Harrison, ce guerrier

"J'étais un peu surpris de voir Harrison sélectionné." Pour Guy Forget, Ryan Harrison est encore un point d'interrogation. Le 66e joueur mondial remplace Mardy Fish, forfait, pour le quart de finale de Coupe Davis qui se tiendra ce week-end entre la France et les États-Unis à Monte-Carlo. Le capitaine des Bleus, lui, s'attendait plus à ce que "Querrey, voire Roddick" débarquent dans le sud de la France. "Mais si Harrison est là, c'est qu'il a présenté des garanties à Jim (NDLR : Courier, le capitaine américain)", ajoute-t-il.

L'intéressé était en train de jouer au golf quand il a appris sa sélection. "Mais j'avais déjà débuté ma préparation sur terre battue pour le tournoi de Houston", précise-t-il. C'est justement parce qu'il est l'un des rares Américains à être à l'aise sur la surface ocre qu'il a convaincu Jim Courier, lui même grand adepte de terre battue du temps où il était joueur (il a remporté deux fois Roland-Garros en 1991 et 1992).

"J'ai grandi sur terre battue américaine. En Louisiane, là où j'ai passé mon enfance, il y avait douze courts en terre battue alors je connais bien cette surface", détaille Ryan Harrison. Le droitier de 19 ans n'a participé qu'à un seul Roland-Garros, en 2011, où il avait eu la malchance de tomber sur Robin Söderling dès le premier tour. Malgré sa défaite, il avait tout de même donné du fil à retordre au Suédois, vainqueur en quatre sets (6-1, 6-7, 6-3, 7-5) avant d'être stoppé en quarts de finale par Rafael Nadal.

Aux États-Unis, la terre battue n'est pas la même qu'à Paris ou qu'à Monte-Carlo et il s'en amuse. "Il y a bien sûr des différences entre notre terre battue verte et la terre en Europe, et pas seulement au niveau de la couleur", rigole-t-il d'abord. Mais il connaît bien son sujet : "La terre rouge est plus épaisse et varie moins selon les conditions de jeu. Elle est généralement mieux entretenue que chez nous aussi." Et de prévenir : "J'aime cette surface, j'aime y glisser et elle se marie bien avec mon jeu."

"Il faut qu'on se tienne prêt quel que soit l'adversaire", demande en tout cas Guy Forget. L'Américain représente moins une énigme pour Mickaël Llodra que pour son capitaine, puisqu'il a croisé sa route à deux reprises. Une fois au Masters de Miami en 2010 (victoire du Français 6-2, 6-2), et une autre au cours d'un match double d'exhibition à Adelaïde début 2011 (Leconte-Llodra contre McEnroe-Harrison). "C'est un guerrier sur le court, décrit le Parisien. Il est très américain : un bon service, un bon coup droit et costaud en fond de court." Avec un point faible : sa nervosité. "Mais je pense qu'il va progresser sur ce point-là."

Jo-Wilfried Tsonga redoute aussi une éventuelle surprise. "C'est un très jeune joueur mais il est en pleine progression, assure-t-il. Il faudra s'en méfier. Ça sera difficile quoi qu'il arrive." Ryan Harrison a d'ailleurs "hâte de jouer" contre le Manceau. "Un grand joueur", dit l'Américain, qui avoue être "très excité". "Ce sera une superbe expérience. Je suis prêt à jouer mes premiers matches à enjeu en Coupe Davis." Le natif de Shreveport, récemment battu en deux temps par Roger Federer (6-2, 7-6) au 2e tour du Masters de Miami, a beaucoup plus à gagner qu'à perdre et compte faire parler de lui. "On ne connaît pas encore véritablement le potentiel de Ryan et il faudra faire attention à lui, s'inquiète Guy Forget. S'il gagne un tournoi du Grand Chelem d'ici la fin de l'année, ça nous fera une belle jambe de dire 'Ah oui, on l'a découvert contre les Français en Coupe Davis' !"