France. L'Oncle Sam est le plus gâté, avec trois 1000 (Indian Wells, Miami et Cincinnati, soit un tiers des tournois de cette catégorie) en plus de l'US Open. Mais ils sont répartis aux quatre coins des USA. La France, terre du centralisme à tout crin, cumule quant à elle tous ces honneurs dans sa seule capitale. Sa force et sa limite.
Le fan de tennis parisien ne se rend ainsi sans doute pas toujours compte de la chance incomparable qui est la sienne. Il existe aujourd'hui quatre tournois du Grand Chelem et neuf Masters 1000. Or, une seule ville au monde dispose à la fois de l'un et de l'autre : Paris. Roland-Garros à la fin du printemps et le Rolex Paris Masters au cœur de l'automne. Le temple de la terre battue et celui de l'indoor. Jadis, Londres pouvait se targuer de compter Wimbledon et les ATP Finals à l'O² Arena, mais la capitale britannique ayant passé la main à Turin pour le Masters, Paris demeure seule dans sa catégorie. Une ville tennistiquement unique en son genre.
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Pourquoi le RPM ne passera pas sur dix jours
Video credit: Eurosport
Pour les 1000, le plus est plutôt l'ennemi du bien
Cette spécificité confère aussi quelques obligations. Même si les Grands Chelems sont indépendants et ne relèvent pas de l'ATP, cette dernière aurait sans doute eu moins de scrupules à supprimer le statut de 1000 au Paris Masters, sachant que la France possède déjà un Grand Chelem. Alors, Paris devait grandir, quitter son enceinte de Bercy pour se retrouver complètement à l'ouest (de la capitale). Adieu l'Accor Arena, bienvenue La Défense du même nom. Un peu plus de courts et surtout de places, et une enceinte globalement plus conforme aux exigences de l'ATP en termes d'infrastructure.
Malgré tout, même en déménageant, le Paris Masters va rester un nain comparé à ses collègues. Indian Wells, Shanghai, Madrid, Rome, Miami, Toronto ou Montréal, tous ces sites ont un côté plus proche du gigantisme que de l'intimiste. Ils se veulent des mini-Grand Chelem. Et encore, mini, ça se discute. Le site d'Indian Wells est plus grand et impressionnants que celui de Roland-Garros. Idem pour Cincinnati. Même Monte-Carlo, l'autre "mini-me" du tennis, avec cinq courts, est autrement plus vaste que La Défense.
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"Dans l'ancienne salle, nous ne respections pas l'entièreté des standards de l'ATP"
Video credit: Eurosport
Le RPM se résume à l'inverse à une seule et unique salle, où il faut tout faire tenir. Cette exception culturelle française n'a pour être clair pas grand-chose à voir avec Paris, mais avec l'indoor. Par définition, en salle, impossible de trouver un site avec 10 ou 15 courts. Mais cela n'en reste pas moins une façon de cultiver sa différence. Pour le meilleur ou pour le pire, le Masters 1000 parisien ne ressemble pas aux autres. Unique et un brin anachronique. Mais ce n'est pas forcément une mauvaise chose.
D'autant qu'il est un élément sur lequel Paris n'a pas eu à changer, en tout cas à ce jour : sa durée. À l'heure où la quasi-totalité des Masters 1000 sont passés à 12 jours de compétition, le RPM demeure, avec Monte-Carlo, le seul rendez-vous de sa catégorie à se tenir sur une semaine. 56 joueurs figurent dans le tableau final contre 96 dans les autres 1000, ce qui implique un tour de moins. Tant mieux. En l'occurrence, le plus est plutôt l'ennemi du bien. Ce format plus ramassé est plus efficace, plus intense et plus lisible pour le public. C'est peu dire que cette nouvelle mouture peine à convaincre, qu'il s'agisse des fans ou des joueurs.
Cela durera ce que ça durera
"Je préfère les Masters 1000 d'une semaine, avait assené Carlos Alcaraz en avril dernier à Monte-Carlo, résumant assez bien le sentiment général. C'est bien mieux pour le tennis. Dès le premier ou le deuxième tour, on voit des matches de très haut niveau. Les gens pensent que ce format permet d'avoir des jours de repos entre les matches, mais au final, ce n'est pas le cas, car il faut s'entraîner, se préparer mentalement. Cela veut dire également plus de jours loin de chez soi... Lorsque l'on participe à un tournoi, on ne se repose pas mentalement, et c'est là toute la difficulté : être au meilleur de sa forme et à 100 % durant deux semaines."
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Carlos Alcaraz et Jannik Sinner.
Crédit: Getty Images
La tournée américaine sur dur a également souffert de ce format. Après l'enchainement Roland-Garros – Wimbledon, au moment où les joueurs éprouvent le besoin de souffler, obliger les meilleurs à venir une semaine plus tôt en Amérique du Nord n'était pas une riche idée. Le Masters 1000 canadien a d'ailleurs pris de plein fouet une cascade de renoncements, à commencer par ceux de Jannik Sinner et Carlos Alcaraz. Paris n'est bien sûr pas à l'abri. Encore moins en cette fin de saison où tout le monde tire la langue et traîne souvent la patte. Avec le RPM, les ATP Finals et la Coupe Davis en l'espace de quatre semaines, tous devront faire des choix.
L'ATP, elle, se dit ravie de ce passage à 12 jours. Cet été, Andrea Gaudenzi, son patron, estimait que "le passage à un format de 12 jours a donné aux tournois le temps, la stabilité et la confiance nécessaires pour voir plus grand". D'autant que l'Italien en est persuadé, les joueurs finiront par arrêter de râler. Son argument ? L'argent : "Les revenus générés par ces améliorations sont directement reversés aux joueurs grâce à notre modèle de partage des bénéfices. C'est exactement le type d'investissement structurel à long terme dont le sport a besoin, et cela n'a été possible que grâce à l'élargissement du format."
Il n'y aura sans doute pas, à court-terme, de retour en arrière. Au contraire. Malgré tout, la concentration sur une semaine constitue pour l'heure plutôt une protection qu'un handicap pour Paris. Une sorte de contre-exemple presque salutaire même. Une respiration. Cela durera ce que ça durera, car le vent de l'histoire ne souffle pas en ce sens. D'ici là, autant profiter de ce petit air anachronique.
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