Masters 1000 Rome - Daniil Medvedev après sa victoire : "Qui aurait cru ça ?"

Pour comprendre à quel point ce titre-là n'est pas comme les autres pour Daniil Medvedev, il suffisait de voir sa réaction à l'issue de la balle de match. L'homme qui célèbre peu, voire pas du tout, même après quelques-uns de ses plus grands succès, est tombé à genoux sur la terre battue romaine. Une image à la Borg, plus qu'à la Medvedev. Mais ce trophée glané à Rome est un des plus importants de la carrière du Russe, l'homme qui, disait-on, disait-il lui-même, quitte à surjouer de temps à autre la détestation, était presque un bon à rien sur la brique pilée.

Après Stefanos Tsitsipas samedi soir, il a dompté dimanche en finale Holger Rune, sur un score identique au jeu près (7-5, 7-5). "Qui aurait cru ça ?", a-t-il interrogé dans un grand sourire en se tournant lors de la cérémonie protocolaire vers son entraîneur Gilles Cervara et son épouse. Pas lui, en tout cas. Il avait bien noté des progrès récents sur sa surface maudite, mais sans doute pas au point de s'imaginer en triomphateur romain juste avant de mettre le cap sur Roland-Garros.

"Je n'arrivais pas à bien jouer sur terre, rien ne marchait, a-t-il rappelé. Mais avant ce tournoi, ce n'était pas mauvais à Monte Carlo et Madrid. J'ai perdu contre des gars qui avaient mieux joué que moi, mais je trouve que je ne jouais pas si mal. Je veux toujours croire en moi, j'essaie toujours de faire de mon mieux et j'espère toujours gagner les plus grands tournois mais, dans le même temps, si on m'avait dit que dans ma carrière je remporterais un M1000..."

Au Foro Italico, Daniil Medvedev a toutefois affiché une constance et un niveau de jeu qu'on ne lui connaissait pas sur terre. Pourquoi ici et maintenant ? Il n'a pas forcément les réponses et ne veut surtout pas chercher à comprendre. "A Rome, je me suis senti incroyablement bien. Je l'ai dit très vite à mon coach, 'je ne sais pas ce qu'il se passe, je me sens super bien dans mon tennis'", a expliqué celui qui a décroché à cette occasion son tout premier titre sur terre battue. "J'ai joué quelques-uns des meilleurs joueurs du monde sur terre battue dans ce tournoi et je me suis prouvé à moi-même que je pouvais non seulement rivaliser avec eux, mais aussi les battre", a ajouté le Moscovite.

Cela change tout, à court et plus long terme. Sa cote monte forcément en flèche dans l'optique de Roland-Garros, où il sera placé tout en bas du tableau en tant que tête de série numéro 2. Quart de finaliste il y a deux ans, présent en huitièmes l'an passé alors qu'il n'avait quasiment pas joué de tout le printemps, il a déjà montré qu'il était capable de bien jouer porte d'Auteuil. Mais personne ne l'avait jamais considéré comme un candidat sérieux. Impossible de le mettre de côté désormais à l'heure d'établir la liste des prétendants.

Au-delà de ça, ce sont des perspectives pour la suite de sa carrière que Medvedev est en train de s'ouvrir. Jusqu'ici, il n'était "qu'un" cador sur dur au grand air ou en salle. Ajouter la terre battue à son arc ne peut lui faire que du bien et même si cela ne s'est pas encore traduit par les résultats, il a tout pour briller sur gazon, surface sur laquelle il a déjà remporté un titre (Majorque, 2021) et joué deux autres finales la saison dernière à S'Hertogenbosch et Halle. Nous ne sommes donc plus très loin d'un Medvedev tout-terrain.

Le Russe dispose désormais d'une base solide sur terre battue. Le début d'une vraie love story ? Doucement, quand même. "C'est sûr que j'aime beaucoup plus les courts en terre battue maintenant, rigole-t-il. On peut parler d'une histoire d'amitié, pas encore d'une histoire d'amour." Qui sait ? Ça, ce sera peut-être pour Roland-Garros...