Llodra sert le point

COUPE DAVIS - DEMI-FINALES

. FRANCE - ARGENTINE : 1-0
(Lyon - Dur indoor)

Michaël Llodra (FRA) bat Juan Monaco (ARG) 7-5, 4-6, 7-5, 6-3 en 3h21

Passée l'euphorie de la brillante victoire sur l'Espagne à Clermont-Ferrand (5-0), le temps est à la "reconcentration". Le public français à Gerland a pu constater l'ampleur de la tâche dès le premier match entre la France et l'Argentine, la qualification pour la finale sera loin d'être une évidence. L'équipe de France, aussi excitée que tendue, a débuté par une victoire. Et comme attendu, Michaël Llodra a apporté le premier point des Bleus face à Juan Monaco, mais au terme dans une partie qui fut loin d'être une partie de plaisir.

Le service a été une donnée importante de la rencontre. Peinant à servir régulièrement des premières balles sur la résine lyonnaise (60% sur le match), Llodra a eu toutes les peines à suivre ses attaques à la volée. Au final, le Français a dû s'adapter : peu de points gagnants en seulement deux coups de raquette, mais beaucoup d'échanges de fond de court. L'Argentin n'a pas été présent qu'à l'échange : au service aussi, il a réalisé une partie accomplie avec 73% de premières balles que le Français ne parvenait pas à attaquer comme il le voulait. Mais c'est bien "Mika" qui a pris le jeu à son compte (46 coups gagnants, contre 31) en variant son jeu suffisamment pour prendre le meilleur sur son adversaire. Et montrer à Guy Forget qu'il avait raison d'avoir confiance en lui.

Sous le regard inquiet de ses partenaires, Llodra a pourtant mis du temps à entrer dans le match. Ses services-volées si prisés n'ont pas eu l'effet escompté, la faute à la qualité de relance de son adversaire. Cela a déstabilisé le 30e mondial pendant les six premiers jeux du match, notamment à la volée et surtout derrière ses secondes balles. Avec seulement 37% de premières balles (contre 81% pour Monaco) en tout début de partie, l'affaire semblait mal embarquée. Avec un break d'avance, l'Argentin craquait pourtant sous la pression en permettant d'abord à son adversaire de revenir dans le match à 3-4, sur une double faute sur la 2e balle de break du Français, puis d'empocher la première manche après 54 minutes de jeu.

"Il y avait beaucoup de tension en début de match, a reconnu Llodra après le match. Je jouais tellement bien cette semaine à l'entraînement, que je me doutais bien qu'à un moment, il y a quelque chose qui allait coincer ou que j'allais moins bien me sentir en raison du stress, de la chaleur...Dès le début, je n'avais de super sensations, notamment au service. Il a fallu attendre le deuxième set pour que je fasse mon premier ace, ce qui est rare sur cette surface. J'ai eu un gros moment de flottement dans le 2e set, et il a fallu attendre le milieu du 3e set pour que je sente plus relâché."

Au fur et à mesure, l'atmosphère devenait aussi bouillante que la température à l'intérieur du Palais des Sports qui, pour l'anecdote, n'est pas climatisé à l'inverse du lieu de rencontre des quarts de finale disputés à Clermont. Que ce soit dans le public, sur les bancs ou sur le court, la tension était palpable. Et chaque erreur, payée cash. Le Français n'était pas avare en fautes directes (44 pour Llodra contre 17 sur l'ensemble du match !), mais son opportunisme à prendre plus de risques à l'échange que son adversaire a permis de faire basculer la rencontre. On craignait pourtant le pire quand Monaco enlevait le 2e manche (4-6) et quand le Français manquait deux balles de 3e manche à 5-4 sur le service de son adversaire, avant de se tordre le genou en manquant une volée... Il a fallu attendre la 5e balle de set pour que le Français reprenne des couleurs. Et ne termine de rassurer le camp français. La perte du 3e set a été le coup fatal pour l'Argentin qui l'a reconnu en conférence de presse.

"J'ai eu le mérite de ne pas m'affoler, termine Llodra. Je savais que si je gardais le cap, j'allais m'en sortir. Je n'ai pas fait un grand match, mais ma détermination a fait la différence. Je suis resté calme quand cela se passait mal pour moi. Je ne m'attendais pas à entendre les Argentins pousser à ce point-là.Mon regret sur cette partie est finalement d'avoir trop fait jouer l'Argentin, au lieu de l'attaquer sur sa seconde balle. Le reste importe peu. C'est vrai que j'ai mal dormi, je n'ai pas joué un grand match, mais ce que je retiens surtout, c'est que j'ai réussi à gagner ce premier point, pas crucial, mais important pour nous."