Au-delà de la nervosité

Comme prévu, la demi-finale de Coupe Davis n'est plus très loin. Mais comme prévu, ce ne fut pas si facile. Gaël Monfils et Richard Gasquet goûtaient de nouveau à cette compétition après quelque temps d'absence, non sans appréhension. Car les deux Français ont déjà vécu ces désillusions qui gâchent un début de week-end comme celui-là. "Le classement, c’est une chose, mais une fois sur le terrain, cela ne veut plus rien dire, commentait Forget à juste titre. Ces joueurs allemands ont beaucoup de talent. Il va falloir leur montrer que l’on est mieux classés qu’eux et leur prouver que l’on mérite ces victoires." Non sans difficulté, les 7e et 11e mondiaux ont finalement tenu leur rang face aux 42e et 20e à l'ATP, signant un cap encourageant pour la suite de la compétition. Et ont su montrer à Forget qu'il pouvait compter sur eux à l'heure où les places de titulaires sont de plus en plus chères.

Déjà favorite avant la rencontre, la France est dans une situation idéale. Les statistiques lui donnent plus de 98% de chances de s'imposer. Dans son histoire, elle a perdu seulement deux rencontres de Coupe Davis après avoir mené 2 à 0: en 1946 face à la Yougoslavie, et en 1956 contre l'Italie. Le double composé de Michaël Llodra et Jo-Wilfried Tsonga, opposé à la paire Philipp Petzschner et Christopher Kas, ont ainsi l'occasion rêvée d'apporter le point décisif dès samedi. Il est difficile d'imaginer les Allemands, qui ont montré leurs limites mentales et physiques vendredi, en particulier leur N.1 Florian Mayer, revenir d'une situation si mal engagée. Pourtant, les Bleus étaient dans une situation similaire en Autriche lors du 1er tour, avant la Wunderteam ne recolle à deux victoires partout.

Llodra et Tsonga ont beau former une paire inexpérimentée, le capitaine tricolore ne s'en fait pas pour autant. "Le double, je le vois bien", persiste Forget visiblement confiant. "C'est plus simple pour nous que pour eux qui sont au pied du mur. Nos adversaires seront redoutables, comme ils l'ont été aujourd'hui. Mais j'ai confiance dans ce double. Je ne vous cache pas que j’attends beaucoup de cette composition parce qu’il n’y a pas forcément beaucoup d’automatismes, mais il y a du talent, de l’envie. Mais je pense que les adversaires seront redoutables comme ils l’ont été dans les deux premiers simples." "C'est l'envie de bien faire qui me crispait au début du match", a souligné Gasquet. "L'ambiance de la Coupe Davis est différente. J'avais perdu un peu l'habitude. Mentalement, c'est difficile car tu as envie d'être digne de l'équipe."

"Ce n'est jamais facile de jouer ce genre de rencontre", a confirmé Monfils. "C'est toujours l'enfer d'aborder un match comme ça.Mais Guy était toujours là pour me rappeler les choses simples. C'est ce qui est bien en Coupe Davis, il y a toujours un échange." Le capitaine des Bleus a été une aide précieuse pour canaliser les énergies de Monfils et Gasquet, en proie à la nervosité tout au long de leur match. En cas de coup de stress, Guy Forget aura sans doute les mots pour calmer l'anxiété de Llodra, qui joue gros sur cette partie. "C’est un match important pour Mika, mais pas plus que pour Jo-Wilfried Tsonga. Quand on endosse le survêtement de l’équipe de France, on a des devoirs et une responsabilité. Comme le disait Gaël en conférence de presse, parfois le maillot de l’équipe de France est lourd à porter.Maintenant, la défaite fait partie du sport. On doit pouvoir l’accepter." Si elle devait arriver, celle de samedi serait quand même avalée de travers. Car un dimanche sans pression n'a pas de prix.