ATP Shanghai - Hubert Hurkacz, terreur des finales et désormais candidat au Masters

Et si c'était lui l'invité-surprise à Turin du 12 au 19 novembre ? Hubert Hurkacz ne serait d'ailleurs pas un novice dans le tournoi des Maîtres qu'il a déjà disputé en 2021. Le voir y participer ne serait donc pas une sensation en soi, mais il semblait bien présomptueux il y a une dizaine de jours d'en faire un candidat. A Shanghai, il se présentait dans la peau du 17e joueur mondial, accusant 1 225 points de retard à la Race (classement depuis le 1er janvier) sur Holger Rune, 8e et en position de dernier qualifié virtuel. Lundi, il ne sera plus qu'à 335 longueurs du Danois en 11e position.

Carlos Alcaraz, Daniil Medvedev, Jannik Sinner ou encore Alexander Zverev : tels étaient les favoris sur la ligne de départ du Masters 1000 chinois. Ils étaient très peu à miser sur Hubert Hurkacz qui, par son côté introverti, donne presque l'impression de s'excuser d'être là. Mais cet air timide cache une confiance en soi certaine. "En abordant ces deux dernières semaines ici à Shanghai, je savais qu'il fallait que je me donne une chance de croire à Turin. J'avais besoin de gagner des tournois, donc c'est plutôt un bon début. Le plus important, c'est que nous voulons juste nous améliorer chaque jour. Nous faisons de notre mieux et ensuite on continue juste à se battre", a-t-il lâché en conférence de presse après son sacre chinois.

Le grand échalas polonais a beau ne pas briller par son charisme, il est un féroce compétiteur. Pour s'en convaincre, il suffit de jeter un coup d'œil à ses statistiques affolantes en finales. Sur 8 jouées sur le circuit ATP, il en a désormais gagné 7 soit 87,5 % de réussite, le meilleur parmi ceux qui en ont disputé au moins 5. A ce stade, il est donc très difficile à jouer, et dimanche, Andrey Rublev a compris pourquoi. Le Russe avait pourtant l'ascendant à l'échange à partir du deuxième set, mais cela n'a finalement pas suffi.

"C'était une sacrée bataille. Surtout émotionnellement. J'ai eu une balle de match et Andrey a frappé un service fantastique. Et puis, ça a été son tour dans le tie-break, puis j'ai eu d'autres balles de match. C'était un coup l'un, un coup l'autre et un match si délicat", a encore confié Hurkacz lors de son interview sur le court. Avant de rentrer davantage dans les détails devant les journalistes : "Andrey jouait vraiment du bon tennis, et je savais qu'il fallait que je sorte de grands coups. Donc j'essayais juste de rester à l'affût, de rivaliser autant que je le pouvais, de garder un dialogue intérieur positif avec moi-même et puis de croire en moi jusqu'à la fin. En fin de compte, c'est une finale, et vous allez juste tout donner."

Car son côté placide reflète aussi et surtout sa capacité à se concentrer de manière intense, à rester dans sa bulle. C'est seulement de cette manière qu'il a pu tirer le maximum de son arme principale : sa première balle de service. Hurkacz s'appuie évidemment à merveille sur sa taille (1,96 mètre), mais il faut savoir aussi maîtriser ses nerfs pour frapper 4 aces dans le tie-break décisif d'une finale dont un pour sauver une balle de match.

Alors que l'indoor européen s'annonce, ses qualités au service et son sang-froid pourraient bien lui permettre d'aller chercher in extremis son ticket pour Turin. Premier joueur en dehors du Top 10 à s'imposer à Shanghai, Hurkacz n'est plus très loin de réintégrer cette prestigieuse élite (11e lundi). Et si Roger Federer, qui a assisté aux premières loges à son triomphe, l'avait inspiré ?

"C'était vraiment sympa de jouer devant lui. J'espère qu'il a pris un petit peu de plaisir lui aussi", a conclu celui qui fut aussi le dernier bourreau du Suisse à Wimbledon en 2021. En homme de goût, le glorieux retraité appréciera sûrement le clin d'œil.