ATP 2013 - Rafael Nadal : Une saison vraiment pas comme les autres

Pouvait-il en être autrement ? Après une saison comme la sienne, Rafael Nadal ne pouvait pas manquer l'occasion de rester au sommet du classement ATP. Vu son parcours, il était même impensable que le trône lui échappe encore en cette fin de saison. En réalité, il n'y avait que Novak Djokovic pour y croire. Lui qui fut le numéro un mondial fin 2011 et fin 2012 avait encore une infime chance de le doubler sur le fil... à condition de tout rafler sur son passage et d'espérer un faux-pas espagnol. Autant pour la première partie, il pouvait se faire confiance ; autant pour la seconde, c'était loin d'être gagné...

David Ferrer a eu beau retarder l'échéance samedi en le battant en demi-finales du Masters 1000 de Paris-Bercy, Nadal n'a finalement pas tremblé pour conquérir ses derniers points nécessaires et confirmer mathématiquement que c'était bien lui le meilleur joueur de la saison. Après 2008 et 2010, le voici au plus haut en fin d'exercice pour la troisième fois de sa carrière, devançant Bjorn Borg, Lleyton Hewitt, Stefan Edberg ou encore... Novak Djokovic.

Si vous lui posez la question, l'Espagnol vous répondra que cette saison est la plus belle de sa carrière. Difficile de lui donner tort. Avec un bilan - provisoire - de 73 victoires en 79 matches, Nadal a connu l'une de ses années les plus prolifiques. Il n'a pas peur de la placer devant la saison 2008, première référence pour lui avec ses 82 victoires en 93 matches et son triplé historique Roland-Garros/Wimbledon/Jeux olympiques. Mais cette année 2013 est spéciale. C'est celle de la reconquête.

Blessé durant sept mois depuis Wimbledon 2012, le Majorquin a rongé son frein avant de revenir sur le circuit et lâcher les chevaux. "Il y a douze mois, j'étais chez moi et je ne pouvais même pas m'entraîner. Je cherchais des solutions pour mon genou et je ne voyais pas plus loin que le jour d'après. Imaginer terminer 2013 au sommet était alors inenvisageable", a résumé l'Espagnol avant de rappeler : "Des doutes, il y en a eu beaucoup", en faisant référence à son anxiété lors de sa rentrée un mois et demi après tout le monde.

Malgré la peur de se blesser de nouveau, Nadal a accompli un sprint incroyable. Début février, il avait 7520 points de retard sur Novak Djokovic. Avant la fin du Masters, le voici avec 1420 points d'avance sur le Serbe. Jusqu'à ce mercredi, l'Espagnol n'a que six défaites au compteur... comme l'année dernière finalement, sauf qu'il n'avait joué que 48 matches. Il a joué treize finales et a remporté dix titres. Certes, c'est un de moins que son record de 2005, mais avec deux titres majeurs et cinq Masters 1000, 2013 a été la plus prestigieuse sur le papier.

Le titre de numéro un mondial n'est que la reconnaissance supplémentaire d'une saison magnifique, qu'il n'a pourtant commencée qu'après l'Open d'Australie et où Wimbledon s'est réduit à un tour... Obsédé par son genou, il a opté pour la terre battue de Vina del Mar pour faire son retour. Il y a eu une défaite en finale face à Zeballos, mais la suite allait bluffer toute la planète tennis. Seulement battu par Novak Djokovic à Monte-Carlo, il a remporté sept des huit tournois suivants, ce qui lui a valu le prix "Comeback Player of the Year" (retour de l'année). "Mais d'un autre côté, j'avais un 0 à Miami, un 0 à l'Open d'Australie et encore un 0 à Wimbledon : ça fait beaucoup pour être n°1, a relativisé le Majorquin. Cela prouve l'effort réalisé et face à une concurrence incroyable."

"C'est amplement mérité", a pour sa part estimé Richard Gasquet. "C'est lui qui a joué le meilleur tennis cette année", s'est même laissé dire Novak Djokovic qui ne peut que s'incliner devant cette performance. Jamais un joueur n'avait réussi à reconquérir en fin de saison la place de numéro un mondial deux fois dans sa carrière et Nadal l'a fait. Si le Serbe se sera bien battu jusqu'au bout, la victoire de Nadal à l'US Open en septembre a annoncé un irrésistible changement de règne. Cela s'est effectivement réalisé le 7 octobre dernier après le tournoi de Pékin. Et Djokovic a eu beau réaliser une fin de saison parfaite, en alignant trois titres de suite pour la première fois depuis 2011, sa résistance semblait quasiment vaine.

"J'ai dit avant le tournoi que ce n'était pas vraiment un objectif. Mais après tous les titres que j'ai gagnés cette saison, et après tout ce que j'ai traversé l'année dernière, j'estime que je la mérite, cette place". Nadal peut jubiler, lui qui est ravi de pouvoir désormais se concentrer sur cette Masters Cup, dernier grand titre qui manque à son palmarès. Une dernière mission pour terminer en beauté une saison vraiment pas comme les autres.