Llodra, l'indispensable

Un jeu "atypique", un classement individuel qui n'a jamais aussi bon et l'expérience de 15 victoires en Coupe Davis... Michaël Llodra a tout en main pour être le patron de cette équipe de France. En l'absence de Tsonga, c'est bien le Parisien qui a repris le flambeau de la tête et des épaules pour mener les Bleus jusqu'en demi-finales face à l'Espagne. Guy Forget ne s'y est pas trompé en l'alignant aussi en simple qu'en double à Clermont-Ferrand. Pour mieux réitérer cette expérience bienheureuse à Lyon au moment de franchir l'obstacle argentin. "Je me suis prouvé à moi-même que j’étais capable de battre de très bons joueurs, même en Coupe Davis et même en simple, reconnaît Llodra en faisant référence à sa victoire révélatrice sur Fernando Verdasco, alors 10e mondial, en quarts de finale. Cette semaine, pour la petite histoire, c’est la première fois de ma carrière que j’ai un meilleur classement en simple (30e) qu’en double (32e) !"

A bien regarder l'équipe, "Mika" apparaît comme celui sur qui la pression a le moins d'effets. Cela ne déplaira pas à Gaël Monfils, N.1 de l'équipe avec son 15e rang mondial et bien content de trouver à ses côtés un coéquipier pour l'aider à porter "le maillot de l'équipe de France bien lourd à porter". Trop sûr de lui, le Français ? "Je sais que j’ai une belle responsabilité.(...) Clermont n’a pas changé grand-chose. Cela m’a ouvert les yeux et cela m’a fait prendre conscience qu’on pouvait faire appel à moi, en simple comme en double. Guy Forget m’a fait confiance pour m’aligner dès le vendredi. J’ai de bonnes sensations sur cette surface, j’ai plutôt bien joué ces derniers temps. Tous les facteurs semblent réunis pour faire un bon match face à Juan Monaco." Il est vrai que le dernier US Open a encore été révélateur du talent de l'un des derniers serveurs-volleyeurs du circuit ATP. Tomas Berdych, finaliste à Wimbledon, en sait quelque chose, le Tchèque 7e mondial ayant été battu en trois sets au 1er tour de Flushing Meadows.

Après Verdasco, cette victoire-là a terminé de rassurer ce trentenaire sur ses capacités d'attaquant hors-pair. "Je n'avais d'ailleurs jamais encore passé deux tours en Grand Chelem sans me faire breaker et sans perdre un set", analysait-il après sa victoire sur Victor Hanescu au 2e tour à l'US Open. Je pense être le seul à faire service-volée 95% du temps. Et en plus, le fait d'être gaucher pose plus de problèmes à mes d'adversaires." Si la surface du court dur du Palais des Sports de Gerland ne sera pas du ciment mais de la résine sur bois, cela ne sera pas un problème pour lui. "Sur ce genre de surface, je sais que j'ai le jeu pour poser des problèmes à Juan Monaco. Je l’ai battu l’année dernière au tournoi de Lyon justement. Maintenant, un match de Coupe Davis est différent des matches classiques sur le circuit." L'Argentin reste notamment sur une victoire en cinq sets face au Français cette année, au 2e tour de l'Open d'Australie.

Si tout va bien dans la tête, la seule interrogation vient de son pied gauche. Sur ce point, le Français reste assez évasif. Souffrant de la voûte plantaire pendant l'US Open, le Parisien a été contraint à l'abandon face à Tommy Robredo au 3e tour à New York. Souffrant de vertiges et de maux de tête en partie dus à une prise trop importante d'anti-inflammatoires pour atténuer la douleur, Llodra a quitté New York avec des inquiétudes. "On a fait des examens pour savoir ce qu'il en était avec Bernard (Montalvan, docteur de la FFT, NDLR), il les a conservés, plaisantait-il jeudi en conférence de presse. Rien à signaler.(...) Après quelques jours passés à la maison, cela m'a fait le plus grand bien. Retrouver le cocon familial et les enfants, cela booste assez rapidement après de longues tournées.Je me sens plutôt bien. J'ai toutes mes capacités pour jouer les 3 jours." Tout laisse à penser que si Forget l'aligne, c'est que la santé de mon joueur essentiel est à son beau fixe... Car la perte de Llodra ce week-end réduirait beaucoup les chances de qualification pour une finale qui se fait attendre depuis huit ans.