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L'asile est moins fou

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 13/11/2011 à 01:17 GMT+1

Longtemps réputé pour ses excès en tous genres, le public du tournoi de Bercy s'est racheté une conduite depuis quelques années. Il s'est assagi. L'ambiance du POPB peut toujours être chaude, mais nous sommes tout de même loin des débordements des années 80 et 90.

2011 Bercy Public

Crédit: AFP

"Un asile. Un zoo." C'est en ces termes chaleureux que Boris Becker qualifia jadis le public de Bercy.  Triple vainqueur du tournoi (1986, 89, 92), l'Allemand savait gérer la foule du POPB. Mais il ne l'aimait pas pour autant. "Je peux vous dire que tous les ans, quand je quittais ce tournoi, j'étais à la limite de me faire hospitaliser, a-t-il confié un jour. En plein échange, les gens bougeaient constamment. Ils criaient, riaient, se levaient." Pour Becker comme pour d'autres, jouer à Bercy a il est vrai parfois relevé du calvaire sur le plan nerveux.
Le côté agité du public du POPB a pourtant contribué à donner au tournoi son identité propre, face au géant du tennis parisien, Roland-Garros. Difficile de faire plus contrasté que ces deux foules. Indisciplinée, très turbulente, parfois irrespectueuse, celle de Bercy s'est autorisée par le passé des choses impossibles à imaginer de l'autre côté de la capitale, où le public a toujours été plus connaisseur. Si les joueurs apprécient souvent les grosses ambiances, les limites du raisonnable ont trop souvent été franchies dans l'est parisien. On se souvient des petits avions en papier, au début des années 90. Marrant, pendant cinq minutes. Puis franchement insupportables, quand ils ont commencé à voler par dizaines sur le central. Parmi les agitateurs figurait notamment un certain Michael Llodra, alors gamin. "Le but, c'était que ton avion arrive en plein milieu du court", rigole le gaucher tricolore.
"Assez bon enfant"
Mais il y a eu bien pire que ces drôles de volatiles. Du lynchage en place public d'Henri Leconte en 1988 au bras d'honneur d'un Cédric Pioline exaspéré en 1996, du laser rouge dans les yeux de Rafter aux "tu loupes" hurlés en plein échange, les débordements n'ont pas manqué. Capable d'une grande ferveur mais aussi d'une agressivité malsaine, ce public là pouvait peser comme aucun autre sur les débats. Le plus étrange, c'est qu'il s'en est souvent pris aux siens, à l'image de Leconte et Pioline. Il vaut toujours mieux avoir le public avec soi que contre soi. Mais à Bercy, c'était sans doute encore plus vrai qu'ailleurs. Quand il vous avait dans le nez, vous pouviez vraiment passer un sale quart d'heure.
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1996 Bercy Cedric Pioline

Crédit: AFP

Si l'emploi du passé est nécessaire, c'est que le zoo a renoué avec un certain calme ces dernières années. Il règne toujours une ambiance un peu différente à Bercy. On continue ainsi d'y voir, ou d'y entendre des choses que Roland ne tolérerait pas. Comme ces quelques sifflets à l'encontre de Roger Federer, l'an dernier, lors de sa demi-finale face à Monfils. Jamais le Suisse n'avait été traité de la sorte porte d'Auteuil, même contre des joueurs français. Rien de très méchant, mais significatif quand même. Reste qu'il s'agit là d'une peccadille à l'échelle du tournoi. Globalement, le public de novembre s'est considérablement assagi. "Je n'y ai jamais ressenti la moindre agressivité, témoigne Julien Benneteau. C'est même assez souvent bon enfant." Bon enfant? Voilà bien une expression que personne n'aurait employée pour définir ce public voilà 15 ou 20 ans.
Même Isner a adoré
Le public a changé en même temps que le tournoi. Il a vieilli, aussi, notamment parce que Bercy ne se dispute plus systématiquement pendant les vacances de la Toussaint, ce qui a longtemps été le cas. Les mauvaises langues diront qu'il est devenu un public de "bobos", moins populaire qu'à ses débuts. Plus proche de celui de Roland-Garros. Mais pour Jo-Wilfried Tsonga, il garde sa personnalité. "C'est quand même très différent de Roland-Garros. Le côté indoor et sombre donne une atmosphère à part. Unique, même. C'est même différent des autres tournois indoor. Il y a une ambiance spécifique à Bercy je trouve." Et le Manceau aime ça. Il est tout de suite tombé amoureux du POPB et de son public. "C'est une question de goût, de feeling. Moi, j'adore."
John Isner aussi. Pas franchement soutenu samedi lors de son match contre Tsonga, l'Américain a trouvé l'ambiance fabuleuse. "C'était incroyable, a-t-il confié. Bien sûr que le public était en grande partie contre moi, mais pas de manière désagréable. Ils ont été très respectueux. L'ambiance était géniale. C'est pour cela que je joue au tennis pour arriver à vivre des moments comme celui-là. Je trouve que c'était très amusant." Tsonga, lui, résume tout ça d'une formule: "C'est un des meilleurs publics du monde." Becker n'en croirait pas ses oreilles.
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